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DÉMON


et s’acharne à les faire passer par le crible des persécutions. Luc, xxii, 31. — 3. Pour mieux séduire, Satan sait se transformer en ange de lumière. II Cor., xi, 4. Il sème le mauvais grain dans le champ du Seigneur, Mat th., xiii, 39, et en ôte le bon grain. Marc, iv, 15 ; Luc, viii, 12. Les démons ont leur doctrine, qui combat la foi et les mœurs. I Tim., iv, 1. Par le culte des idoles, ils se font rendre l’honneur qui n’est dû qu’à Dieu. I Cor., x, 20, 21. — 4. Le pouvoir des démons est limité par Dieu, et ils ne peuvent l’exercer qu’avec sa permission. Ils sont habituellement enchaînés dans les prisons infernales, dans lesquelles ils ont été précipités sans que le pardon leur ait été offert, et ils attendent le jugement qui les réduira à l’impuissance absolue. II Petr., ii, 4 ; Jud., 6. « Les démons croient et tremblent. » Jacob., Il, 19. Us sont à la torture quand ils sentent la présence de Dieu. Matth., xi, 29 ; Marc, v, 7 ; Luc, viii, 28. Les bons anges luttent contre eux, mais respectent la liberté que Dieu leur laisse. « Quand l’archange Michel entra en contestation avec le diable pour lui disputer le corps de Moïse, il n’osa pas porter un jugement et le taxer de blasphème ; mais il dit : Que le Seigneur te commande ! » Jud., 9. Aussi Satan est-il appelé le « prince de ce monde », Joa., xii, 31 ; xiv, 30, et le « dieu de ce siècle ». II Cor., iv, 4 ; Ephes., Il, 2. — 5. Les disciples de JésusChrist doivent lutter contre les démons avec « une foi courageuse ». I Petr., v, 8 ; Ephes., vi, 12. Ils peuvent vaincre Satan avec la grâce de Dieu, II Cor., xii, 7, 9 ; I Joa., ii, 13, 14, qui’les aide à le fouler aux pieds. Rom., XVI, 20. La résistance qu’on lui oppose le met en fuite. Jacob., iv, 6. Quand les disciples le chassaient, Jésus-Christ voyait « Satan tombant comme la foudre du haut du ciel », Luc, x, 18, c’est-à-dire précipité honteusement et en un clin d’œil des hauteurs où il s’établit pour persécuter les âmes. Un jour, les chrétiens fidèles seront les juges des mauvais anges. I Cor., vi, 3. — 6. Tous ne savent pas résister victorieusement à Satan. Il en est même qui font cause commune avec lui. Notre-Seigneur reprochait aux scribes et aux pharisiens leur opposition à sa mission et leur disait : « Vous faites ce que vous avez vu auprès de votre père… Vous venez d’un père qui est le diable, et vous voulez mettre à exécution les désirs de votre père. » Joa., viii, 41, 44. Satan eut une action particulière sur l’apôtre Judas. Déjà un an avant la trahison, le Sauveur pouvait dire à propos du traître : « L’un de vous est un diable. » Joa., vi, 71. Satan inspira à Judas sa trahison, Joa., XIII, 2, et il finit par rentrer en lui pour l’aider à exécuter son forfait. Luc, xxii, 3 ; Joa., xjii, 27. Par l’excommunication, l’Église livrait à Satan ceux qui commettaient des crimes scandaleux. Cf. I Cor., v, 5 ;

I Tim., i, 20. Les hommes se trouvent donc divisés en deux camps, les enfants de Dieu et les enfants du diable. Act., xxvi, 18 ; Col. i, 13 ; IThess., v, 5 ; I Joa., iii, 10.

II ne peut exister aucun accord entre les deux camps, entre le Christ et Bélial. II Cor., vi, 14-17. Cf. Dôllinger, Le christianisme et l’Église, trad. Bayle, Tournai, 1863, p. 229-231 ; Petau, De angelis, III, ii-vi ; O. Everling, Diepaulinischevngelologie, in-8°, Gœttingue, 1888.

