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DAN YAAN — DAPHNÉ
« près des murailles de Tyr », ꝟ. 6, 7, c’est-à-dire faire

double trajet dans cette visite du nord-ouest. — 3° Reste donc l’identité de Dan Yaan avec Dan-Laïs. Elle ressort des arguments apportés contre les deux opinions précédentes, et est admise par un certain nombre d’auteurs, R. von Riess, Bibel-Atlas, % édit., Fribourg-en-Brisgau, 1887, p. 9 ; Mûhlau, dans le Handwôrterbuch des Biblischen Altertums, de Riehm, 2e édit., Leipzig, 1893, t. i, p. 294, etc. Aux raisons déjà données s’ajoutent les suivantes. Si l’on accepte la leçon de la Vulgate, le nom de Dân Ya’ar, « Dan de la forêt, » peut très bien s’appliquer à Tell el-Qadi, avec ses magnifiques fourrés d’arbres, surtout par opposition au territoire de la tribu de Dan, qui se composait en grande partie de la plaine de Séphéla. Si l’on maintient l’hébreu Ya’an, il s’explique par le nom phénicien de Ba’al Ya’an, « le seigneur joueur de flûte, » donné au dieu Pan sur certaines monnaies de Panéas (Banias), où il était honoré. Dan Yaan aurait été ainsi la dénomination primitive de la célèbre cité voisine, appelée ensuite Laïs ou Lésem, et à laquelle les conquérants danites n’auraient fait que restituer son ancien nom, en y rattachant une autre signification. Cf. Fiirst, Hebrâisches Handwôrterbuch, Leipzig, 1876, t. i, p. 303 ; F. de Hummelauer, Comment, in ïibros Samuelis, Paris, 1886, p. 448.

A. Legendre.
    1. DAPHCA##

DAPHCA (hébreu : Dofqàh ; Septante : ’Pa<paxâ, par suite de la confusion entre le i, dalelh, et le ii, resch), une des stations des Israélites dans la péninsule du Sinaï, mentionnée seulement au livre des Nombres, xxxiii, 12, 13. Elle forma, avec Alus, un des deux points d’arrêt entre le désert de Sin, Exod., xvi, 1 ; Num., xxxiii, 11, c’est-à-dire la plaine d’El-Markha, sur les bords du golfe de Suez, et Raphidim, Exod., xvii, 1 ; Num., xxxiii, 14, ou Youadi Feiran. On n’a pu jusqu’ici déterminer d’une manière certaine la position de ce double campement, qui ne fut marqué par aucun événement de quelque importance, puisque l’Exode le passe sous silence. Nous avons cependant des probabilités en faveur de Daphca. Pour aller d’El-Markha à l’ouadi Feiran, les Hébreux avaient deux routes principales. Ils pouvaient longer la côte jusqu’à l’embouchure de l’ouadi, à quarante-six kilomètres de l’Aïn Dhafary, la source d’eau douce qui les avait alimentés dans le désert de Sin, puis remonter la vallée jusqu’à Hési el-Khattatin. C’est le chemin le plus facile, mais le plus long : il n’a pas moins de soixante-dix-huit kilomètres. Une voie plus courte s’ouvrait par Youadi Sidréh, à douze ou treize kilomètres au sud d’Ain Dhafary : suivant la vallée jusqu’aux mines de Magharah, elle tourne à droite dans Youadi Mokatteb, la fameuse « Vallée écrite », remarquable par ses inscriptions, et franchit par une penle douce un large col pour retomber dans l’ouadi Feiran, à vingt-sept kilomètres au-dessus de son embouchure. La brièveté du chemin et d’autres motifs dont nous parlerons tout à l’heure portent à croire que Moïse choisit cette dernière roule, du moins pour la principale colonne qu’il conduisait. Il est probable, en effet, qu’il fit passer les bagages et les troupeaux par la première, plus facile, mieux garnie d’herbages. Une telle multitude, du reste, avait avantage à se diviser sur des routes parallèles. Cf. F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. ii, p. 478.

Dans ces conditions, où chercher Daphca ? Plusieurs pensent que le nom s’est conservé dans celui d’el-Tabbaccha, localité signalée par Seetzen à une heure et demie au nord-ouest de l’ouadi Mokatteb, dans l’étroite vallée de Youadi Gné ou Kenéh. Cf. Riehm, Handwôrterbuch des Biblischen Altertums, Leipzig, 1884, t. i, p. 285. — Un savant égyptologue allemand, M. Ebers, Durch Gosen zum Sinai, in-8°, 2e édit., Leipzig, 1881, p. 149, a rapproché Daphca du nom égyptien Mafka, donné à la région des mines du.Sinaï. Il y a, en effet, vers le point de jonction des ouadis Sidréh, Gné ou Igné, et Mokatteb,

