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DERBÉ — DÉSERT


voyage, saint Paul passa de nouveau par le même endroit pour affermir la foi des fidèles. Act., xvi, 1. — Le site de Derbé n’a pas été jusqu’iei déterminé d’une manière sûre. Strabon, XII, I, .4 ; VI, 3, la place aux confins de l’Isaurie et de la Cappadoce. Elle fit partie du royaume d’Amyntas, dernier roi de Galatie, qui s’en empara sur un célèbre chef de brigands nommé Antipater, dont elle était la principale forteresse. Strabon, ibid. ; Dion Cassius, xlix, 32. Elle fit ensuite partie de la province de Galatie. Dion Cassius, lui, 26. Ptolémée, v, 6, la place avec Laranda dans un district qu’il appelle Antiochana, du nom d’Antioche de Pisidie, et qui comprenait la région située entre la Lycaonie et la Tyanitide. "W. Leake, Journal of a tour in Asia Minor, in-8°, Londres, 1824, p. 101, conclut de là que cette ville était placée dans la grande plaine lycaonienne, non loin du Taurus de Cilicie, sur le versant cappadocien de Laranda, à un endroit où se trouve un monticule appelé « les mille et une églises ». Hamilton, Researches in Asia Minor, in-8°, Londres, 1842, t. ii, p. 313, pense que Derbé occupait l’emplacement appelé aujourd’hui Divlé, au sud du lac Ak-Gieul. M. J. R. Stilington-Sterret, The Wolfe expédition in Asia Minor, in-8°, Boston, 1888, p. 23, place Derbé entre les villages de Bossola et de Zosta, distants l’un de l’autre de trois kilomètres environ. Les ruines de ces villages lui paraissent être celles d’une même cité ancienne. M. B.amsay, visitant la même région, en 1890, a reconnu que Bossola n’était qu’une station seljoucide, et que les ruines de Zosta sont des pierres transportées d’ailleurs. D’après lui, le seul site qui puisse correspondre à celui de l’ancienne Derbé est Gudelissin, situé à quatre kilomètres et demi à l’ouest-nord-ouest de Zosta. M. Sterret avait déjà remarqué ce monticule, qui ressemble aux tells assyriens, et où l’on trouve de nombreuses traces d’une ville ancienne ; mais il avait cru à tort y voir des ruines chrétiennes. W. Ramsay, The Church and the Roman empire before 170, 3e édit., in-8°, Londres, 1894, p. 54-56.

E. Beurlier.

    1. DERCON##

DERCON (hébreu : Dqrkôn ; Septante : Aapxwv), chef de Nathinéens, I Esdr., ii, 56 ; le même personnage que la Vulgate appelle plus justement Darcon. II Esdr., vu, 58. Voir Darcon.

DÉSERT. Ce nom traduit dans la Vulgate quatre mots hébreux, qui, avec un sens général commun, offrent des particularités différentes, mais dont aucun ne répond à l’idée, que nous représente ordinairement le terme français. Le « désert » évoque à nos yeux l’aspect de vastes plaines déroulant leurs champs arides de sables jaunes ou de pierres grisâtres, sans eau, sans verdure, sans arbres, sans l’ombre d’un être humain, sinon celle du voyageur qui les traverse rapidement. Tels le Sahara ou les déserts africains dont on aperçoit, du haut des Pyramides, les régions désolées. Ce sont des pays non seulement inhabités, mais encore inhabitables. L’Écriture ne connaît aucune de ces contrées, et la péninsule du Siuaï elle-même, où le peuple de Dieu erra pendant quarante ans, est loin d’avoir cette physionomie. Dans sa généralité, le désert biblique est une terre plus ou moins inculte, peu ou point habitée, plus ou moins désolée, vaste ou peu étendue ; c’est le « steppe » ou la « lande », plutôt que la région des sables ou des cailloux.

I. Les noms du désert dans la Bible. — Voici, avec leur signification propre, les quatre termes qui le désignent dans nos Saints Livres.

