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DAVID


pour toute composition il leur ferait arracher à tous l’oeil droit. 1 Reg., xi, 1 et 2. Cf. Amos, i, 13. Renan lui-même, Histoire du peuple d’Israël, t. ii, p. 42, reconnaît que « la cruauté a toujours fait partie de la guerre en Orient. La terreur est considérée comme une force. Les Assyriens, dans les bas-reliefs des palais, représentent les supplices des vaincus comme un acte glorieux ». Cf. J. D. Michælis, Mosaisches Recht, 3e édit., Francfort-sur-le-Main, 1793, t. i, p. 370-378 ; Mo’Meignan, David, 1889, p. 43-46.

En punition du péché de David, deux crimes énormes, l’inceste d’Amnon (voir t. i, col. 500-501) et le fratricide d’Absalom (voir 1. 1, col. 92-99), souillèrent et désolèrent le palais du roi. II Reg., xiii, 1-39. L’exil d’Absalom dura trois ans. L’industrieuse intervention de la femme de Thécué auprès de David le fit cesser. Revenu à Jérusalem, Absalom passa encore deux ans sans être reçu par son père. II Reg., xiv, 1-33. Rentré enfin en grâce, il ilatta le peuple, et, sous prétexte d’aller offrir un sacrifice à Hébron, il y rassembla la foule et fut proclamé roi. Vieux et désolé, David s’enfuit avec ses serviteurs fidèles. Sa fuite fut marquée par des scènes émouvantes. Après avoir passé le torrent du Cédron et renvoyé l’arche à Jérusalem, il gravit la colline des Oliviers, nu-pieds, la tête enveloppée en signe de deuil et en pleurant. Au sommet, il conseilla à Chusaï (t. ii, col. 746-748) de rentrer à Jérusalem, pour contrebalancer l’influence d’Achitophel (t. i, col. 146-147) dans les conseils d’Absalom. II Reg., xv, 1-37. Plus loin, Siba apporta au fugitif des présents, et reçut en récompense les biens de Miphiboseth, qu’il administrait. À Bahurim, Séméi, parent de Saûl, maudit David et lui jeta des pierres ; le roi lui pardonna ses injures. II Reg., xvi. Ainsi trompé par les uns et injurié par les autres, David traversa avec résignation toutes les épreuves de la mauvaise fortune. Après avoir déshonoré les dix concubines de son père, Absalom voulait poursuivre aussitôt le fugitif. Il renonça à ce projet sur l’avis de Chusaï. Celui-ci prévint David et lui conseilla de passer le Jourdain ; ce qui fut fait à la pointe du jour. II Reg., xvii. Quand Absalom rejoignit son père, celui-ci, qui avait été bien reçu par les habitants de Manahaïm, avait organisé son armée, et il put l’opposer aux forces du rebelle. Dans l’espoir de la victoire, il exigea qu’on épargnât la vie d’Absalom, qui périt néanmoins. En apprenant la mort tragique de son fils qu’il aimait, David, saisi d’une douleur profonde, monta dans une chambre située au-dessus de la porte de la ville et pleura Absalom. II Reg., xviii, 1-33. Cependant il dut faire trêve à son chagrin pour passer en revue son armée victorieuse. Revenu à de meilleurs sentiments, le peuple rappela son roi, qui se mit en route vers Jérusalem. Le retour fut une marche triomphale. Les partisans d’Absalom se soumirent. Séméi obtint sa grâce ; Miphiboseth se justifia ; Berzellaï refusa la récompense qui lui était offerte, et David repassa le Jourdain. II Reg., XIX. La révolte de Séba fut vite réprimée. II Reg., xx, 1-22. Le règne de David fut encore attristé par une famine qui sévit durant trois années. Le Seigneur consulté répondit qu’elle était la punition des cruautés de Saül à l’égard des Gabaonites. Ceux-ci, d’autre part, poussés par le désir de la vengeance, demandèrent la mort des sept descendants de Saûl. David, se conformant au précepte qui ordonnait de punir l’homicide par le sang, Num., xxxv, 33, les leur livra ; mais il épargna Miphiboseth, à cause du serment qu’il avait fait à Jonathas. Ayant appris la belle conduite de Respha, qui chassait les oiseaux de proie loin des cadavres de ses fils, David fit ensevelir les crucifiés avec Saùl et Jonathas.

