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DARIQUE


Inscript. d’Asie Mineure, n° 40. Ce fut même surtout pour le payement des mercenaires grecs qu’ils avaient à leur solde, et pour le commerce qu’ils entretenaient avec les villes grecques, que les Perses se servirent des dariques. Presque toutes furent frappées dans des ateliers d’Asie Mineure, en Cilicie, en Syrie, et probablement aussi à Tyr. B. Head, Coinage, p. 33. Pour leur propre usage, ils continuèrent à peser les lingots, comme l’avaient fait les Assyriens et les Babyloniens. Strabon, XV, iii, 21 ; E. Babelon, Catalogue des monnaies grecques de la Bibliothèque Nationale, Les Achéménides, in-8°, Paris, 1893, p. vu. Cela explique pourquoi on n’a trouvé aucune monnaie perse ni dans les fouilles de Persépûlis ni dans

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476. — Darique.

I<e roi Darius I", en archer, à demi agenouillé, coiflé de la cldaris et vêtu de la candys, tenant un arc et une javeline. — B). Carré creux très irrégulier.

celles de Suse, tandis qu’on y a trouvé en très grand nombre des monnaies des rois parthes et surtout des Sassanides. G. Perrot, Histoire de l’art, t. v, 1890, p. 855.

— La darique pèse.normalement 8a r 42. C’était le poids du demi-statère de l’étalon phocéen, de l’ancien statère d’argent eubéen et de la petite darag-mana assyrienne, c’est-à-dire de la soixantième partie de la mine qu’on appelle légère. Voir Mine. Le poids de la darique correspondait donc aux poids auxquels étaient habitués les peuples d’Asie et les Grecs. Cf. Hérodote, iii, 81). Il n’y eut jamais de dëmi-darique. Si Xénophon, Anab., i, iii, 21, emploie ce mot, c’est pour désigner une valeur de compte, mais qui ne pouvait être payée qu’avec une autre monnaie. La double darique fut créée sous les derniers Achéménides. Quoiqu’on l’appelle statère, la darique n’est en réalité qu’un demi-statère.

Le roi de Perse est représenté sur la darique portant sur la tête une couronne crénelée, appelée cidaris, qui est son attribut spécial (fig. 476). Il lléchit les genoux, la jambe droite en avant, le genou gauche à terre. Il tient l’arc de la main gauche, et de la droite une javeline terminée par une grenade. C’est pourquoi ce type est désigné sous le nom d’archer mélophore. Cette attitude, qui était celle des archers perses dans le combat, Diodore de Sicile, xvii, 115, avait fait donner à la darique la dénomination populaire d’  « archer », qui donnait lieu à des plaisanteries sur l’intervention des archers perses dans les affaires grecques. Plutarque, Artaxerx., 20 ; Xénophon, Hellenic., iv, 2. Le type de l’archer, sauf do très rares exceptions, est resté uniforme jusqu’à la fin de la dynastie. Il en est de même du poids et de l’aspect extérieur de la monnaie. Elle ressemble à une lentille épaisse, de forme ovale, aplatie et arrondie sur ses bords. Le revers, où l’on avait cru voir les figures les plus variées, n’en porte aucune. L’empreinte qui s’y trouve n’est que la trace laissée par l’enclume. E. Babelon, Les Achéménides, p. vin. On trouve cependant une proue de navire au revers d’une darique frappée en Carie, au moment de l’invasion d’Alexandre. E. Babelon, Les Achéménides, p. vin ; et. n° 124, p. 15. La frappe des dariques cessa avec la conquête d’Alexandre. Toutefois, même après cette époque, on rencontre des doubles dariques sans caractère officiel dans la Bactriane et dans l’Inde. Elles sont de frappe barbare. E. Babelon, Les Achéménides, p. 16, n os 137 et 138. Le classement des dariques est très difficile à faire. On ne peut guère se guider d’après les caractères iconographiques ; il faut avoir recours soit aux circonstances dans lesquelles ont été faites les trouvailles,

soit à d’autres données. E. Babelon, Les Achéménides, p. xiii ; B. Head, Coinage, p. 26.

