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COQ — COR


en trois veilles. Depuis l’époque où Pompée s’empara de la Palestine, ils adoptèrent la division en quatre veilles de trois heures chacune. Saint Marc, xiii, 35, nomme ces quatre veilles : le soir, minuit, le chant du coq, le matin. Cf. Matth., xiv, 25 ; Luc, xii, 38 ; Tob., viii, 11. Voir col. 65. Il est à remarquer que le nom de chaque veille est emprunté au phénomène qui la termine. Ainsi la seconde veille, qui va de neuf heures du soir au milieu de la nuit, s’appelle minuit. La troisième veille, appelée « chant du coq », allait de minuit à trois heures du matin, et se terminait aux environs de l’heure où le coq chante. C’est ainsi que Pline, H. N., x, 24, peut dire qu’à la quatrième veille, à trois heures du matin, le coq chante pour appeler au travail. Le nom de « chant du coq », pour désigner la troisième veille, est familier aux écrivains latins. Censorinus, xix ; Ammien Marcellin, xxii ; Macrobe, Saturnalia, i, 3. — 2. Les évangélistes racontent la prédiction que Notre - Seigneur fit à saint Pierre de son reniement. Trois d’entre eux la rapportent en ces termes : « Avant que le coq chante, tu me renieras trois fois. » Matth., xxvi, 34, 74, 75 ; Luc, xxii, 34, 60, 61 ; Joa., xrn, 38 ; xviii, 27. Le disciple de saint Pierre, saint Marc, dit avec plus de précision : « Avant que le coq chante deux fois, tu me renieras trois fois, » et il note soigneusement deux chants du coq. Marc, xiv, 30, 68, 72. Le coq, en effet, chante i^usieurs fois pendant la nuit. À Smyrne, les coqs font entendre leur cri une première fois entre onze heures et minuit, une seconde fois entre une heure et deux heures. « L’habitude des coqs d’Orient de crier pendant la nuit à des heures spéciales, écrit Tristram, a été remarquée par beaucoup de voyageurs. Nous avons été particulièrement frappés de cela à Beyrouth, durant la première semaine de notre séjour. Régulièrement nous étions réveillés trois fois chaque nuit par le cri soudain des coqs. » The natural History of the Bible, Londres, 1889, p. 221. Les heures auxquelles chantent les coqs varient naturellement suivant les pays, les races et beaucoup d’autres circonstances. Saint Marc note deux chants du coq à Jérusalem, l’un sans douté aux environs de minuit, l’autre plus tard, vers deux ou trois heures du matin. En ne parlant que d’un seul chant du coq, les trois autres évangélistes se réfèrent à ce second chant, d’autant plus remarquable qu’il donnait son nom à la troisième veille.

On a prétendu qu’au temps de Notre -Seigneur il n’y avait pas de coqs à Jérusalem. La Mischna, Baba Kama, vu, 7, dit qu’ils n’y étaient pas tolérés, parce qu’avec leur habitude de gratter partout, ils pouvaient trouver et transporter de petits animaux impurs, capables de souiller les aliments et les choses sacrées. Cette remarque de la Mischna suppose une coutume qui était peut-être suivie par quelques rigoristes, mais qui n’avait pas force de loi. Le fait qu’un jour un coq fut lapidé à Jérusalem par décision du sanhédrin, pour avoir causé la mort d’un enfant en lui crevant les yeux, Hieros. Erubbin, 26, 1 (M. Schwab, Le Talmud de Jérusalem, t. iv, 1881, p. 294), prouve plutôt qu’on élevait des coqs dans la ville. II est encore écrit dans un autre endroit, Babyl. Yoma, 21 a, que « tous les jours, au chant du coq (appelé ici gébér), on purifiait l’autel de ses cendres, et le jour de l’Expiation, à minuit ». Du reste, si la loi qu’on suppose avait existé, elle n’aurait certainement pas obligé les étrangers, surtout les soldais de la garnison romaine. Quelques auteurs disent que les coqs dont parlent les évangélistes se trouvaient en dehors de la ville. On ne voit pas alors pourquoi la loi invoquée par la Mischna ne s’appliquait pas à la campagne ; elle y avait autant de raison d’être qu’à la ville. On ajoute que la voix perçante des coqs pouvait très bien se faire entendre des vallées voisines jusqu’à Jérusalem. Quand les conditions sont favorables, la voix du coq traverse les Dardanelles et le détroit de Messine. Mais il faut tenir compte du tumulte et du bruit qui se produisaient dans la cour des grands prêtres pendant qu’on

jugeait Notre -Seigneur à l’intérieur. On peut donc admettre l’opinion de ceux qui croient à la présence de nombreux coqs à Jérusalem autrefois comme aujourd’hui. L’église qu’on montrait encore au moyen âge dans la vallée du Cédron, et qu’on appelait’( le cri du coq », Tobler, Topographie Jérusalem und seiner Umgebungen, Berlin, 1854, Siloa, t. ii, p. 301, marque probablement l’endroit où Pierre se retira après son reniement, plutôt que celui d’où les coqs auraient chanté. Dans l’hymne des laudes du dimanche, Mterne rerum conditor, saint Ambroise rappelle les souvenirs évangéliques et les leçons morales

que suggère le chant du coq.