1° Midbâr, iaiD. C’est le mot usuel, le plus fréquemment employé pour désert. Les Septante le rendent toujours par è’pTiiio ;  ; la Vulgate le traduit le plus souvent par desertum, plusieurs fois par solitudo, dans quelques passages seulement par eremus. Il vient de la racine dâbar, « mener » [pattre], comme l’allemand Trift, « pacage, » vient de treiben, « conduire » [le bétail]. Cf. Gese nius, Thésaurus, p. 318. L’étymologie en indique donc bien le sens. Il désigne une région non cultivée, mai » apte à nourrir le menu bétail, brebis, chèvres, etc., comme celle où nous voyons Moïse avec les troupeaux de Jéthro, son beau - père. Exod., iii, 1. Loin d’être un terrain absolument stérile, le midbâr revêt parfois, surtout après les pluies printanières, la brillante parure d’une végétation que les prophètes et les poètes sacrés appellent « les beautés », c’est-à-dire « les oasis du désert », speciosa deserti, hébreu : ne’ôt midbâr. Ps. lxiv (hébreu, lxv), 13 ; Jer., ix, 10 ; xxiii, 10 ; Joël, i, 19 ; ii, 22. Mais à côté des bruyères ou de maigres arbustes, Jer., xvii, 6 ; xlviii, 6, on y voit aussi les épines et les ronces, Jud., viii, 7, 16, ainsi que le bois desséché. Num., xv, 32 ; Eccli., VI, 3. Si les cours d’eau n’y fécondent pas le sol, Is., xxxv, 1, 6 ; xliii, 20, on y rencontre de temps en temps des sources rafraîchissantes, Gen., xvi, 7, et les hommes ont eu soin d’y creuser des citernes pour y recevoir la pluie du ciel. Gen., xxxvii, 22 ; II Par., xxvi, 10. Tantôt il est inhabité, Job, xxxviii, 26 ; tantôt il n’est occupé que par l’Arabe nomade et pillard, Jer., iii, 2 ; ix, 26, terreur du moissonneur paisible, Thren., v, 29 ; mais il possède aussi des villes, Is., xlii, 11, comme celles que Josué, xv, 61, mentionne dans le désert de Juda. C’est en même temps la demeure des bêtes sauvages : lions, Eccli., xiii, 23 ; onagres, Job, xxiv, 5 ; Jer., ii, 21 ; Eccli., xiii, 23 ; serpents et scorpions, Deut., viii, 15, ou de certains oiseaux, comme le pélican, Ps. ci (hébreu, eu), 7, et l’autruche. Thren., iv, 3. C’est du désert enfin que vient le vent brûlant. Ose., xiii, 15. Tels sont les principaux traits qui, dans la Bible, caractérisent le désert. — Avec l’article, ham-midbâr désigne un désert particulier, déterminé par le contexte, ou le plus souvent le désert du Sinaï, témoin de tant de merveilles, par exemple, Ps. xciv (hébreu, xcv), 9 ; evi (cvii), 4, etc.

En somme, le midbâr biblique est opposé au terrain cultivé, aux jardins fertiles, par exemple, comme on le voit d’après Isaïe, xxxii, 15. C’est une région plus ou moins vaste, dont l’aspect, comparé à celui des champs ensemencés ou des plaines bien arrosées, est celui de la stérilité. Si ce n’est pas uniquement une nappe uniforme de sable, cependant tout ce qui constitue le charme des pays habités par l’homme, l’eau abondante, une luxuriante végétation, les cultures variées, les villes et leurs monuments, y fait défaut. Tantôt ce sont, comme dans la pénin r suie sinaïtique, des vallées plus ou moins arides, resserrées entre de hautes montagnes et des pics dénudés. Tantôt, comme vers Bersabée, à la limite du désert, le terrain se compose de blocs brisés d’un calcaire crétacé gris jaunâtre, entre lesquels poussent de maigres chênes, épineux et des arbousiers. Les villages disparaissent peu à peu, et l’on ne voit plus que des plaines ondulées, des graviers et des rocailles, qui se continuent au sud par le Bâdiet et-Tih (désert de l’Égarement). Tantôt enfin, comme dans le désert de Juda, c’est une chaîne de collines, déchiquetée par des ouadis presque toujours desséchés, dont le lit est rempli de cailloux : ce ne sont que ravins et grottes sauvages qui servent d’asile aux chacals et aux pigeons, rochers escarpés escaladés par d’agiles bouquetins. Cependant, sur les parois de ces rochers, on trouve souvent de gracieuses gerbes de fleurs qui se cachent dans une anfractuosité, des arbustes où les oiseaux font leurs nids. Pendant la plus grande partie de l’année, dans ces régions brûlées, le sol semble mort ; mais, vienne la pluie, la vie apparaît soudain. Le fond des vallées surtout s’enrichit d’une végétation qui, bien qu’assez maigre, nourrit néanmoins de nombreux troupeaux de chèvres et de moutons, les chameaux et les ânes. Si l’eau est raredans le désert par excellence, celui du Sinaï, les sources sont cependant assez nombreuses dans la région granitique, et spécialement dans le voisinage du Djebel Mouça. La plus grande et plus belle oasis est celle de Feiran, qui s’étend, pendant une heure et demie de marche environ »