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CORINTHIENS (PREMIÈRE ÉPITRE AUX)


16-24 ; xii, 18, dit Plummer, Smith-Fuller, Dictionary of the Bible, 2e édit., 1893, t. i, p. 655.

IV. Authenticité. — La première Épitre aux Corinthiens a en faveur de son authenticité des preuves si décisives que jamais elle n’a été sérieusement mise en doute. Seuls quelques rationalistes récents, Bruno Bauer, Kritik der Paulinischen Briefe, Leipzig, 1851 ; Christus und die Câsaren, Leipzig, 1877 ; Naber et Pierson, Verisimilia, Laceram conditionem N. T. exemplis illustraverunt et ab origine repetierunt, Amsterdam, 1887 ; Loman, Questiones Paulinse, Leyde, 1882 ; Steck, Der Galaterbrief nach seiner Echtheit untersucht nebst kritischen Bemerkungen zu den Paulinischen Hauptbriefen, Berlin, 1888, ont contesté l’authenticité totale ou partielle de cette Épître. Les objections qu’ils ont soulevées sont d’ailleurs si insignifiantes, que nous ne nous arrêterons pas à les discuter ; il suffira de présenter les preuves principales de l’authenticité de notre Épître.

1° Preuves extrinsèques. — Les premiers écrivains ecclésiastiques ont certainement connu la première Épitre aux Corinthiens. Quelques-uns même l’ont citée par son nom. Saint Clément Romain, écrivant aux Corinthiens, en 95, au nom de l'Église de Rome, reproduit, Cor., i, 49, t. i, col. 310, en termes presque identiques le magnifique éloge que saint Paul avait fait de la charité. I Cor., xiii, 1-13. Bien plus, il rappelle en propres termes cette Épître aux Corinthiens et la déclare inspirée : « Reprenez, dit-il, l'Épître du bienheureux Paul l’apôtre. Que vous a-t-il écrit d’abord au commencement de l'Évangile ? En vérité, divinement inspiré, jtvEuiJiaT'.xwç, il vous a écrit sur lui-même, surCéphas et survpollos, parce que déjà alors vous faisiez des préférences. » Ad Cor., xlvii, 1-3, t. i, col. 306. Ce passage de la lettre romaine aux Corinthiens prouve clairement que les Épltres aux Corinthiens étaient tenues, tant à Rome qu'à Corinthe, comme étant de saint Paul et comme canoniques. — Le témoignage de saint Polycarpe est aussi très net. Dans son épître aux Philippiens, xi, 2, t. v, col. 1014, il cite le jt. 3 du chapitre vi de la première Épître aux Corinthiens : « Ne savons-nous pas que les saints jugeront le monde ? » Et il ajoute : xaôw ; IlaCiXoç SiSàtrxEi, « comme Paul l’enseigne. » L'énumération que fait saint Polycarpe des vicieux, Philipp., v, t. v, col. 1010, est exactement parallèle à celle de I Cor., VI, 9, 10, et se termine par une déclaration identique, « qu’ils n’hériteront point le royaume de Dieu. » Nous avons encore des citations plus ou moins textuelles ou des passages analogues dans les écrits suivants : Doctrine des douze Apôtres (70-100), ix et I Cor., x, 16 ; xi, 27 ; Doct., X et [ Cor., xvi, 22 ; Doct., xvi et I Cor., xv, 52 ; S. Ignace martyr, t. v, col. 660, Ephes., xviii et I Cor., i, 18, 23, 24, et une citation approximative de i, 20, dans Ep. ad Rom., v, l ; ibid., col. 692 : i).À' où 7rapà toOto 6eSixac’u>|iai. Citation textuelle de I Cor., IV, 4. — Épître à Diognète, ix, ii, t. ii, col. 1181 et I Cor., iii, 21-26. — Justin martyr (147), t. vi, col. 550, cite dans le Dialogue avec Tryphon, xxxv, le verset 19 du chapitre xi ; il parle des vieilles œuvres, du mauvais levain ; il appelle Jésus-Christ notre Pâque. 1 Cor., v, 6-8. Dans Apol., i, 19, t. v, col. 558, il dit que le corps humain, dissous dans la terre à la manière des semences, ressuscitera par l’ordre de Dieu, et qu’il n’est point impossible qu’il revête l’incorruptibilité. I Cor., xv, 35-37, 53, 54. — Athénagore, vers l’an 177, dans la de Resurr. mort., xviii, t. v, col. 976, cite une partie de I Cor., Xv, 51, comme étant de l’Apôtre. — Saint Irénée (140-202), . t. vii, cite cette Épitre plus de soixante fois, nommant souvent saint Paul et quelquefois les Corinthiens. Adv. hxr., iii, 11, 9, t. vii, col. 891 et I Cor., xi, 4, 5 ; xii-xiv. CI. aussi, ibid., lib. iv, 27, 3, t. vii, col. 1059, et I Cor., x, 1-12 ; ibid., lib. iii, 23, 8, t. vii, col. 966, et I Cor., xv, 22. — Clément d’Alexandrie (180-211), t. vni, cite la première Épitre environ cent cinquante fois, quelquefois par son nom : ivrf, itpOTepa r.po ; Kos'.vfjisv ; ÈhkttoXv-. Ptedag., i, 6, t. viii, col. 290. - Tertullien (195-210) la

