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DÉMÉTRIUS II NICATOR — DÉMÉTRIUS, ORFÈVRE

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tainement celui qui donne la suite exacte des événements. Le roi des Parthes, Arsace VI Mithridate I er, traita son prisonnier avec magnanimité, lui donna un train royal et lui fit épouser sa fille Rhodogune. Après la mort de Mithridate, Démétrius tenta plusieurs fois de s’échapper ; malgré cela, Arsace VII Phraate III le traita avec douceur. Cependant Antiochus VII Sidetès, frère de Démétrius, vainquit Tryphon. Une fois en possession du trône, le nouveau roi commença une expédition contre les Parthes. Ceux - ci, pour faire diversion, délivrèrent Démétrius, qui marcha contre son frère. Antiochus VII périt dans un combat, et Démétrius recouvra sa couronne ( 130), qu’il conserva en dépit des efforts de Phraate. Justin, xxxviii, 9, 10 ; Josèphe, Ant. jud., XIII, viii, 4. Il entreprit alors une expédition contre l’Egypte ; mais il fut abandonné par ses soldats et par ses sujets, qui le détestaient. Ptolémée Physcon lui suscita un adversaire en la personne d’Alexandre Zébina. Démétrius fut défait et obligé de fuir. Cléopâtre, qui ne pouvait lui pardonner son mariage avec Rhodogune, lui refusa l’entrée de Ptolémaïde. Démétrius périt assassiné (125), peut-être par les ordres de la reine, au moment où il tentait de s’embarquer pour Tyr. Justin, xxxix, 1 ; Josèphe, Ant. jud., XIII, rx, 3 ; Appien, Syriac, 68 ; Tite Live, Epit., lx. Démétrius porte sur ses monnaies, outre le surnom de Nicator, ceux de Théos et de Philadelphe. Sur les monnaies antérieures à sa captivité, il est toujours représenté imherbe ; après sa délivrance, il porte souvent une longue harbe, comme les rois parthes. Eckhel, Doctrina nurnorum, t. iii, p. 229-231, croit que c’est en souvenir de sa captivité. M. Babelon, Catalogues de monnaies grecques de la Bibliothèque nationale. Les rois de Syrie, in-8°, Paris, 1890, p. cxlv-cxlvi, pense qu’il voulait ainsi se donner un type divin, celui de Jupiter Olympien. Les pièces où le roi est barbu sortent de l’atelier d’Antioche ; celui de Tyr conserva le type imberbe.

II. Rapports de Démétrius II avec les Juifs. — Jonathas, comme Judas Machabée, resta fidèle à Alexandre I er Balas ; il eut pour cette raison à soutenir l’attaque d’Apollonius, gouverneur de Cœlésyrie, qui s’était déclaré en faveur de Démétrius II. Voir Apollonius 1, t. i, col. 776. Le gouverneur rassembla une armée près de Janina, et provoqua Jonathas au combat. Celui-ci réunit dix mille hommes et marcha sur Joppé, dont il s’empara. I Mach., x, 69-76. Après une victoire remportée près d’Azot, Jonathas s’empara de cette ville et y mit le feu. Le temple de Dagon fut détruit ; un grand nombre d’habitants de la ville et de Syriens périrent par le glaive ou dans les flammes. Ascalon eut le même sort, et Jonathas rentra triomphant à Jérusalem. I Mach., x, 77-87 ; Josèphe, Ant. jud., XIII, IV, 4. Après la mort d’Alexandre Balas, Jonathas mit le siège devant la citadelle de Jérusalem. Démétrius le fit venir à Plolémaïde, pour rendre compte de sa conduite. Jonathas se rendit dans cette ville, accompagné d’une nombreuse suite de prêtres et d’anciens du peuple et porteur de riches présents. Le roi fut gagné, combla Jonathas d’honneurs, le confirma dans sa dignité de grand prêtre et, moyennant la promesse de trois cents talents, exempta d’impôts la Judée et les trois districts de Samarie et de Galilée joints à ce pays. I Mach., xi, 20-28, 11 écrivit à Lasthène le Cretois, qui lui avait fourni les auxiliaires à l’aide desquels il avait conquis son royaume, et à qui il avait confié les rênes du gouvernement, une lettre dans laquelle il indiquait toutes les immunités accordées à la Judée et à ses dépendances. I Mach., xi, 29-37 ; Josèphe, Ant. jud., XIII, iv, 9. Lors de la révolte de Tryphon (143), Jonathas écrivit à Démétrius II pour lui demander de rappeler la garnison syrienne établie dans la citadelle de Jérusalem. Le roi promit tout ce qu’on lui demanda et plus encore, si les Juifs venaient à son aide. Jonathas envoya trois mille hommes à Antioche. Les Juifs trouvèrent la ville révoltée, le roi menacé de mort et enfermé dans son palais ; ils massacrèrent les

