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DAVID


dans le projet qu’il forma d’élever un temple au Seigneur ; mais c’est surtout dans les Psaumes qu’elle brille sous le plus beau jour. Depuis qu’il a fait entendre pour la première fois ses chants inspirés, juifs et chrétiens n’ont pas cessé de les répéter ; ils sont devenus la prière universelle, l’aliment de la piété de toutes les âmes dévouées à Dieu. » F. Yigouroux, Manuel biblique, 9e édit., t. ii, p. 1 : 18. Un psalmiste, Ps. cxxxi, 1, a loué, selon l’hébreu, ses fatigues, les travaux qu’il s’était imposés pour la gloire de Dieu et l’honneur de son culte (sa douceur pleine de mansuétude, selon la Vulgate). L’auteur de l’Ecclésiastique, xlvii, 2-13, a fait son éloge et a célébré ses liauts faits et son esprit de religion. L’Église honore David comme un saint, et sa fête est inscrite au martyrologe romain à la date du 29 décembre. Cf. saint Ambroise, Apologia prophetx David ; Apologia altéra prophetse David, t. xiv, col. 851-916 ; du Clôt, La Sainte Bible vengée des attaques de l’incrédulité, Lyon et Paris, 1816, t. iv, p. 60-90 ; F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, . 4e édit., t. IV, p. 530-537 ; Ma r Meignan, David, p. 82-84.

Dieu choisit David de derrière son troupeau, II Reg., vu, 8, pour remplacer Saül sur le trône, parce qu’il savait qu’il serait « un homme selon son coeur, qui accomplirait toutes ses volontés ». I Reg., xiii, 14 ; cf. Act., xin, 22. David ne fut donc pas un usurpateur ; il avait reçu de Dieu une mission qu’il a fidèlement remplie. Il fut le véritable type du roi théocratique ; il ne gouverna pas son peuple selon « es caprices, comme les despotes orientaux ; mais il se montra l’instrument docile des volontés divines. Il fut le vrai fondateur de la monarchie juive et le chef d’une dynastie. C’est à ce titre que saint Pierre, Act., ii, 29, l’appelle « patriarche ». Guerrier et conquérant, David donna à son royaume l’étendue promise par Dieu à la race d’Abraham. Gen., xv, 18 ; Exod., xxiii, 31 ; Deut., xi, 24. Son autorité fut respectée des bords de l’Euphrate, II Reg., viii, 3 ; I Par., xviii, 3, au torrent de l’Egypte et aux rives de la mer Rouge. Les peuples de ces régions étaient ses tributaires. « L’empire de David était un véritable empire oriental, bâti sur le même modèle que ceux d’Egypte et de Chaldée, mais moins large et moins durable. » G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, 5e édit., Paris, 1893, p. 330.

Son règne n’eut pas une moindre importance politique à l’intérieur qu’à l’extérieur, et lui-même nous apparaît comme un véritable chef d’État et un administrateur habile. Comme nous l’avons déjà dit, il centralisa le pouvoir, en donnant à son peuple une capitale. Il organisa l’armée, sa cour et le culte religieux. — 1. David, qui était un guerrier, développa l’organisation de la force armée, que Saül avait commencée. La forte bande qu’il avait constituée à Odollam et à Siceleg devint le noyau d’une excellente armée permanente. De leur nombre sortirent les gibborim, c’est-à-dire « les forts, les vaillants », dont trente-sept sont nommés II Reg., xxiii, 8-34 et 53 ; I Par., xi, 10-47. Ils ne formaient pas une cohorte distincte, mais se tenaient auprès du roi comme ses aides de camp, et recevaient selon les occasions des commandements ou des missions de confiance. Plusieurs étaient célèbres par leurs exploits. Une sorte de légion étrangère, composée de Céréthéens et de Philistins (voir t. ii, col. 441-445), servait de garde du corps. Elle avait à sa tête un Hébreu, Banaïas. Quand David fut reconnu roi par tout Israël, on comptait 339600 hommes en état de porter les armes et 1224 chefs ; leur nombre est énuméré tribu par tribu, I Par., xii, 23-38. En faisant le dénombrement du royaume, on trouva 1300000 hommes capables de tirer le glaive, d’après II Reg., xxiv, 9, et 1570000, d’après I Par., XXI, 5. À une époque indéterminée, David institua une armée permanente. Elle comprit douze corps de 24000 hommes, qui se succédaient mois par mois pour tenir garnison à Jérusalem. Les