dans un endroit appelé Magharah, i la caverne, » des excavations dont les richesses métalliques furent exploitées par les pharaons, longtemps avant l’exode. Mafka désigne la matière précieuse qu’on extrayait de ces mines, c’est-à-dire la turquoise, d’après M. Birch ; le cuivre, d’après MM. Lepsius et Ebers ; la malachite, d’après M. Chabas. La contrée était nommée « le pays du mafk ». Cf. W. Max Mùller, Asien und Europa nach altàgyptischen Denkmâlern, iir-8°, Leipzig, 1893, p. 133. Or, dit M. Ebers, le mot, précédé de l’article féminin ta, se prononçait Tmafka, d’où serait venu Dafka par la chute de la consonne nasale, comme de Tmermut est venu Thermuthis, 0ép(iou61 ; . « Cette similitude de nom, la situation du lieu sur la route de Raphidim, à une petite journée du désert de Sin, la vaste plaine qui fait suite à l’ouadi Sidr, la source située à une demi-heure au bord de la plaine, l’eau que d’anciennes inscriptions supposent voisine des mines : tout cela constitue en faveur de l’opinion qui place ici la station de Daphca un ensemble considérable de probabilités. » M. Jullien, Sinaï et Syrie, Lille, 1893, p. 75. Si l’on objecte contre cet itinéraire des Hébreux la crainte qu’ils auraient pu avoir des Égyptiens qui gardaient Magharah, nous répondrons que l’exploitation de ces mines paraît avoir cessé sous la XIIe dynastie, longtemps avant le passage des Israélites à travers, la péninsule. — M. Léon de Laborde, Commentaire géographique sur l’Exode et tes Nombres, in-f°, Paris, 1841, p. 98, place Daphca dans l’ouadi Feiran.

A. Legendre.
    1. DAPHNÉ##

DAPHNÉ (Aâçvïi), lieu célèbre, près d’Antioche de Syrie, avec un temple d’Apollon et-de Diane qui possédait le droit d’asile. II Mach., iv, 33. C’est là que se réfugia le grand prêtre Onias III, quand il voulut dénoncer le vol sacrilège commis dans le Temple de Jérusalem par Ménélas. Celui-ci, pour se débarrasser de son accusateur, vint trouver Andronique, dont il avait d’avance payé la complicité avec une partie des vases dérobés, et le pria de le mettre à mort. Le Grec, qui ne pouvait rien refuser à son corrupteur, s’en alla à Daphné, et, tendant la main à Onias, lui affirma par serment qu’il n’avait rien à craindre et lui persuada de sortir du lieu de refuge. Malgré sa défiance, le grand prêtre se laissa prendre à cette promesse ; mais à peine avait-il franchi les limites de l’asile, qu’il tomba percé de coups. Le meurtre d’un homme si vénérable souleva, non seulement parmi les Juifs, mais chez les Grecs eux-mêmes, une indignation générale. Aussi le roi, à son retour de Cilicie, reçutil des deux côtés une accusation formelle contre celui qui était en même temps traître à sa parole et bourreau. Antiochus Épiphane, peu facile pourtant à émouvoir sur les malheurs des Juifs, ne put s’empêcher de pleurer la mort d’un pontife dont il connaissait la conduite digne et la modération. Plein de colère, il ordonna qu’on dépouillât Andronique de la pourpre, qu’on le menât à travers toute la ville, etque ce sacrilège fût tué au même lieu où il avait accompli son crime : c’était un juste rétour de la justice divine. II Mach., iv, 32-38.

Au point de vue" topographique comme au point de vue historique, Daphné et Antioche sont tellement unies, qu’on les désigne l’une par l’autre. On disait : « Daphné d’Antioche, » Aa<pyi) tîj ; ’Avrio^ei’oc ; , Josèphe, Ant. jud., XIV, xv, 11, ou « près d’Antioche », Josèphe, Bell, jud., I, XII, 5, et « Antioche près de Daphné de Syrie », êv’Avïto^Eii Trj im Aaçvîj tt|C Supfaç. Josèphe, Ant. jud., XVII, ii, 1. C’est ainsi que le Codex Alexandrinus, II Mach., iv, 33, porte : èitl Adtçvrn tÏ|{ itpôt’Avuoxei « c xEiuivuc, e Daphné qui est située près d’Antioche. » Cf. H. B. Swete, The Old Testament in Greek, Cambridge, 1894, t. iii, p. 673. La première était regardée comme un faubourg de la seconde, bien qu’elle en fût distante de quarante stades ou huit kilomètres. Cf. Ammien Marcellin, xix, 12, 19 ; Strabon, xvi, p. 750. Elle se trouvait au sud-ouest, près d’un coure d’eau qui descendait vers