insurgés, mirent le feu à la ville, délivrèrent le roi et retournèrent à Jérusalem chargés de dépouilles. I Mach., xi, 44-51. Démétrius, une fois hors de danger, oublia ses promesses. I Mach., xi, 52-53 ; Josèphe, Ant. jud., XIII, v, 1-3. Cependant Tryphon et le jeune Antiochus VI, fils d’Alexandre Balas, s’avançaient avec’les troupes licenciées par Démétrius et s’emparaient d’Antioche. Démétrius II fut contraint de fuir, et Antiochus fut proclamé roi. I Mach., xi, 54-56. Antiochus écrivit aussitôt à Jonathas pour le confirmer dans tous ses privilèges, et lui envoya de riches présents ; il nommait en outre Simon général de l’armée qui défendait la côte depuis Tyr jusqu’à l’Egypte. 1 Mach., xi, 57-59 ; Josèphe, Ant. jud., XIII, v, 4. Jonathas soutint Antiochus contre Démétrius, prit Ascalon et Gaza, et conquit pour le jeune roi tout le pays jusqu’à Damas. I Mach., XI, 60-63. Cependant les troupes de Démétrius II, partant de Cadès en Galilée, attaquèrent Jonathas dans les plaines d’Azor. Un moment surpris, les Juifs furent mis d’abord en déroute ; mais Jonathas releva leur courage, et l’armée de Démétrius fut défaite. I Mach., xi, 63-74 ; Josèphe, Ant. jud., XIII, v, 6-8.

L’année suivante (143), ayant appris que les lieutenants de Démétrius, avec des forces nouvelles, voulaient attaquer la Judée, il marcha au-devant d’eux et les rencontra dans la région d’Amathite, voir t. i, col. 447. Informé par ses espions que les Syriens voulaient tenter une surprise nocturne, il se tint sur ses gardes, et les assaillants se retirèrent découragés. Jonathas les poursuivit sans pouvoir les atteindre. I Mach., xii, 24-30. Simon mit une garnison à Joppé, pour empêcher qu’on ne livrât cette ville à Démétrius. I Mach., xii, 33-34 ; Josèphe, Ant. jud., XIII, iv, 10-11. Après la mort de Jonathas, traîtreusement assassiné par Tryphon, Simon se retourna du côté de Démétrius. Le roi répondit à ses avances par une lettre où il lui promettait la paix, lui permettait de tenir garnison dans certaines forteresses, enfin lui faisait remise des impôts. En même temps il lui envoyait de riches présents. L’autonomie de la Judée était reconnue sous le gouvernement de Simon (142). I Mach., xiii, 34-43 ; Josèphe, Ant. jud., ’XIII, vi, 1-6.

Dans la lettre qu’il écrivit aux Romains pour solliciter leur alliance, Simon rappelle que Démétrius l’a reconnu en qualité de grand prêtre et a fait alliance avec lui. I Mach., xiv, 38-39. Les Romains envoyèrent à Démétrius II notification du traité conclu entre eux et Simon. I Mach., xv, 22. Mais celui-ci n’était plus sur le trône, il était prisonnier d’Arsace. I Mach., xiv, 1-3. Depuis ce moment il n’eut plus aucune relation avec les Juifs. Voir de Saulcy, Histoire des Machabées, in-8°, Paris, 1880, p. 233-278. E. Beurlier.

3. DÉMÉTRIUS, orfèvre d’Éphèse qui fabriquait de petits temples en argent, à l’imitation du fameux sanctuaire de Diane, à Ephèse. Act. xix, 24. Il employait de nombreux ouvriers et se faisait un revenu considérable avec ces petits édicules, qu’il vendait comme des talismans ou objets de piété pour se procurer la protection de la grande déesse. (Voir Diane.) En voyant les progrès de l’Évangile, il craignit pour son trafic ; alors, réunissant tous les artisans qui vivaient de ce travail, il leur représenta non seulement le tort que la prédication de Paul allait faire à leur métier, mais l’abandon dans lequel tomberait forcément le culte de Diane. Excités par ces paroles, ils se mettent à crier : « Elle est grande, la Diane des Éphésiens. m La ville fut bientôt toute dans l’agitation et le trouble ; on se précipite au théâtre, en y entraînant deux compagnons de saint Paul. L’Apôtre voulait s’y rendre pour haranguer la foule ; mais ses disciples et quelques-uns des Asiarques (voir ASIARQUE, t, i, col. 1001) l’en détournèrent. Un Juif nommé Alexandre, poussé par ses coreligionnaires, voulut parler au peuple, sans doute pour dégager leur cause de celle