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DANIEL (LE LIVRE DE)


porté à Babylone, Daniel est élevé dans le palais du roi, avec trois jeunes Hébreux de sa tribu, et s’y livre à l’étude de la littérature chaldéenne. Resté Adèle à Dieu et à la loi, il est admis, pour sa sagesse et son intelligence des visions et des songes, au service du roi, I.

il. Première partie : partie historique. — (1° Histoire de Suzanne, xm. — Susanne, très belle et très pieuse, est sollicitée au mal par deux juges, deux vieillards, qui se sont entendus pour la séduire, 1-20. Susanne résiste, 22-24. Les vieillards l’accusent d’adultère et la font condamner à mort, 25-41. Daniel, suscité de Dieu, intervient, revise le procès, convainc les juges de faux témoignage et justifie Susanne. Grandeur de Daniel, 42-64. [ Addition deutérocanonique.]) — 2° Songe de Nabuchodonosor, n. — Le roi a un songe que personne d’entre les sages ne peut ni rappeler ni expliquer, 1-13. Daniel en obtient de Dieu, par ses prières > le récit et l’intelligence, 14-23. Il le révèle au roi, et l’interprète : c’est la vision delà statue aux quatre métaux symboliques, détruite par une pierre qui devient une montagne, 24-45. Le roi, très ému, proclame Dieu le Dieu des dieux, le nullre des rois, et élève Daniel à une très haute dignité, 4C-49. — 3° Les trois amis de Daniel dans la fournaise, m. — Les trois jeunes Hébreux ayant refusé d’adorer, comme le roi le commandait sous peine d’être condamnés à périr dans le feu, le grande statue de la plaine de Dura, sont jetés avec leurs vêtements dans la fournaise, chauffée ce jour-là à l’excès, 1-23. (Azarias et ses deux compagnons marchent dans les flammes en chantant. Prière d’Azarias, puis cantique d’action de grâces, où toutes les œuvres de Dieu sont invitées par groupe à le louer, chanté par tous les trois, 24-90. [Addition deutérocanonique.]) Le roi, qui s’est approché et a constaté qu’ils étaient vivants, ayant au milieu d’eux comme un fils des dieux (un ange), bénit et loue Jéhovah, et porte un décret pour défendre de le blasphémer, 91-97. — 4° Édit relatif au songe et à la folie de Nabuchodonosor, n, 98- iv. — Inscription. Salut. Doxologie. 98-100. Ayant eu un songe, que les sages babyloniens ne peuvent expliquer, le roi appelle Daniel, qui le lui explique. Le grand arbre qu’il a vii, c’est lui-même. Il sera privé du royaume pendant sept temps et vivra parmi les bêtes, après quoi il sera rétabli. Qu’il fléchisse donc la colère de Dieu par des bonnes œuvres, iv, 1-24. La prédiction se vérifie un an après, tout entière. Revenu à lui, il reprend le pouvoir. Fin de l’édit, qui est une louange du « Roi du ciel », 25-34. — 5° Festin et mort de Baltassar, v, — Dans un grand banquet, la nuit, le roi profane les vases du Temple de Jérusalem, qu’il a fait retirer du trésor. Apparition sur la muraille d’en face de doigts traçant des mots fatidiques, que les sages se déclarent incapables même de lire, 1-8. Daniel, après avoir reproché au roi son impiété et son orgueil, les lit et les interprète, 9-29, col. 1250. Réalisation de la prédiction, 30-31. — 6° Daniel jeté dans la fosse aux lions, et sauvé, vi. — Darius le Mède, par le très grand crédit qu’il accorde à Daniel, excite contre celui-ci la jalousie des satrapes, qui lui font lancer un décret obligeant à n’adorer pendant trente jours que lui seul, 1-9. Daniel, surpris à prier malgré le décret, est dénoncé et jeté aux lions, 10-17. Préservation miraculeuse du prophète. Joie du roi, qui ordonne à ses sujets de révérer le Dieu de Daniel, 17-28. — (7° Destruction de Bel et du dragon, xiv, 1-42. — Daniel, invité par le roi à adorer Bel, lui prouve l’imposture des prêtres qui servent ce dieu. Mort des imposteurs. Renversement du sanctuaire, xiii, 65-xiv, 21. Invité de nouveau à adorer le grand serpent, vivant celui-là, Daniel le tue sans épée ni bâton, 22-26. Émeute dans Babylone contre lui. Il est jeté dans la fosse aux lions. Il en sort six jours après. Ordre royal d’adorer avec crainte le Dieu de Daniel, 27-42. [Addition deutérocanonique.])

