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COPTES (VERSIONS) DE LA BIBLE


Marc, en 1846 ; saint Luc et sain ! Jean, en 1847. Schwartze connaissait beaucoup mieux la langue copte que Wilkins ; cependant son édition n’est pas aussi supérieure à celle de son devancier au point de vue critique qu’on avait le droit de s’y attendre. Il s’est limité aux manuscrits de Berlin, c’est-à-dire or. Dietz A, fol. 40, les copies de Petræus (celles-ci n’ayant aucune valeur critique) et à l’édition de Wilkins ; pour les variantes du texte grec, il n’a recours qu’au Codex Ephrzem, et aux éditions de Tischendorf, 1841, et Lachmann, 1842. Il ne donne pas la traduction latine. D’autre part, Schwartze a profité de la publication des textes sahidiques par Woïde, dont il donne les variantes dans ses notes, quelquefois avec des corrections, ce dont il faut lui savoir gré. La mort arrêta l’œuvre de Schwartze. — Les matériaux que ce savant avait réunis pour la seconde partie de son travail furent confiés à P. Bœtticher (plus connu sous le nom de P. de Lagarde), qui se chargea de terminer l’édition, mais sur un plan différent. Les variantes de la version grecque furent exclues, et les manuscrits coptes des bibliothèques étrangères furent mis à contribution, quoique d’une manière insuffisante. Pour les Actes et les Épîtres catholiques il se servit : 1° de la collation que son prédécesseur avait faite de deux manuscrits anglais, qu’il se contente de désigner par les épithètes de Tattamianus (Brit. Mus., or, 424) et de Curetonianus (Parham, 124) ; 2° d’une collation faite par lui-même, ou par un autre, des manuscrits coptes 65 et 66 de la Bibliothèque Nationale. Pour les Épîtres de saint Paul il utilisa les deux mêmes manuscrits anglais et un manuscrit de Paris, peut-être Copt.17. Cf. Scrivener, Introduction, t. ii, p. 120. Les Actes des Apôtres parurent en 1852, les Épîtres de saint Paul et les Épîtres catholiques, en 1852 aussi. Le texte n’est pas traduit, en sorte qu’il est inutile pour ceux qui ne savent pas le copte. — À peu près en même temps Henry Tattam publia une magnifique édition du Nouveau Testament, pour le compte de la Society for promoting Christian knowledge, à l’usage du « saint patriarche et de l’Église du Christ, en Egypte ». Les Évangiles parurent en 1847, les Actes, les Épîtres et l’Apocalypse en 1852. Cette édition est basée sur un manuscrit du patriarche jacobite et des manuscrits en possession de Tattam et de R. Curzon. Comme les autres éditions de Tattam et pour les mêmes raisons, elle n’a aucune valeur critique.

II. version sahidiqub. — C’est à R. Tuki que revient le mérite d’avoir donné les premiers spécimens de la version sahidique, dont il a publié de nombreux fragments dans sa grammaire, Rudimenta linguse copiée. Le manuscrit dont il s’est servi appartenait sans doute à l’ancien fonds de la Propagande, s’il n’était pas sa propriété personnelle ; car les Rudimenta parurent en 1778, et ce ne fut qu’en 1778 que le cardinal Borgia reçut les premiers fragments de sa collection. — Les premiers fragments de quelque importance qui furent publiés sont ceux de la collection Nani, I et ii, l’un de saint Matthieu et l’autre de saint Jean. Ils parurent en 1785, dans l’ouvrage jEgyptiorum Codicum reliquiæ Venetiis in Bibl. Naniana asservatse, Bologne, de J. A. Mingarelli, savant helléniste de Bologne, à qui le chevalier Nani avait envoyé sa collection et qui la publia avec une exactitude qui surprend de la part d’un homme qui n’avait jamais étudié la langue copte avant d’entreprendre ce travail. La publication de Mingarelli devait comprendre trois fascicules ; les deux premiers seuls parurent ; l’impression du troisième était commencée, quand l’auteur fut arrêté par la mort. On conserve à la Bibliothèque de Bologne, avec les papiers de Mingarelli, un exemplaire imprimé (l’unique, je crois) de ce troisième fascicule resté inachevé. Il contient : 1° un fragment de l’Évangile de saint Marc, xr, 29-xv, 22 (fragment xvii) ; 2° les citations des Psaumes groupés en concordance (fragm. xviii), auxquelles nous avons fait allusion plus haut ; et 3° un fragment d’une homélie sur les premiers mots de l’Évan gile de saint Matthieu : Liber generationis Jesu Christi (fragm. xix). Chaque fragment est traduit et annoté comme dans les deux premiers fascicules. Le premierfragment de la collection Borgia fut publié en 1789, par Te savant augustin A. Giorgi, Fragmentum Evangelii, etc. Ce sont les portions de l’Évangile de saint Jean contenues dans le n° 65 du catalogue de Zoega. Ce fragment est en copte et en grec et faisait probablement partie d’un manuscrit complet des quatre Évangiles. Le texte grec comprend vi, 28-67, et vii, 6-vin, 31. — La même année, le savant Danois, M. Frédéric Mûnter, publia sa Commentatio de indole versionis sahidicse, in-4°, Copenhague, ouvrage qui était terminé depuis plus d’un an, dit-il. On y trouve, d’après le n° 86 du catalogue de Zoega, les passages suivants : I Tim., i, 14- iii, 16 ; vi, 4-21 ; Il Tim., i, 1-16. — Trois ans auparavant, le même savant avait publié le chapitre ix du livre de Daniel, d’après le n° 13 de la collection Borgia, dans l’ouvrage dont nous avons déjà parlé à propos de la version bohaïrique, Spécimen versionum Danielis, etc.

