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COUDÉE — COULEURS


Temple, il est difficile de décider si la grande coudée est encore employée, plutôt que la coudée commune, dans les longueurs des parties du rempart de Jérusalem indiquées IV Reg., xiv, 13 ; Il Par., xxv, 23, et II Esdr., iii, 13. (Quant à la tour de cent coudées mentionnée par laVulgate, II Esdr., iii, 1, le texte hébreu ne parle pas de coudées, et le mot Meah est un nom propre : la tour de Méah.) Le rouleau de Zach., v, 2, estimé à vingt coudées de long sur dix, est évalué plus probablement en coudées communes, en usage après la captivité, d’après II Par., iii, 3. — 8° Les dimensions de la statue d’or de Nabuchodonosor, Dan., iii, 1, sont peut-être données d’après le système babylonien, où la coudée royale est de iii, 54. On a trouvé la hauteur disproportionnée, et on en a fait une objection contre l’authenticité du livre de Daniel. Mais la statue pouvait être placée sur une colonne ou un piédestal. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., 1896, t. iv, p. 302. — 9° Pour la tour de cinquante coudées et remplie de cendres, où fut jeté Ménélaûs, II Mach., xiii, 5, sa hauteur peut être évaluée d’après la coudée juive commune, — 10° La coudée n’est mentionnée dans les Évangiles qu’en deux endroits. « Qui peut, dit Notre -Seigneur, Matth., vi, 27 ; Luc, xii, 25, ajouter une coudée à sa taille, » ou, selon d’autres interprètes, « à la durée de sa vie ? » (Pour l’expression « une coudée de temps », elle est employée par un poète grec, Mimnerme, dans Stobœi Florilegium, tit. 98, n° 13, in-24, Leipzig, 1838, t. iii, p. 226 ; cf. Ps. xxxviii, 6.) Ce doit être la coudée commune, employée en Palestine. Rien ne permet de penser que les Juifs aient adopté alors la coudée grecque ou romaine. Quant à Joa., xxi, 8, la distance peut être évaluée d’après les usages juifs ; mais on peut dire aussi qu'à la fin du 1 er siècle, et s’adressant à des lecteurs habitués plutôt alors aux usages grecs, saint Jean a pu exprimer la distance d’après la coudée grecque. — 11° Il en est de même de la coudée dont parle l’Apocalypse, xxi, 17, pour la mesure des murailles de la cité céleste, cent quarante-quatre coudées. C’est bien une coudée commune sans doute, mensura hominis, ajoute saint Jean. Cf. Deut., iii, 11. Mais, pour les mêmes raisons, l’apôtre pouvait employer la coudée grecque de iii, 411, ou peut-être la coudée en usage dans l’Asie Mineure, m, 495. Du reste, il n’y avait pas une grande différence avec la coudée juive commune, ra, 45. E. Levesque.

COULEURS. — I. Les noms des couleurs et leur Détermination. — Dans la Sainte Écriture se rencontrent un certain nombre de mots qui servent à désigner les couleurs. Il n’est pas toujours possible cependant de déterminer la nuance exacte que les auteurs sacrés ont en vue. Le même terme s’applique souvent à des teintes assez différentes, et d’ailleurs il faut convenir que les anciens ne pouvaient établir l'échelle technique des couleurs avec autant de précision qu’on l’a fait à une époque toute récente. Nos langues modernes manquent elles-mêmes de mots pour désigner toutes les nuances des couleurs, et nous sommes obligés de déterminer ces dernières soit en indiquant leur origine, soit en les rapprochant d’objets naturels ayant une coloration fixe. Aristote, Meteor., iii, 4, n’admettait que trois couleurs dans l’arc-en-ciel, le rouge, le vert et le violet, tout en constatant, iii, 2, qu’entre le rouge et le vert apparaît souvent du jaune. D’après Pline, H. N., xxi, 22, il y a trois couleurs principales, le rouge, le violet et le bleu. On ne doit donc pas s'étonner si l’imprécision à laquelle n’ont pu échapper ces savants anciens se retrouve, en pareille matière, sous la plume des auteurs sacrés. Voici les différentes couleurs dont parlent ces derniers :

1° Blanc. Làbân, ls.xrn.61, albus, Gen., xxx, 33 ; Exod., xvi, 31 ; Lev., xiii, 3 ; Zach., 1, 8 ; vi, 3, 6, etc. ; le lâbân est la couleur blanche éclatante, d’où le nom de lebânâh donné à la lune. Cant., vi, 9 (hébreu, 10) ; Is., xxiv, 23 ; xxx, 26. — Bûs, ^jcraivo ; , byssinus, I Par., xv, 27 ; Il Par.,

v, 12 ; Esth., i, 6 ; viii, 15, désigne indirectement la couleur blanche parce que c’est la couleur naturelle du byssus. Voir Lin. — Hislig, -/lovwÔTJaovTai, nive dealbabuntur, Ps. lxvii (lxviii), 15, la blancheur de la neige. Ce blanc de neige ne peut être imité par les foulons. Matth., xvii, 2 ; Marc, ix, 2. — Safy, Xeux<5 ; , candidus, Cant., v, 10, le blanc éclatant comme la lumière du soleil. — Seybâh, TîoXtat, carei, Ose., vii, 9, se dit des cheveux blancs ou gris. — Ses, P’j<j(to « , byssus, mot égyptien qui correspond au bûs hébreu, Exod., xxv, 4 ; xxxv, 6, 23, etc., et qui sous la forme Ses, Esth., i, 6 ; Cant., v, 15, ou sayîs, I Par., xxix, 2, sert à désigner le marbre blanc. — Karpas, xipTrzooç, carbasinus, Esth., i, 6, blancheur d’une sorte d'étoffe de coton. — Ifivvâr, Xeu-xôv rà<rrei yiwv, candidum quasi nix. Dan., vii, 9. Le mot chaldéen hivvâr ne se lit qu’en cet endroit. Le mot hébreu correspondant l.iûr désigne une espèce de lin blanc. Esth., i, 6 ; vin, 15.