/II. Deuxième. partie : partie pboprétiqve. — 1° Vision des quatre animaux, gui représentent les

quatre grands empires, auxquels succédera le royaume du Messie, vu. — 1. Vision des quatre grands animaux, 1-8 ; — 2. Apparition de l’  « Ancien des jours », et son jugement, 9-15 ; — 3. Explication par un ange de cette vision, 16-28. — 2° Vision du bélier et du bouc, qui représentent le second et le troisième des grands empires, vin. — 1. Description de la vision, 1-14 ; — 2. Son explication par un ange, 15-27. — 3° Vision des soixante-dix semaines, rx. — 1. Prière de Daniel pour son peuple ; 1-14 ; — 2. en faveur de qui il implore la miséricorde de Dieu, 15-19 ; — 3. Révélation par l’ange Gabriel du temps précis de la venue du Messie et de la conclusion de la nouvelle alliance, 20-27. — 4° Vision des empires et spécialement de l’empire grec et de l’Antéchrist, x-XH. —

1. Apparition d’un ange resplendissant de lumière, qui révèle à Daniel ce qui doit arriver à son peuple, x ; —

2. Révélation sur les deux empires perse et grécomacédonien, puis spécialement sur les deux royaumes issus de ce dernier et sur les persécutions d’Antiochus IV Épiphane, figure de l’Antéchrist, xi-xh, 3 ; — 3. Autre révélation sur la durée de ce qui a été prédit, xii, 4-13.

IV. Unité du livre. — Ce livre, quoi qu’il en soit des apparences, forme un tout logique, dont l’unité est assez évidente. — 1° Tout se tient dans la première partie. La mention des vases sacrés, I, 2, prépare l’ordre de Baltassar, v, 2, 3, 23. L’éducation chaldéenne des trois amis de Daniel et leur piété rigide expliquent les dignités dont ils sont revêtus et leur résistance au roi, i, 4, 17, 19, 20 ; cf. m. L’intelligence des visions et des songes, don spécial fait à Daniel, rend très naturelle son intervention dans le procès de Susanne, xiii, et dans le songe de Nabuchodonosor, n. Très connu du roi pour ce motif, on conçoit qu’il lui explique la vision du chap. iv. Son apparition dans la salle, chap. v, n’a plus rien ensuite qui surprenne. Et toute cette extraordinaire réputation qu’il s’est faite ainsi justifie les faits racontés chap. vi et chap. xiv : c’est le même genre de prodiges et la même raison d’influence à la cour babylonienne. — 2° Tout se tient aussi dans la seconde partie. Les quatre visions dont elle est composée se complètent l’une l’autre. On peut dire que les trois dernières sont implicitement dans la première. Voir vii, 4, 5, et vm ; vii, 22 b, 26, et ix ; vii, 6, 26, et x-xii. Voir aussi viii, 9-14, 22, 23-26, et x-xii. Ajoutez qu’une vision commune les relie et les domine, — celle de ]’  « Ancien des jours », dont les empires sont dits, ici et là, dépendre et relever. — 3° Les deux parties, à leur tour, s’appellent mutuellement. Même objet général : ainsi le chap. vu est le chap. H autrement symbolisé. Même espèce de prédiction, par vision et par songe. Même esprit, mêmes vues sur l’avenir prochain et éloigné. Même ordre : ordre de temps suivi dans le classement des chapitres des deux parties. Même fin : prouver que Dieu est le Dieu des dieux, le maître des rois et des empires. L’unité est donc certaine. Gall, Die Einheitlichkeit des Bûches Daniel, Giessen, 1895 ; J. Knabenbauer, In Daniel., p. 17-19 ; Hebbelinck, De Auctoritate, p. 19-25, et surtout Pusey, Daniel, p. 9-15. — Cette unité n’est contredite ni par l’usage successif de la première et de la troisième personne (on le trouve dans Isaïe, vi, 1, 5 ; vii, 3 ; viii, 1 ; xxxvii, 6) ; ni par l’usage des deux langues que l’on constate dans le livre, car on le trouve dans Esdras, dont l’écrit n’a jamais été attribué à deux auteurs. Du reste, la manière dont la transition de l’hébreu à l’araméen est faite, en plein verset ii, 4* et 4 b, écarte toute dualité d’auteurs. Aussi cette unité est-elle reconnue aujourd’hui par les rationalistes eux-mêmes. A. Kuenen, Histoire critique des livres de l’Ancien Testament, trad. A. Pierson, Paris, 1868, t. ii, p. 519, 520 ; Bleek-Wellhausen, Einleitung in das Alte Testament, Berlin, 1886, p. 414, 415.

V. Auteur du livre. — Si le livre est un, il faut qu’il n’ait qu’un seul auteur. Et en effet, quoi qu’on ait dit et soutenu autrefois (J. Knabenbauer, In Daniel., p. 19). il est communément reçu qu’il n’a qu’un auteur. — Il a