H. Lesêtre.
    1. COQUEREL Athanase Laurent Charles##

COQUEREL Athanase Laurent Charles, théologien protestant, né à Paris le 27 août 1795, mort dans cette ville le 10 janvier 1868. Ses études de théologie achevées à la faculté protestante de Montauban, il fut, en 1817. nommé pasteur de l’église SaintPaul, à Jersey ; mais il refusa ce poste, ne voulant pas souscrire les articles de la confession de foi de l’Église anglicane. Après avoir exercé pendant douze ans les fonctions de ministre à Amsterdam, il fut, en 1830, choisi pour pasteur de l’église réformée de Paris. En 1848, il fut élu représentant du peuple, et prétendit donner l’Évangile pour fondement du système républicain. Voici quelques-uns de ses ouvrages : Biographie sacrée, ou Dictionnaire historique, critique et moral de tous les personnages de l’Ancien et du Nouveau Testament ; in-8°, Amsterdam, 1825 ; 2e édit. Valence, 1827 ; Histoire sainte et analyse de la Bible, avec une critique et un ordre de lecture, in-12, Paris, 1839 ; Réponse au livre du docteur Strauss : Vie de Jésus, in-8°, Paris, 1841. —’Voir Quérard, La

France littéraire, t. ri, p. 282.

B. Heurtebize.

COR (hébreu : kôr ; Septante : xôpoç), mesure hébraïque de capacité pour les solides et les liquides, la plus grande de toutes. — 1° Elle n’est mentionnée qu’à partir de l’époque des rois. I (III) Reg., v, 2, 25 (Vulgate, îv, 22 ; v, 11) ; II Par., ii, 9 ; xxvii, 5 ; Ezech., xlv, 14 ; I Esdr., vii, 22. Dans les livres de l’Ancien Testament antérieurs à l’époque de Salomon, le « cor » porte en hébreu le nom de ion, hômér. Num., xi, 32 (Vulgate : cori) ; Lev., xxvii, 16 (Vulgate : triginta modii). À partir du règne du fils de David, les deux mots kôr et hômér sont également employés. Le (lômer est nommé dans lsaïe, v, 10 (Vulgate : triginta modii) ; Osée, iii, 2 (Vulgate : corus), et Ézéchiel, xlv, 11, 13, 14 (Vulgate : corus). Saint Jérôme a toujours rendu kôr par corus, et il s’est servi ordinairement du même mot pour traduire hômér, sauf Lev., xxvit, 16, et Is., v, 10, où il a donné l’équivalent en boisseaux ou mesures romaines. — Le mot

hômér est d’origine assyrienne : ^"* J >- » -, imeru. Voir

j. Oppert, dans la Zeitschrift fur Assyriologie, t. i, 1886, p. 89. Le kôr était aussi une mesure assyrienne. Le karû à Babylone et à Ninive servait à mesurer les grains, et il semble identique à la plus grande mesure des céréales et des dattes appelée gurru dans les documents cunéiformes. Frd. Delilzsch, Assyrisches Handwôrterbuch, in-8°, Leipzig, 1894-1895, p. 353 et 205. Le mot kôr était aussi usité chez les Phéniciens. Est-ce pour cela qu’il apparaît pour la première fois dans l’Écriture à l’occasion des rapports qu’eut Salomon avec Hiram, roi de Tyr, nous ne saurions le dire, mais ce qui est en tout cas certain, c’est que le kôr était désigné chez les Grecs comme une mesure phénicienne : ô x<5po « ô « poivixixô ; xa).o’J ; i.Evo ; , dit un écrivain qui vivait au I er siècle de notre ère et paraît être d’origine juive (Frd. Hultsch, Metrologicorum Scriptorum reliquise, édit. Teubner, 186 i, t. i, p. 258 ; cf. H. Lewy, Diesemitischen Fremdwôrter im Griechischen, in-8°, Berlin, 1895, p. 146). — Les orientalistes rattachent le mot kôr, les uns à la racine kâr ou kârar (voir Nbldeke, dans la Zeitschrift des