cite quatre à cinq cents fois et quelquefois la nomme : Paulus in prima ad Corinthios. De prsescript., 33, t. ii, col. 46. Voir pour plus détails H. Charteris, Çanonicity, Londres, 1880, p. 222-230. — Parmi les écrivains hérétiques, Basilides (125) la connaissait ; Marcion l’avait admise dans son canon. On trouve dans Zahn, Geschichte des Neutestamentlichen Kanons, t. ii, p. 505-514, les passages que l’on a pu reconstituer. D’après Hippolyte, Adv. hser., v, 8, t. vii, col. 1142, les ophites et les pérakites regardaient cette Épitre comme canonique. Même constatation pour Héracléon, d’après Origène, Convni. in Joa., xiii, 59, t. xiv, col. 519 ; pour Ptolémée, d’après saint Irénée, Adv. liser., i, 3, 5, t. vii, col. 476 ; pour Théodote, d’après Clément d’Alexandrie, Excerptas, 49, t. ix, col. 719. — L’ancienne version latine et la Peschito possédaient cette Épitre ; pour le canon de Muratori, voir col. 170. 2° Preuves intrinsèques. — Si nous examinons cette première lettre dans son contenu, tant historique que dogmatique, au point de vue littéraire ou grammatical, nous n’hésiterons pas à l’attribuer à saint Paul. Les observations que nous aurons à faire plus tard sur la langue, le style de cette Épitre, et sur la manière dont sont cités les textes de l’Ancien Testament, la montreront absolument ressemblante aux autres lettres de l’Apôtre. Nous retrouvons ici la marche caractéristique de saint Paul, sa dialectique particulière, son habitude de traiter toute question en établissant des principes généraux, d’où il tire les conclusions particulières. Comme exemple, voir ce qui est dit sur les idolothytes, vm-x ; sur la conduite à tenir par les femmes dans les assemblées publiques, xi, 2-17. Tout ce que nous savons par ailleurs des rapports de saint Paul et de l'Église de Corinthe se retrouve confirmé dans cette Épître. Que l’on compare, par exemple, les passages suivants des Actes des Apôtres et la première Épître aux Corinthiens, et l’on se convaincra que, bien que les deux écrits suivent une marche différente et présentent les faits sous un autre aspect, tout néanmoins s’accorde parfaitement.

I Corinthiens.

n, 1. Saint Paul est allé chez les Corinthiens.

iv, 17-19. Il se propose d’y retourner.

1, 12. Prédication d’Apollo à Corinthe.

iv, 11, 12. Saint Paul travaille de ses propres mains.

ix, 20. Saint Paul a été Juif avec les Juifs.

i, 14. Il a baptisé Crispus.

xvi, 5. Il se propose d’aller à Corinthe en passant par la Macédoine.

Actes des Apôtres.

xviii. Premier séjour à Corinthe. xix, 2. Second séjour.

xviii, 27, 28. Voyage d’Apollos à Corinthe et sa prédication dans cette ville.

xviii, 3 ; xx, 34 ; I Thess., n, 9 ; II Thess., iii, 8, confirment ce fait.

xvi, 3. Il fait circoncire Timolhée ; xxi, 23-26, il accomplit les rites d’un vœu.

xviii, 8. Crispus crut en Jésus-Christ.

xix, 21. Même projet signalé.

Pour le développement de ces indications sommaires, voir Paley, Horse Paulinse, Londres, 1787.

Il est inutile d’insister davantage ; concluons avec Ch. Baur, Der Apostel Paulus, Stuttgart, 1845, t. i, p. 260, que cette Épître porte en elle-même le sceau de son authenticité ; car, plus qu’aucun autre écrit du Nouveau Testament, elle nous transporte dans le vivant milieu d’une Église en formation, et nous procure l’intuition des circonstances qu’avait à traverser le développement de la vie nouvelle évoquée par le christianisme.

V. Canonicité. — La canonicité de la première Épître aux Corinthiens est établie par ce fait que nous la trouvons connue et employée comme Écriture divine par les Pères de l'Église les plus anciens, ainsi qu’il ressort des