5° Dans l’Apocalypse. — Saint Jean décrit dans ce livre les destinées de l’Église de Dieu, et, à cette occasion, donne d’importants détails sur la lutte entreprise contre elle par Satan. Il signale la présence à Smyroe de faux Juifs qui combattent l’Évangile et forment une « synagogue de Satan ». Le diable doit exciter la persécution dans cette ville et faire mettre en prison les disciples du Seigneur. Apoc, ii, 9, 10. — À Pergame, il y a le « siège de Satan », les temples de Jupiter, de Minerve, de Bacchus, et surtout celui d’Esculape, qui était un puissant foyer d’idolâtrie. Apoc, ii, 13. — À Philadelphie se trouve une autre « synagogue de Satan », composée de faux Juifs. Apoc, iii, 9. — L’invasion de sauterelles, qui suit le signal donné par la trompette du cinquième ange, est

commandée par ï l’ange de l’abîme, qui se nomme en hébreu Abaddon, en grec Apollyon, et en latin l’Exterminateur ». Apoc, ix, 11. Voir Abaddon. — Au chapitre xii, 1-17, saint Jean trace le tableau de la guerre entreprise par le Dragon contre la femme qui représente l’Église. Ce Dragon a sept têtes couronnées et dix cornes, et sa queue entraîne la chute du tiers des étoiles. Il s’apprête à dévorer l’enfant de la femme. « Alors un grand combat se livra dans le ciel : Michel et ses anges combattaient contre le Dragon, le Dragon combattait avec ses anges. Mais ceux-ci ne l’emportèrent pas, et il ne se trouva plus de place pour eux dans le ciel. Et fut précipité ce grand Dragon, le serpent antique, appelé diable et Satan, qui séduit le monde entier ; il fut précipité sur la terre, et ses anges furent chassés avec lui. » C’était l’accusateur de nos frères devant Dieu. Il cherche à assouvir sa fureur sur la terre, « sachant qu’il ne dispose pas d’un long temps. » Il persécute la femme, cherche à l’engloutir et, ne le pouvant pas, tourne sa rage contre ses enfants, les serviteurs de Dieu. Ce passage semble faire allusion à la lutte initiale qui eut lieu dans le ciel, au moment de la révolte du premier ange et de ses complices. Toutefois il ne s’y rapporte pas littéralement. Le combat dont parle ici saint Jean est postérieur à l’existence de la femme, qui est l’Église, et à la naissance de son enfant. D’ailleurs l’apôlre note expressément que ce Dragon, qui lutte dans le ciel avec Michel, n’est autre que le « serpent antique ». La description de saint Jean a donc trait à une des phases de la guerre menée par Satan contre l’Église. — De la bouche du Dragon sortent des esprits immondes, des démons qui opèrent des prodiges. Apoc, xvi, 13, 14. — Un ange du ciel saisit le Dragon, le lie pour mille ans et l’enferme dans l’abîme, d’où Satan sortira, après cette période écoulée, pour recommencer la lutte. Apoc, xx, 2, 3, 7. — De tous ces passages de l’Apocalypse, il résulte que Satan est l’ennemi acharné de l’Église, qu’il met tout en œuvre pour perdre ses enfants ; mais que Dieu se sert de ses anges pour contenir la fureur des démons et assurer leur châtiment final. Cette révélation devient claire et complète à la fin des Livres Saints. Les actes et les paroles de Notre-Seigneur ont démasqué Satan, et le mystère de la rédemption a porté sa malice au comble. Il convient donc qu’alors l’Église soit officiellement avertie de la guerre que va lui livrer l’ennemi, et qu’elle soit encouragée à la lutte par la certitude de la victoire finale. IV. Les démons en face de Jésus-Christ. — 1. Le démon se présente pour la première fois à Notre-Seigneur au désert, après le jeune de quarante jours. Jésus-Christ est conduit dans ce désert par l’Esprit pour être tenté par le démon. Il ne pouvait être tenté à la manière des hommes, et surtout ne pouvait succomber à la tentation. Il consent néanmoins à se prêter humblement aux recherches de Satan. Celui-ci pose deux fois la question significative : « Si tu es le Fils de Dieu, dis que ces pierres se changent en pain… ; jette-toi du haut en bas. » Il ressort nettement du texte qu’il veut savoir si l’homme auquel il s’adresse est le Fils de Dieu. Les deux premières réponses de Jésus ne. lui apprennent rien. Alors, avec plus d’audace, Satan propose au Sauveur un acte abominable d’idolâtrie, qui sera récompensé par la possession de toutes les richesses de la terre. Le divin Maître le chasse avec indignation, sans rien dire qui puisse le renseigner dans un sens ou dans l’autre. Matth., iv, 1-11 ; Marc, I, 12, 13 ; Luc, iv, 1-13. Peu satisfait du résultat de son enquête, le tentateur <c s’en va pour un temps », Luc, iv, 13, se promettant de renouveler l’expérience sous une autre forme. — 2. Peu après, Jésus trouve un possédé dans la synagogue de Capharnaùm, et l’esprit immonde lui crie : il Qu’y a-t-il entre nous et toi, Jésus de Nazareth ? Tu viens donc nous perdre ? Je sais bien qui tu es, le Saint de Dieu. » Marc, i, 24 ; Luc, iv, 34. Le Sauveur ne répond pas à l’insinuation du démon et lui commande de se taire. Les démons persistaient à prétendre qu’ils le con-