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CORBEAU — CORBEILLE


buffles, leur crève les yeux et ensuite s’attaque à leur chair. On lit dans les Pcoverbes, xxx, 17 :

L’œil de celui qui se rit de son père, Et qui refuse d’obéir à sa mère,

Que les corbeaux du torrent le crèvent Et que les petits de l’aigle le dévorent.

Une pensée analogue, en ce qui concerne les corbeaux, se retrouve dans Aristophane, Thesmoph., 942 ; Horace, Epist., i, xvi, 48, et Catulle, Carm., cviii, 5. Chez les Grecs, « être jeté aux corbeaux » pour devenir leur pâture constituait le suprême déshonneur. Plutarque, Moral., 860 c ; Aristophane, Nub., 123, 789 ; Vesp., 51. — Les corbeaux ont l’habitude de dérober les semences nouvellement jetées en terre, quand ils ne trouvent pas facilement d’autre nourriture. Les moineaux, qui sont aussi des passereaux conirostres, procèdent de même. Mais les dégâts ainsi causés par ces oiseaux sont en général largement compensés par la destruction des vers et des larves dont ils débarrassent les champs de culture. Ces habitudes de maraude avaient fait donner au corbeau, et spécialement au freux, le surnom de anBpy.a)6yoc, « ramasseur de semences. » Aristophane, Aves, 232, 579 ; Aristote, Hist. anim., viii, 36 ; Plutarque, Demetrius, 18. Ce nom s’appliqua ensuite aux misérables qui ramassaient des grains sur le marché pour se nourrir, et par extension aux parasites, aux bouffons et aux gueux de toute espèce. Démosthène, 269, 19 ; Philostrate, 203 ; Plutarque, Moral., 664 a ; Denys d’Halicarnasse, Epist. xvii, 6. Cf. Bailly-Egger, Dict. gr.-franc., Paris, 1895, p. 1777. Quand saint Paul parât à Athènes, avec son accoutrement étranger et sa prononciation barbare, les désœuvrés de l’agora l’accueillirent en s’écriant : « Que. veut donc dire ce gueux-là, trciepiioXÔYOi outoç ? » Act., xvii, 18. La Vulgate a traduit le mot par seminiverbius, « semeur de paroles, » comme s’il y avait en grec cmetpwv Xoyou ; , tandis que dans n71Epi « jXbfoç la première partie du mot représente le substantif formant complément, et la seconde le verbe Xéyoj, « cueillir. » Seminiverbius doit en tout cas se prendre en mauvaise part, avec le sens de « bavard », qui revient à celui de « bouffon ». La traduction de o-h&p[j.6).oy'> ; par seminiverbius est donc suffisamment exacte. — 6° Les corbeaux d’Élie. Le prophète Élie reçut du Seigneur l’ordre de se retirer dans la gorge de Carith, où des corbeaux seraient chargés de lui apporter sa nourriture. Le prophète s’y rendit. Là « les corbeaux (hâ’ôrbîm) lui apportaient du pain [lélfém) et de la viande le matin, et de même du pain et de la viande le soir, et il buvait au torrent ». III Reg., xvii, 6. Voir Carith. Dans les grottes de cette gorge nichent encore d’innombrables corbeaux. V. Guérin, La Terre sainte, Paris, 1882, p. 206. Comme en hébreu le pluriel nmj peut se lire’ôrbim, « corbeaux, » ou’arbim, n Arabes, » II Par., xxi, 16 ; xxii, 1 ; II Esdr., iv, 1, quelques auteurs ont voulu substituer les Arabes aux corbeaux, en tant que nourriciers du prophète. L’autorité des anciennes versions ne permet pas cette substitution. Josèphe, Ant.jud., VIII, xiii, 2, parle aussi formellement de corbeaux. Reland, Palæstina illustrata, Utrecht, 1714, t. ii, p, 913-916, combat l’hypothèse qui fait nourrir Élie par les habitants de la ville d’Aoraba ou Araba, et il ajoute cette observation aussi simple que péremptoire dans la question : Si des hommes avaient apporté le pain et la viande au prophète, ils lui auraient aussi fourni de l’eau quand le torrent de Carith fut desséché. Il s’agit là d’ailleurs d’un fait surnaturel, que Dieu s’est plu à renouveler par la suite en faveur de saint Paul, ermite, et de saint Antoine. S. Jérôme, Vila sancti Pauli, 10, t. xxiii, col. 25.