La darique telle que nous venons de la décrire, c’est-à-dire la monnaie d’or au type de l’archer, n’exista pas avant Darius, fils d’Hystaspe. Le fait est incontestable. Cependant Xénophon, Cyrop., V, ii, 7, parle de darique au temps de Cyrus ; de même le scholiaste d’Aristophane, Ecclesiaz., 602, attribue l’invention de la darique à un autre Darius, antérieur au fils d’Hystaspe. Ces passages sont considérés par la plupart des auteurs comme étant sans valeur historique. E. Babelon, Les Achéménides, p. iii, n° 1 ; B. Head, Coinage, p. 22. D’autres, comme H. Brown, dans Kitto, Cyclopxdia, 3e édit., t. i, p. 66 ; J. Fuller, Speaker’s commentary, t. vi, p. 314, y ajoutent foi. Les considérations suivantes expliqueront peut-être cette divergence d’opinion. La monnaie n’est en somme qu’une pièce de métal dont le poids est garanti par le souverain qui y a apposé sa marque. Avant de se servir de monnaie, on pesait chaque fois le métal. Or, chez les peuples orientaux, la division de la mine, qui fut un poids avant d’être une monnaie, est désignée par un mot dans lequel entre une racine qui signifie « division », que l’on rencontre en Perse sous la forme darag, en assyrien sous la forme dariku. B. Head, Historia numorum, in-8°, Oxford, 1887, p. 698 ; Berlin, dans les Transactions of Ihe Society of biblical Ajrchœology, 1883, p. 87. Cette racine a formé en assyrien le mot darak-mana ou daragmana, division de la mine. Fr. Lenormand, Études accadiennes, in-4°, Paris, 1879, t. iii, p. 6 ; J. Menant, La bibliothèque du palais de Ninive, in-12, Paris, 1882, p. 68. C’est très probablement l’origine du mot grec Spa^(iTJ. Hussey, Essai on the ancient weights and money, in-8°, Oxford, 1836, p. 1883 ; A. von Werlhof, dans Cavedoni, Numismatica biblica, in-4°, Modéne, 1849, t. ii, p. xvii ; Ch. Lenormant, dans la Revue numismatique, 1860, p. 17, n. 4 ; Oppert et Revillout, Annuaire de la Société de numismatique, 1884, p. 119-122 ; E. Babelon, Les Achéménides, p. iii, n. 1 ; B. Head, Historia numorum, p. 698 ; G. Perrot, Histoire de l’art, t. V, p. 858, n. 2. Ainsi que nous l’avons dit plus haut, la darique était l’équivalent en poids de la petite darag-mana assyrienne. La darique, quoique son nom vint de celui de Darius, était également une darak ou darag dé la mine. Après son apparition, les Grecs n’ont plus pensé qu’au nom du roi de Perse . qui l’avait institué, et trouvant la preuve de l’existence en Orient d’une monnaie portant un nom à peu près semblable à une époque antérieure, ils en ont conclu, à tort, à l’existence d’un autre Darius, qui aurait donné son nom à cette monnaie. Telle paraît être l’origine de la confusion qui embarrasse les numismatistes et les orientalistes. Le nom biblique de la darique, darkemôn ou’adarkem &n, n’a d’ailleurs rien de commun avec le nom de Darius. Les hébraïsanls de nos jours sont unanimes à le reconnaître, et ils rapprochent ces mots de darag-mana et de SpaxR. J. Levy, Neuhebrâisches und chaldâisches WôrterbucH, in-8°, Leipzig, 1876, t. i, p. 425 ; Gesenius, Hebrâisches und aramâisches Handwôrterbuch, 12e édit., in-8 J, Leipzig, 1895, p. 13 ; Payne-Smith, Thésaurus syriacus, in-f », Londres, 1879, t. i, p. 948 ; G. Hoffmann, Ueber einige phôniskische Inschriften, dans les Abhandlungen der Gesellschaft der Wissenschaften zu Gôttingen, t. xxxvi (1890), fasc. 4, p. 8 ; cf. Zeitschrift furvssyriologie, t. n(1887), p. 49-51.

II. Usage de la darique chez les Juifs. — La darique est mentionnée : 1° dans I Esdr., viii, 27, au temps d’Artaxerxès I er Longuemain. Parmi les dons offerts pour le Temple sont comptés vingt coupes d’or valant mille dariques. Le texte hébreu emploie le mot’adarkemôn ; les Septante disent simplement xîàioi, c mille, » sans indiquer de quelle valeur il s’agit. La Vulgate traduit par solidi. Le solidus romain en or valait la soixante-dixième partie de la livre, soit environ 49’50, c’est-à-dire un peu plus que la moitié de la darique. La traduction est donc