Ch. G. Woïde fut le premier à entreprendre une édition critique de la version sahidique. Dès 1778 il était chargé par l’université d’Oxford de mettre en ordre et de publier les fragments du Nouveau Testament dans le dialecte de la Haute Egypte, d’après les manuscrits de la bibliothèque Bodléienne (fonds Huntington), et il se mit à l’œuvre sans délai ; mais à mesure qu’il avançait dans son travail ses matériaux augmentaient : il acquérait lui-même neuf fragments assez considérables par l’intermédiaire du consul anglais d’Egypte, G. Raldwin ; Mingarelli publiait les fragments de la collection iam, et le scvant J. S. Chr. Adler, de Copenhague, communiquait à l’auteur ù.vers fragments par lui copiés dans la collection Borgia. Ce ne fut qu’en 1788 que Woïde put commencer l’impression de son ouvrage ; il mourut avant de l’avoir terminée, en 1790. Henry Ford fut chargé par les directeurs de la Clarendon Press de continuer l’impression. Ce savant, non content de donner ses soins à l’édition et d’achever, la traduction latine, revit soigneusement le texte sur les originaux, examina et corrigea ce qui avait déjà été imprimé de la traduction, et rédigea la préface. L’ouvrage, Appendix ad edilionem Novi Testamenti grseci e codice ms. Alexandr., parut enfin à Oxford en 1799. Comme le titre l’indique, c’est un appendice à l’édition du Codex Alexandrinus par Woïde ; on y trouve une longue dissertation de ce savant sur la version copte, dissertation que Ford a enrichie d’excellentes notes. Par l’examen comparé de nos listes des fragments du Nouveau Testament (cf. Revue biblique, octobre 1896, p. 559-565), on se rendra compte des ressources que Woïde et Ford ont eues à leur disposition et du mérite de leur travail.

Cependant le cardinal Borgia se préoccupait de faire publier un catalogue de sa riche collection, alors déposée à Velletri. Il confia ce soin au savant G. Zoega, déjà connu par le catalogue des monnaies égyptiennes de la même collection, Nummi eegyptii, 1787, et par son fameux ouvrage sur les obélisques, De origine et usu obeliscorum, in-f°, Rome, 1797. Le catalogue fut commencé en 1801 ou 1802. Le cardinal mourut en 1804, laissant par testament toute sa collection à la Propagande, qui, l’ayant réunie à l’ancien fonds de manuscrits orientaux, déjà augmenté des manuscrits originaux et des copies de R. Tuki, lui donna le nom de musée Borgia. Zoega compléta alors son travail par la description de l’ancien fonds copte de la Propagande. L’impression fut commencée en 1805, et elle était presque achevée quand l’auteur fut arrêté par un procès avec les héritiers du cardinal. Zoega mourut lui-même en 1809, et son catalogue ne parut que l’année suivante, sous le titre assez inexact de Catalogus codicum copticorum manu scriptorum gui in museo Borgiano Velitris adservantur. — Le Catalogus de Zoega est resté jusqu’à aujourd’hui le