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CORINTHIENS (DEUXIÈME EPITRE AUX)


Epistle to the Corinthians, in-8°, Londres, 1881 ; C. Holsten, Das Evangelium des Paulus. Th. I, Der erste Brief an die Gemeinde in Korinth, in-8°, Berlin, 1880 ; Ch. Edwards, À Commentary on the ftrst Epistle to the Corinthians, in-8°, Londres, 1885 ; Godet, Commentaire sur la première épïtre aux Corinthiens, 2 in-8°, Neufchatel, 1886-1887 ; G. Schnedermann, Die Briefe an die Korinther, in-8°, Nordlingue, 1888 ; G. Heinrici, Kritisch exegeliscltes Handbuch ûber den ersten Brief an die Korinther, in-8°, Gœttingue, 1888 ; Ch. Ellicott, A critical and grammatical Commentary on St Paul’s first Epistle to the Corinthians, in-8°, Andover, 1889 ; W. Schmiedel, Hand Commentar zu Korinlherbrief, in-8°, Fribourg, 1890. E. Jacquieh.

2. CORINTHIENS (DEUXIÈME ÉPÎTRE AUX). — Les

plus anciens manuscrits onciaux ont pour titre : upo ; xopivdiou ; B ; les autres, en général, xç> r >s xopiv810u{ SeuTepa e7 « 5To>.Y). Pour les titres plus développés, voir Tischendorf, Novum Testamentum grsece, 8 a edit. maj., t. ii, p. 569.

I. Occasion et but de l'Épître. — La deuxième Épïtre aux Corinthiens est l’unique source que nous possédions sur les événements qui ont suivi la première lettre de Paul et l’obligèrent à écrire la seconde. Mais les exégètes interprètent différemment quelques passages de cette seconde lettre et, par suite, présentent les faits de deux manières différentes, que nous allons exposer successivement.

1° La première lettre de Paul nous avait laissé entrevoir une situation troublée ; l’autorité de l’Apôtre était diminuée par la préférence de quelques-uns pour Apollos, et surtout par les attaques des judaïsants venus d’Antioche. Paul avait envoyé Timothée à Corinthe et avait ensuite écrit aux fidèles de cette ville notre première lettre pour porter remède à cet état de choses ; mais tout alla en s’aggravant. — Quoique ni les Actes des Apôtres ni saint Paul ne nous disent rien du résultat de la mission de Timothée à Corinthe, il est probable qu’il a dû l’accomplir, mais avec peu de succès. La lettre apostolique paraît avoir contristé ceux qui étaient restés fidèles à saint Paul, même en avoir éloigné de lui une partie, et surtout avoir irrité violemment ses adversaires. C’est peut-être à cetie occasion que les violences et les injures contre Paul redoublèrent. Il était accusé de légèreté, de caprice, d’irrésolution dans ses projets, de contradiction avec lui-même. II Cor., i, 17-19. — De loin il fait des menaces. « Ses lettres sont à la vérité graves et fortes, mais la présence de son corps est faible et sa parole méprisable. » II Cor., x, 10. Présent, il est humble d’apparence ; absent, il est plein de hardiesse, x, 2. Comme autrefois il combat avec les armes matérielles, x, 3. Sa prédication falsifie la parole de Dieu ; elle est pleine d’artifices, elle est obscure, iv, 2-3 ; son désintéressement est une ruse et n’est pas réel, xii, 16. Il n’est pas apôtre, car il n’a pas de lettres de recommandation, iii, 2 ; il se recommande lui-même, iii, 1. Il n’est pas un vrai Israélite, un fils d’Abraham, un ministre du Christ, xi, 22, 23 ; il ne se laisse pas entretenir par les fidèles et vit de son métier, xi, 16-21. Il n’a jamais eu ni visions ni révélations, xii, 1-10 ; enfin c’est un fou, un insensé, xi, 1, 16. Telles étaient les accusations des judaïsants, dont Paul eut à se défendre dans sa lettre.