2° Noir. L’uni, tpcaôv, furvum, Gen., xxx, 32, 33, 35, 40, le brun noir de la toison des brebis. — 'Orêb, ce qui est noir et sombre, d’où les noms du corbeau, 'ôrêb, et du soir, 'éréb. — Sàhôr, |ji). « ; , niger, le noir des cheveux, du poil des animaux, de la peau brûlée par le soleil, Lev., xm, 31, 37 ; Cant., i, 5 ; v, 11 ; Zach., vi, 2, 6, d’où sehôr, couleur noire, êuxô-cias, denigrala est, Lam., iv, 8, en parlant du visage. — Qâdar, rendu par les versions comme sehôr, et s’appliquant aussi au visage bruni par les épreuves et les intempéries. Job, xxx, 28.

3° Rouge. I. Le mot dam, « sang, » donne les dérivés suivants pour désigner tes objets dont la couleur rappelle celle du sang : 1. 'Adom, Ipu9p<5 ; , ruber, le rouge-sang, qui teint les vêtements, Is., lxiii, 2, et qui colore les joues du jeune homme, Cant., v, 10, et aussi la couleur rousse, mippô ; , « rouge-feu, » rufus, d’une vache, Num., xix, 2, ou d’un cheval. Zach., i, 8 ; vi, 2. — 2. Me’oddâm, le rouge-sang, dont on teint les peaux, T)pu9po8c(v<ofjivG<, rubricatx, Exod., xxv, 5 ; xxxv, 7, 23, etc., et les boucliers, igniti (Septante : i àvâptiroov, par suite d’une lecture fautive), Nah., ii, 3. — 3. 'Adamdàm, Tt’jppîÇouaoç, subrufus, rougeâtre, se dit des taches qui apparaissent sur la peau des lépreux. Lev., xiii, 19 ; xiv, 37. Cf. Homère, lliad., v, 83 ; xvi, 334 ; xvii, 361. - 4. 'Admônî, iu>ppdcxr)i ; , rufus, la couleur rouge des cheveux d'Ésaù, Gen., xxv, 25, et de David. I Reg., xvi, 12 ; xvii, 42. — IL La couleur rouge est encore indiquée par d’autres termes : 1. IJâmar, xépaa-fj. », mistum, Ps. lxxiv (lxxv), 9. la couleur du vin écumant. — 1. Pà'rûr, le rouge du visage, pareil à celui d’une marmite de terre cuite. Joël, ii, 6 ; Nah., Il, 11. — 3. Sâsêr, piX-to ; , sinopis, le vermillon ou minium qui sert à peindre les images, Jer., xxii, 14 ; Ezech., xxiii, 14 (Sap., xiii, 14). Voir Vermillon. — 4. Tôlâ' et Sânî, le cramoisi. Voir Cochenille. — 5. Sàroq, tya.p6ç, varius, la couleur rousse d’un cheval, Zach., i, 8 ; VI, 3, et celle des vignes couvertes de raisins ou dont les feuilles sont rougies par le soleil. Is. xvi, 8 (hébreu).

4° Violet. 'Argâmân, Tropçùpa, purpura, Exod., xxvi, 1, 31, 36 ; xxvii, 16, etc. ; Esth., i, 6 ; viii, 15 ; Prov., xxxi, 32 ; Cant., iii, 10 ; Jer., x, 9, etc. ; en chaldéen, 'argevan, Dan., v, 7, 16, 29, la pourpre, couleur d’un rouge foncé très voisin du violet. Voir Pourpre.

5° Bleu, 'fekêlét, ûàxtvOo ; , ûaxivOivoç, àî.oitôptpupo ; , hyacinthus, hyacinthinus. Exod., xxvi, 1, 31, 36 ; xxvii, 16, etc. ; Num., iv, 6, 7, 9, 11, 12 ; Esth., viii, 15 ; Jer., x, 9 ; Ezech., xxiii, 6 ; xxvii, 7, 24, etc. C’est le bleu que Josèphe, Ant.jud., III, vii, 7, compare à la couleur intense de l’atmosphère en Orient.

6° Vert. i.Yârâq, Deut, xi, 10 (hébreu), III Reg., xxi, 2, IV Reg., xix, 26 : -/Xupôç, virens, ce qui est vert comme les légumes, d’où yéréq, la verdure, Gen., i, 30 (hébreu) ; ix, 3 : iyjx-iy. -/Jipza-j, olera virentia, Ps. xxxvi (xxxvii), 2. — 2. 'Eb, le vert de l’herbe, Job, viii, 12 : ln piÇ-r, ; , in flore ; Cant., VI, 11 (10) : àv yetvr t (i.'xm, poma. — 3. Ra’anàn, le