Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/723

Cette page n’a pas encore été corrigée
1381
1382
DENIER — DENT


Histoire de la monnaie, t. ii, p. 67. Depuis la réforme de 217, la monnaie d’argent fut la monnaie courante, et le cuivre ne servit plus que d’appoint. Sur le revers, on omit souvent la légende ROMA ; la Victoire fut souvent remplacée par d’autres divinités ; enfin on vit apparaître des quadriges portant Jupiter ou d’autres dieux. Aussi les deniers prirent-ils dans le langage populaire le nom de quadrigali. Tite Live, xxii, 52, Pline, H. N., xxxiii, m, 46. En 91 avant J.-C, M. Livius Drusus fit passer une loi qui permettait d’émettre un denier fourré sur huit. Pline, H. N., xxxiii, iii, 46. La quantité de monnaie fausse ne fit que s’accroître à partir de cette époque. En 84, le préteur M. Marius Gratidianus retira les pièces fourrées de la circulation, Cicéron, De offic, III, xx, 80 ; Pline, H. N., xxxiii, ix, 132 ; mais Scylla rétablit le cours forcé de cette monnaie. Digest., V, xxv, 1. Sous l’empire il fut également défendu de vérifier la valeur des pièces. Arrien, Epict., iii, 1. On continua, en effet, à frapper des deniers sous l’empire. Ces monnaies portent au droit l’image de l’empereur et son nom, au revers soit la Victoire ou une autre divinité sur un quadrige et l’inscription S(enqtus) P(opulus) Q{ue) R(omanus), soit d’autres types et d’autres légendes, variées à l’infini. Néron réduisit le denier au poids de la quatre-vingt-seizième partie de la livre, soit 39 r, 41, et sous ses successeurs l’alliage de cuivre alla toujours en augmentant. Mommsen, Histoire de la monnaie, t. iii, p. 29. À l’époque républicaine, la monnaie, était frappée sous la surveillance des très viri monetales. Suétone, Csesar., 41. Les questeurs étaient chargés dé surveiller cette opération. Mommsen, Histoire de la monnaie, t. ii, p. 41-54. Sous l’empire, la frappe de la monnaie d’argent et d’or, fut réservée à l’empereur et placée sous la direction d’un procurateur. Mommsen, Histoire de la monnaie, t. iii, p. 14, n. 1.

E. Belrlier.

DÉNOMBREMENT. Voir Nombre, VI, t. iv, col. 1684, 4687.

E. Beurlier.

DENT (hébreu : Sên, de Sânan, « aiguiser, » et ëinnayim, la double rangée de dents ; metalle’ôt, Job, xxix, 17 ; Prov., xxx, 14 ; Joël, i, 6, et malfâ’ôt, Job, iv, 10 ; Ps. lvhi, 7, avec transposition de lettres, de fâla’, « mordre, » mots employés dans les passages poétiques ; rèsén, mâchoire, mandibule du crocodile, Job, xli, 5 ; tohânôf, les molaires, de tâhan, « moudre, » Eccle., xii, 3 ; Septante : ôJoùc, jiOXoci ; Vulgate : dens’, mola, molares), chacun des petits os émaillés qui sont implantés dans la mâchoire de l’homme et de certains animaux, et servent à la mastication des aliments, quelquefois à l’attaque ou à la défense, etc.

I. Les dents au sens propre. — 1° La Bible parle des dents des animaux, surtout des bêtes féroces, Deut., xxxii, 24 ; Eccli., xxxix, 36 ; Dan., vii, 5, 7 ; du lion, Ps. lvii (lvhi), 7 ; Joël, i, 6 ; Eccli., xxi, 3 ; Apoc, ix, 8 ; du lionceau, Job, iv, 10 ; du crocodile, Job, xli, 5 ; des monstres. Sap., xvi, 10. Sur les dents de l’éléphant, voir Ivoire. — 2° Elle rappelle différents détails sur les dents de l’homme. Ces dents sont blanches comme le lait. Gen., xlix, 12 ; comme des troupeaux de brebis. Cant., iv, 2 ; vi, 5. Elles servent à mâcher la viande, Num., xi, 33 ; mais le vinaigre, Prov., x, 26, et les fruits trop verts les agacent. Jer., xxxi, 29, 30. Parfois elles se gâtent. Prov., xxv, 19. Dans la vieillesse, elles cessent leur travail, parce que leur nombre et leur force ont diminué. Eccle., xii, 3. D’après la Vulgale, Deut., xxxiv, 7, les dents de Moïse n’étaient pas ébranlées quand il mourut à cent vingt ans. On lit dans l’hébreu : lô’-nâs lêfyoh : « sa vigueur n’avait pas disparu. » Au lieu de lêah, « vigueur, » de làfyah, être vert et vigoureux, les versions ont lu leJii, « mâchoire, » Septante : ^sXtJvta. — Dans les cas où l’on faisait appel à la violence pour attaquer ou se défendre, il arrivait qu’on brisait les dents de l’adversaire. Ps. iii, 8. Celui qui brisait ainsi une dent à son esclave était obligé