Il semble bien que Paul n’a plus maintenant devant lui que les judaïsants partisans du Christ. II Cor., x, 7. Il n’est plus question des partisans de Céphas. Ces partisans du Christ se flattaient d'être les apôtres par excellence,-inepMav ànôuToXoi, xi, 5 ; xii, II ; ils prêchaient un autre Évangile, un autre Jésus, un autre Esprit, xi, 4. Us n’enseignaient pas ouvertement la nécessité des observances légales, mais se déclaraient les ministres de la justice, Siàxovot Sixaioiôvi, ; , II Cor., xi, 15. Pour le moment ils tiennent secrète leur doctrine, iv, 2, et veulent

s'établir au-dessus de saint Paul ; car ils sont Hébreux, Israélites, de la race d’Abraham, ministres du Christ, xi, 22, 23 ; ils ont des lettres de recommandation, iii, 1. — Mais, dit l’Apôtre, ils se recommandent eux-mêmes, x, 12 ; ils se glorifient des travaux d’autrui, x, 15 ; ils asservissent, ils dévorent, ils outragent les Corinthiens, les frappent au visage, xi, 20 ; ce sont de faux apôtres, des ouvriers trompeurs déguisés en apôtres du Christ, xi, 13. — Il semble bien qu'à un moment ils ont triomphé, et qu’ils ont su tromper la majorité de la communauté corinthienne, xi, 3. Saint Paul insinue qu’elle pourrait supporter qu’un autre Jésus soit prêché, recevoir un autre Esprit, xi, 4, paroles que des faits doivent justifier.

Ému de ces nouvelles, et inquiet de ce qui s'était passé, des résultats qu’avait produits sa première lettre, Paul avait envoyé Tite à Corinthe. L’avait-il muni d’une lettre de recommandation ? c’est ce que nous ne pouvons savoir, mais c’est très probable. Peu après, vers la Pentecôte, chassé peut-être d'Éphèse par l'émeute soulevée par Démétrius, il était parti pour la Macédoine. Arrivé à Troade, il voulait y attendre le retour de Tite ; mais celui-ci n’arrivant pas, de plus en plus inquiet, il passa en Macédoine, où enfin il rencontra son envoyé. Tite lui apportait de bonnes nouvelles. Grâce à son esprit de conciliation et aux explications qu’il avait données, les fidèles avaient été affligés de la peine qu’avait éprouvée Paul, vii, 7 ; ils revenaient entièrement à lui, ils se repentaient et reconnaissaient son autorité, vil, 8-16 ; l’incestueux avait été puni et se repentait, ii, 5-11. Cependant l’opposition n'était pas éteinte ; il y avait encore dans la communauté des gens qui refusaient de reconnaître l’autorité apostolique de Paul. Le parti judaïsant n’avait pas désarmé. De plus, la majorité était revenue à lui, mais elle avait hésité un instant et avait été troublée par les attaques des ennemis de l’Apôtre. Sur le point de faire un nouveau voyage à Corinthe, Paul voulut préparer les voies, éclaircir la situation, répondre à tous les reproches et briser toutes les résistances, afin qu'à son arrivée, tout étant purifié, il put agir chez eux en toute tranquillité et confiance, xiii, 10.

Le but premier de la lettre fut d’abord de témoigner aux fidèles la satisfaction qu'éprouvait l’Apôtre de voir qu’ils revenaient à lui, et leur expliquer les raisons pour lesquelles il avait écrit sa première lettre, puis d’organiser définitivement la collecte pour les pauvres de Jérusalem ; mais, au fond, saint Paul, encore inquiet des attaques des judaïsants, voulait se justifier des reproches qu’on lui faisait et établir son autorité apostolique. Dans une première partie il fait son apologie en expliquant sa conduite récente ; il dissipe les malentendus qui s'étaient élevés entre lui et la jeune Église, et répond aux reproches d’irrésolution et d’arrogance qu’on lui adresse, i-vn. Suivant sa méthode ordinaire, il ne s’arrête pas à des minuties, à des explications oiseuses ; mais, s'élevant aux principes, il décrit le ministère chrétien tel qu’il est et tel qu’il l’a pratiqué ; il met en opposition le ministère chrétien avec le ministère juif, la conduite de ses adversaires judaïsants et la sienne. Ces explications données, il parle de la collecte, vm-ix ; là et dans le cours de l'Épître, à diverses reprises, il se justifie d’un soupçon qu’on avait insinué sur son désintéressement : il ne veut pas être entretenu par les Églises, mais il demande de grosses sommes d’argent. Il règle tout de façon à couper court à ces insinuations, puis brusquement il revient à ses adversaires, et maintenant il les attaque, il les menace ; il les traite de suppôts de Satan, de mauvais ouvriers, xi, 13-15. Ce n’est pas à eux qu’il s’adresse directement, mais aux fidèles de la communauté, qui s'étaient plus ou moins laissés séduire par eux, xi, 3. C’est eux qu’il veut convaincre, et pour obtenir ce résultat il établit d’abord son autorité apostolique, et prouve ensuite qu’il n’est inférieur à personne, qu’au contraire en tout il est égal à ses adversaires ou même leur est supérieur, x-xm. En