H. Lesêire.

    1. CORBEIËNSIS##

CORBEIËNSIS (CODEX). Ce manuscrit de la version latine de la Bible antérieure à saint Jérôme appartient à la Bibliothèque Nationale, à Paris, où il est coté iat. 17225 ; c’est l’ancien 195 de la bibliothèque de Cor

bie. L’écriture est du VIe ou du VIIe siècle : chaque page a deux colonnes de texte, chaque colonne 24 lignes. Le manuscrit compte 190 feuillets. Il contient les quatre Évangiles, à quelques lacunes accidentelles près. Le texte appartient au type « européen ». Collationné par dom Calmet, par Bianchini, par Sabatier, il a été publié d’une façon insuffisante par Belsheim, Codex ff i Corbeiensis, Christiania, 1887. On en trouve un fac-similé dans le recueil de la Palseographical Society, t. ii, pi. 87. P. Batiffol.

    1. CORBEILLE##

CORBEILLE, récipient tressé en matière légère, osier, jonc, paille, etc., et destiné à contenir et à porter toutes sortes d’objets non liquides. La corbeille a différents noms dans la Bible.

I. Dans l’Ancien Testament. — 1° Sal, nom des corbeilles (xcéveov, canistrum) que le panetier du pharaon portait sur sa tête. Gen., XL, 16, 17, 18. En Egypte, les fardeaux étaient portés de cette manière, par les hommes sur la tête, par les femmes sur l’épaule. Hérodote, ii, 35. Le même nom est attribué aux corbeilles dans lesquelles on présentait à l’autel les gâteaux et les pains. Exod., xxix, 3, 23, 32 ; Lev., viii, 2, 26, 31 ; Num., vi, 15, 17, 19. C’est également dans un sal (xdçivo ; , canistrum) que

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340. — Corbeilles égyptiennes. Musée du Louvre.

Gédéon met le chevreau qu’il va servir à ses hôtes. Jud., vi, 19. Au sal se rattache le salsillôf, mot au pluriel (xàp-TaXXoç, cartallus), qui vient de la même racine et désigne le panier du vendangeur. Jer., vi, 9. Il est probable que le sal était surtout la corbeille d’origine égyptienne, que les premiers Hébreux avaient connue sur les bords du Nil, et dont le nom cessa d’être employé après l’époque des Juges. Les monuments égyptiens représentent des corbeilles de formes diverses, soit en osier, soit en jonc (9g. 340). — Cependant la corbeille dans laquelle Moïse avait été exposé sur le Nil n’était pas un sal, dont les parois eussent laissé passer l’eau, mais une têbaf gomé’, « coffre de papyrus » improvisé (Septante : 0c6t| ; Vulgate : fiscella scirpea), que l’on prit soin d’enduire de bitume et de poix pour le rendre imperméable. Exod., il, 3. Le mot tëbâh, que les Septante se contentent de rendre phonétiquement, est d’origine égyptienne. Cf. t. i, col. 923.

2° Dûd, qui signifie aussi « marmite », et dûday (xi-XaOo ; , calathus), Jer., xxxiv, 1, 2, est une’corbeille à porter des fruits. C’est dans un dûd (xipTaXXoj, cophinus ) que Jéhu fait porter à’Jezræl les têtes des fils d’Achab. IV Reg-, x, 7. Le Psalmiste appelle du même nom (xôtpivoç, cophinus) les corbeilles ou couffes que les Hébreux eurent à transporter pendant la servitude d’Egypte. Ps. lxxx (lxxxi), 7. Ces corbeilles sont repré II. — 31