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GANA D’ASER

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Voir Cana de Gaulée. On identifie généralement, et d’une manière qui nous paraît certaine, Cana d’Aser avec un grand village qui porte encore aujourd’hui exactement le même nom et se trouve à douze kilomètres environ au sud-est de Sour (Tyr). L’arabe JS, Qânâ, avec qof initial, est bien la reproduction de l’hébreu ïiip, Qànâh, et la position répond parfaitement aux données bibliques. Telle est l’opinion de Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. ii, p. 456 ; R. J. Schwarz, Das heilige Land, Francfort-sur-le-Main, 1852, p. 153 ; Vaii deYelde, Memoir to accompany the Map of the Holy Land, Gotha, 1858, p. 327, etc.

Qânâ, dont la population’totale comprend au moins mille habitants, . se compose de trois quartiers. Le quar de signaler. Vers le nord-ouest, sur les flancs du profond et sauvage ouadi’Aqqàb, partout le rocher a été entaillé pour creuser des hypogées et des fours à cercueil, des pressoirs, etc. « De Kabr-Hiram ou de Hanaouéh à Cana, dit M. Renan, les antiquités de ce genre, taillées dans le roc, se rencontrent à chaque pas : c’est, par centaines qu’elles se comptent. La route de Cana est, sous ce rapport, l’endroit le plus remarquable que j’aie vu. Je signalerai en particulier des espèces de caveaux ayant dans le haut un trou rond, d’innombrables travaux industriels dans le roc, mêlés à de belles sépultures, aussi dans le roc. Les pierres en forme de potence (pressoirs ) abondent, les chambres dans le roc se voient de toutes parts. Il y a aussi des constructions, des restes de murs. La colline rocheuse près de Cana surtout est

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40. — Bochers soulptéa à Hanaouèh, près ûe Tyr. D’après Lortet, La Syrie d’aujourd’hui.

tier supérieur, qui passe pour être le plus ancien, occupe le sommet de la colline sur les pentes orientales de laquelle sont situés les deux autres ; il est presque entièrement abandonné aujourd’hui, sauf quelques maisons, et les pierres de ses constructions renversées sont transportées et utilisées dans les autres parties du village. Plus bas, vers l’est, est un second quartier, habité, comme le premier, par des Métoualis, au nombre de six cents environ. On y remarque deux mosquées, dont une à moitié ruinée, et une grande maison qui servait autrefois de résidence à un bey opulent. Plus bas encore, dans la même direction, se trouve le quartier chrétien, qui contient à peu près quatre cents Grecs unis, dont l’église, dédiée à saint Joseph, est nouvellement rebâtie. Une chapelle protestante l’avoisine. En continuant à descendre des pentes cultivées en figuiers, en oliviers et en tabac, on arrive bientôt à un puits appelé, on ne sait pourquoi, ’Aïn el-Qasîs, « la source du prêtre, » et près duquel on lit sur une belle pierre servant d’auge le mot grec : EKOCMHCEN, « a orné. » Le reste de l’inscription gît, à ce qu’il parait, au fond du puits, où elle a été projetée autrefois ; elle devait être placée sur un monument qui avait été décoré par un personnage dont elle faisait connaître le nom. "V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 390-391.

Qânâ ne renferme pas beaucoup d’antiquités, mais ses environs en offrent de très curieuses, qu’il est utile

couverte de ces travaux, trous ronds, petits et grands, dans le rocher (les grands sont des ùnoÀ^via), bassins, rigoles, etc…, c’est aux environs de Cana qu’on trouve les plus belles sépultures tyriennes, souvent comparables par leur masse grandiose à celle qu’on a décorée du nom d’Hiram. » Renan, Mission de Phénicie, in-4°, Paris, 1864, p. 635, 636. Les vestiges d’antiquité les plus singuliers sont les sculptures bizarres qu’on remarque à quinze ou seize cents mètres au nord-ouest du village. Le ravin devient de plus on plus sauvage ; en beaucoup d’endroits les rochers ont été taillés verticalement, et à la surface de ces murs abrupts il y a une longue série de petites statues et de stèles funéraires taillées en ronde-bosse dans le calcaire du sol. « Ces statuettes ont de quatrevingts centimètres à un mètre de hauteur. Elles ont un caractère archaïque des plus prononcés ; leur corps est souvent terminé en pilastre quadrangulaire on par une large robe assyrienne fermée du coté gauche. Les yeux sont vus de face, tandis que la plupart du temps les figures sont tournées de profil. Dans les angles saillants du rocher on voit plusieurs têtes qui ne manquent pas d’un certain caractère. » Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, . dans le Tour du monde, t. xli, p. 30. Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterly Slatement, 1890, p. 259-’261, avec deux photographies. Voir fig. 40..M. Lortet pratiqua des fouilles à la base de ces sculptures, mais sans-