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DANSE


les Proverbes, xxvi, 7, on compare « la parabole dans la bouche des sots à l’élévation des jambes », c’est-à-dire à la danse « d’un boiteux ». Vulgate : « De même que le boiteux a en vain de belles jambes, ainsi la parabole est indécente dans la bouche des sots. » Il y a à conclure de cette sentence que les boiteux eux-mêmes ne se privaient pas de danser. Il n’est question de danseuse de profession que dans l’Ecclésiastique, ix, 4, qui dit : « Ne

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474. — Danseuses égyptiennes. xix « dynastie.

Thèbes. El-Gournah.

D’après Champollton, Monuments de l’Egypte, t. ii, pi. clxxxvi.

fréquente pas la danseuse. » Le texte grec parle de joueuse d’instruments, <]/aXXo’J<T7|. Mais, comme nous l’avons remarqué plus haut, la danse ne se séparait pas de la musique. IReg., xviii, 7 ; xxi, 11 ; II Reg., VI, 5 ; Jer., xxxi, 4. Les enfants aimaient à imiter ce dont ils étaient fréquemment témoins. Notre-Seigneur daigne lui-même répéter un de leurs refrains : « Nous avons chanté, et vous n’avez pas dansé. » Matth., xi, 17 ; Luc, vii, 32. — 4° Nous ne savons pas de quelles sortes de mouvements se composaient les anciennes danses hébraïques. Les verbes qui expriment l’action de danser montrent toutefois que, chez les Hébreux comme partout ailleurs, la danse comportait

sions, III Reg., xviii, 26 ; toutefois David paraît avoir excité quelque étonnement par sa danse devant l’arche. II Reg., vi, 5, 22 ; I Par., xv, 29. Dans les temps voisins de la venue de Notre-Seigneur, la danse fut considérée comme indécente pour des hommes. À Rome, on disait que « pour danser, il faut qu’un homme soit ivre ou fou ». Cicéron, Pro Muren., 14. Cf. Corn. Nepos, xv, 1 ; Suétone, Domit., 8 ; Horace, Od., xxi, 11, 12 ; xxxii, 1, 2. Antipater, (ils de Salomé, accusait Archélaûs de s’enivf er pendant la nuit et de se livrer à des danses bachiques. Josèphe, Bell, jud., II, ii, 5. Cependant, s’il faut en croire le Talmud de Babylone, Ketuboth, ꝟ. 16 b, les hommes les plus graves ne dédaignaient pas de danser devant les nouveaux mariés dans les festins de noces.

II. Les danses religieuses. — La danse avait sa place marquée dans les cérémonies religieuses, soit comme accompagnement naturel du chant et de la musique, soit comme moyen de faire participer le corps tout entier au culte de la divinité. — 1° Elle n’était point exclue du culte du vrai Dieu. Au jour d’une « fête de Jéhovah », les jeunes filles de Silo sortaient dans les vignes pour danser, et les Benjaminites en profitèrent pour s’assurer des épouses qu’on leur refusait, Jud., xxi, 19-23, comme plus tard les Romains devaient le faire vis-à-vis des Sabines. Si ces danses de Silo ne constituaient pas un acte strictement religieux, du moins avaient-elles lieu à l’occasion d’une fête du Seigneur. — La danse de David devant l’arche a un caractère plus tranché. C’est en l’honneur du Seigneur que le roi se livre à cet exercice. II Reg., vi, 5, 14, 16 ; I Par., xiii, 8. Quand Michol lui reproche de s’être déshonoré devant des servantes et de s’être conduit comme un rêq, un homme de rien, David répond : « Devant Jéhovah, qui m’a choisi de préférence à ton père, … je danserai, et je m’abaisserai plus encore que je n’ai fait. » II Reg., vi, 20-22 ; I Par., xv, 29. — Dans 1* liturgie du second Temple, des chants étaient exécutés avec accompagnement de danses, au son du tambourin. Ps. cxlix, 3 ; cl, 4. — 2° La danse jouait un grand rôle

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475. — Danseurs égyptiens. D’après P. E. Newberry, BéniHassan, part, ii, pi. 13.

dos sauts, des tours sur soi-même, des mouvements circulaires exécutés par une ou plusieurs personnes, et en général une allure vive et joyeuse. Tout permet donc de supposer que ces danses ne différaient pas essentiellement des danses actuelles des peuples orientaux. La gesticulation qui les accompagnait devait être vive et expressive, mais sans jamais rien présenter d’immoral. De nos jours, les Bédouines exécutent des danses très caractéristiques, mais en gardant toujours cette réserve particulière à l’Orient, dont les danseuses égyptiennes ont le tort de s’exempter trop facilement. Winer, Biblisches Realwôrterbuck, Leipzig, 1833, p. 655. — 5° C’étaient les jeunes filles qui dansaient le plus ordinairement, soit seules, Exod., xv, 20 ; Jud., xi, 31 ; Matth., xiv, 6, etc., soit en chœur, Jud., xxi, 21 ; Jer., xxxi, 4, 13, etc. Mais elles ne dansaient qu’entre elles, et à part des jeunes gens. Jud., xxi, 21 ; Jer., xxxi, 13. Les femmes dansaient aussi, I Reg., xviii, 6, 7, etc., et parfois toute une population se livrait à cet exercice. Exod., xxxii, 6, 19 ; Judith, Jii, 10, etc. Les hommes dansaient dans certaines occa dans les cultes idolâtriques. Les dieux d’Egypte avaient leurs collèges de musiciennes et de danseuses, Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, 1895, t. i, p. 126 ; on dansait en l’honneur de l’Astarthé chananéenne, t. i, col. 1187, et du Dionysos des Grecs, t. i, col. 1376. À Rome, les prêtres de Mars portaient le nom de Saliens, à cause des danses (satire) qu’ils exécutaient par la ville à la fête de leur dieu. La danse idolâtrique se rencontre chez les Hébreux dès leur sortie d’Egypte, quand tout le peuple est réuni autour du veau d’or. Exod., xxxii, 6, 19. D’autres danses ; analogues se pratiquèrent chaque fois que les Israélites s’adonnèrent aux cultes étrangers ; mais la Bible n’en parle pas. — À l’époque du prophète Élie, on voit les prêtres de Baal danser longuement devant leur autel. III Reg., xviii, 26. La danse était en grand usage dans le culte de Baal. Il existait même près de Béryte (Beyrouth), en Phénicie, un temple en l’honneur de Ba’al-Markoâ, ou « Baal de la dansé », ïtarkod venant de râqad, « danser. » On y a trouvé des inscriptions dont l’une mentionne