chefs de corps étaient pris parmi les gibborim. I Par., xxvil, 1-15. Cette armée n’avait que de l’infanterie, et ne possédait ni cavalerie ni chars de guerre. David, ayant pris à Adarézer dix-sept cents cavaliers, coupa les jarrets aux chevaux et ne garda que cent chars. II Reg., viii, 4. Les armes ordinaires étaient la lance et le bouclier. Une tradition arabe attribue à David l’invention de la cotte de mailles. David avait consacré au Seigneur des lances et des boucliers pris sur l’ennemi, qui furent déposés plus tard dans le Temple et utilisés par le grand prêtre Joïada. II Par., xxiii, 9. Un général en chef commandait à toute l’armée et dirigeait en temps de guerre toutes les opérations, en l’absence du roi. Voir Armée chez les Hébreux, t. i, col, 971-982. — 2. David mit de l’ordre dans l’administration de sa maison et de son royaume. Il laissa aux chefs des tribus leurs attributions, et ceux qui fonctionnaient sous son règne sont mentionnés I Par., xxvii, 16-23. Le service de son palais et la garde de ses biens exigèrent de nombreux intendants. Outre le trésor proprement dit, qui se trouvait à Jérusalem, David possédait divers dépôts de sommes importantes dans les villes, les tours et les forteresses du pays. Des officiers étaient préposés au soin de la culture des champs, des vignes, et veillaient sur les celliers royaux et les magasins d’huile. D’autres surveillaient les troupeaux de bœufs, de chameaux, d’ânes et de brebis. I Par., xxvii, 25-31. Le roi avait un conseil privé, et deux des conseillers avaient la charge de précepteurs de ses enfants. I Par., xxvii, 32-34. Suivant la coutume des rois orientaux, David exerçait lui-même la justice. II Reg., viii, 15 ; I Par., xviii, 14. Les procès étaient portés à son tribunal, et il les jugeait en souverain absolu. II Reg., xiv, 4-22 ; xv, 2-6. Absalom en profita pour exciter le peuple à la rébellion. Afin d’obvier sans doute aux abus qui pouvaient résulter de cette juridiction unique, David confia l’exercice de la justice à six mille lévites. I Par., xxiii, 4. Il y avait aussi un mazkir, c’est-à-dire un grand chancelier, archiviste et historiographe ; un sôfêr ou secrétaire d’État, II Reg., vin, 16 et 17, et un percepteur d’impôts. II Reg., XX, 24.

— 3. Quand David fit transporter l’arche d’alliance à Jérusalem, il organisa le service religieux. Le dénombrement des lévites accus’a le chiffre de 38000. Sur ce nombre, 24 000 furent chargés du soin de là maison du Seigneur ; 6000 rendirent la justice ; 4000 remplirent l’office de portiers, et 4000 celui de chantres. Les fonctions des lévites autour de l’arche d’alliance furent délimitées. I Par., xxm. Quant aux prêtres, fils d’Aaron, ils furent divisés en vingtquatre familles, seize descendant d’Éléazar et huit d’Ithamar. I Par., xxiv, 1-19. Les chantres et musiciens furent également répartis en vingt-quatre chœurs, sous la conduite d’Asaph, d’Héman et d’Idilhun. I Par., xxv. Voir Chant sacré, Chantres du Temple, col. 553-558, et Chef des Chantres, col. 645. Ces institutions liturgiques persévérèrent. Toutes les fois que postérieurement à David il est question dans la Bible des chants du sanctuaire, de la musique du Temple ; toutes les fois qu’après une interruption plus ou moins longue ils sont rétablis, on les mentionne comme dérivant du roi - prophète. Après le meurtre d’Athalie, il est ordonné aux chefs des prêtres et des lévites de faire offrir des holocaustes avec joie et avec des cantiques, conformément aux prescriptions de David. II Par., xxiii, 18. À la restauration du culte sous Ézéchias, à la première Pàque qui suivit, on joua des instruments et on chanta des psaumes de David et d’Asaph. II Par., xxix, 25-30, et xxx, 21. Quand Josias fit célébrer la fête de Pâque, depuis longtemps abandonnée, les chantres sacrés remplirent leur office selon les ordonnances de David. II Par., xxxv, 15. Après le retour de la captivité de Babylone, l’organisation introduite par David dans le service liturgique fut rétablie, et il en reste encore une trace dans l’histoire de Zacharie, père de saint Jean-Baptiste. Luc, i, 5-9. — David ne se borna pas à régler les grands ser-