5° Derniers jours du règne de David. — La paix fut de nouveau rompue avec les Philistins, et le récit biblique réunit quatre expéditions successives. Dans la première, David fatigué faillit être tué par Jesbibenob. Ses hommes s’engagèrent par serment à ne plus le laisser aller au

combat, de peur d’éteindre la « lampe d’Israël ». Dans les trois autres campagnes, le succès fut constamment du côté des Juifs. II Reg., xxi, 15-22. David composa un cantique d’action de grâces pour toutes ses victoires. H Reg., xxii, 1-51. Le roi était vieux. Dans un poème, qui fut son testament, il exprima la confiance absolue que lui inspirait la promesse de l’éternelle durée de sa race. II Reg., xxiii, 1-7. Des pensées d’orgueil et d’ambition, suggérées par Satan, le portèrent à opérer le dénombrement de son peuple, que Joab jugeait inutile. Au point de vue théocratique, c’était une faute, puisque la force d’Israël n’était pas dans le nombre des hommes, mais dans la protection du Seigneur. David comprit bientôt sa folie, et le Seigneur, voulant en tirer vengeance, lui proposa par la bouche du prophète Gad le choix entre trois fléaux, la famine, la guerre ou la peste. David, préférant tomber entre les mains du Dieu des miséricordes, préféra la peste, qui fit soixante-dix mille victimes. Le roi demanda que l’ange exterminateur le frappât, lui et sa famille, plutôt que son peuple. Un sacrifice, offert sur l’aire d’Areuna, apaisa la colère divine, et la peste cessa. II Reg., xxiv, 1-25 ; I Par., xxi, 1-30.

David prit à son service Abisag, la Sunamite (voir 1. 1, col. 58-59), et eut à contenir l’ambition de son fils Adonias (voir t. r, col. 224-226), qui se posait en héritier du trône. Nathan et Bethsabée décidèrent le roi à désigner Salomon pour lui succéder. Afin d’assurer ses droits à la succession, il le fit sacrer le jour même. III Reg., i, 1-40. Sentant sa fin approcher, il adressa à Salomon ses recommandations suprêmes, qui constituent son testament religieux et politique. Elles peuvent se résumer en trois points : être fidèle à Dieu, récompenser les bons serviteurs et punir sévèrement les mauvais. On a reproché à David sa conduite envers Joab et Séméi. Pour des causes diverses, il n’a pu se venger d’eux pendant sa vie, et il charge son fils de les punir. Leurs crimes étaient certains ; leur conduite passée faisait présager leur conduite future. David s’en remet à la sagesse de Salomon, qui trouvera une occasion d’accomplir la juste vengeance que son père n’a pas pu exercer. David mourut après quarante années de règne, sept à Hébron et trente-trois à Jérusalem ; il fut enseveli à Sion. III Reg., ri, 1-11 ; I Par., xxix, 26-30. L’historien Josèphe, Ant. jud., VII, xv, 3, et XVI, viii, 1, ajoute au récit biblique que Salomon fit déposer dans le tombeau de son père des richesses considérables, qui furent soustraites plus tard en partie par Hircan et par Hérode, sans que les restes du roi fussent violés. Théodoret, Quxst. in III Reg., qusest. VI, t. lxxx, col. 672, cite comme de Josèphe un passage, qui ne se trouve plus dans ses œuvres, et d’après lequel le tombeau de David était proche de la fontaine de Siloé. Ce renseignement est conforme d’ailleurs à ce qui est raconté dans le livre de Néhémie. Il Esdr., iii, 15 et 16. Le jour de la Pentecôte, saint Pierre dit aux Juifs en parlant de David : « Son sépulcre est encore parmi nous. » Act., ii, 29. Les musulmans montrent aujourd’hui, au Cénacle, un faux tombeau de David. Le véritable et authentique tombeau était sur la colline de Sion et n’a pas été retrouvé.

6° Caractère de David et de son règne. — Depuis près de deux siècles, les ennemis du christianisme se sont attachés à dénigrer David. Assurément David n’a été ni parfait ni innocent. La Bible raconte sincèrement ses fautes et ses faiblesses, sans les excuser ni les pallier ; mais elle raconte aussi son repentir et sa pénitence, et elle nous le présente comme un des plus beaux exemples de la miséricorde de Dieu envers les pécheurs contrits et repentants. Elle rapporte les actes de vertu qu’il a accomplis, sa générosité envers Saûl, sa foi et sa religion. Les reproches qu’on lui fait s’expliquent en partie par les circonstances difficiles où il s’est trouvé, en partie par les mœurs du temps. Quant à sa piété, s elle éclate dans une foule de traits de son histoire, et en particulier