de le renvoyer en liberté. Exod., xxi, 27. — Grincer des dents est un signe de maladie nerveuse, Marc, îx, 17 ; de fureur, de rage ou de désespoir. Ps. xxxiv (xxxv), 16 ; cxi (cxii), 10 ; Job, xvi, 20 ; Lam., ii, 16 ; Act., vii, 54. C’est pourquoi Notre -Seigneur parle du grincement de dents comme accompagnant le supplice des damnés. Matth., viii, 12 ; xiii, 42, 50 ; xxii, 13 ; xxiv, 51 ; xxv, 30 ; Luc, xiii, 28.

II. Les dents a.u sens figuré. — 1° La formule « dent pour dent » est une de celles qui sont employées pour rappeler la loi du talion, en vertu de laquelle un coupable subit la peine qu’il a infligée au prochain. Exod., xxr, 24 ; Lev., xxiv, 20 ; Deut., xix, 21 ; Matth., v, 38. — 2° Les dents qui mordent ou déchirent désignent métaphoriquement la malice des calomniateurs et des persécuteurs. Job, xxix, 17 ; Ps. iii, 8 ; lvi (lvii), 5 ; cxxm (cxxiv), 6 ; Prov., xxx, 14 ; Mich., iii, 5. — 3° L’agacement des dents marque le chagrin et l’ennui. Eccli., xxx, 10. Jérémie, xxxi, 29, 30, et Ézéchiel, xviii, 2, emploient l’expression proverbiale : « Les pères mangent des raisins verts, et les fils ont les dents agacées, » pour rappeler que les fils ont parfois à porter la peine des crimes de leurs pères. Dans Amos, IV, 6, le Seigneur, d’après les Septante et la Vulgate, dit aux Samaritains qu’il leur enverra « l’agacement des dents », yojiçiaajuSv ôSovtwv, stuporem dentium. Ces versions ont traduit comme si le mot hébreu niqeyôn venait de qdhâh, « être agacé, » en parlant des dénis. II vient en réalité dé nâqî, « pur, » et le texte d’Amos signifie : « Je vous ai donné la pureté des dents et le manque de pain. » La pureté des dents marque ici la disette, qui laisse les dents nettes. Le parallélisme confirme ce sens. — 4° Dans la phrase de Job, xiir, 14 :

Je porte ma chair avec mes dents,

Et je tiens ma vie entre mes mains,

le second vers signifie « courir un danger de mort ou s’y exposer ». Jud., xii, 3 ; I Reg., xix, 5 ; xxviii, 21 ; Ps. cxviii, 19. En vertu du parallélisme, le premier vers a un sens analogue. Job va s’adresser à Dieu même, et déclare que pour en arriver là il court même le risque de sa vie ; il la tient entre les dents ou dans les mains, comme un objet qu’on pourra lui arracher aisément. Les versions traduisent par « lacérer » le verbe’eèsâ’, « porter. »

— Dans cet autre passage, xix, 20 :

A ma peau et à ma chair adhèrent mes os,

Et je me suis échappé avec la peau de mes dents,

Job décrit l’état de maigreur extrême auquel son mal l’a réduit, et la multitude des plaies qui le.couvrent si bien des pieds à la tête, que seule la peau de ses gencives subsiste encore intacte. — 5° Dans Zacharie, ix, 7, le Seigneur dit de la nation des Philistins : « J’éloignerai son sang de sa bouche et ses abominations d’entre ses dents, » ce qui veut dire qu’il fera cesser chez ce peuple l’immolation des victimes idolâtriques, dont on boit le sang et dont on mange la chair. — 6° La Sainte Écriture donne le nom de « dents » à des objets qui rappellent les dents par leur forme, comme les pointes d’une fourche. IReg., il, 13. — Dans Job, xxxix, 28, le sommet des rochers sur lesquels l’aigle a son aire, ètt’èÇ&X*) rcÉtpac, in preeruptis silicibus, est appelé en hébreu sên séla’, « dent de rocher. » — Au livre des Juges, xv, 19, on lit d’après les Septante : « Et Dieu fit jaillir la fontaine qui est dans la mâchoire, » et d’après la Vulgate : « Le Seigneur ouvrit la dent molaire dans la mâchoire de l’âne, et les eaux en sortirent… C’est pourquoi le nom de ce lieu fut appelé : fontaine du suppliant à la mâchoire. » Dans leur traduction, les versions ont pris un nom propre pour un nom commun. L’hébreu doit se traduire ainsi : « Dieu Creusa une alvéole (makpês, le creux de la mâchoire dans lequel se place une dent) à Lechi (léhi, « mâchoire » ), et les eaux en sortirent… C’est pourquoi on appela son nom :