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COMMERCE — CONCOMBRE


défense d’acheter ou de vendre à quiconque ne porte pas 2e « caractère de la bête ». Apoc, xiii, 17.

V. Remarques bibliques sur le commerce. — Il convient de parler à chacun de ce qui l’intéresse, « d’échange avec le négociant, de vente avec l’acheteur. » Eccli., xxxvii, 12. C’est un devoir « de ne pas faire de distinction entre l’achat et les marchands », Eccli., xlii, 5, c’est-à-dire de maintenir les prix égaux, quel que soit l’acheteur. Platon, De legibus, xi, édit. Didot, p. 463, a formulé une règle analogue. « Cela ne vaut rien, cela ne vaut rien, dit tout acheteur ; mais, une fois loin, il se félicite. » Prov., xx, 14. L’acheteur cherche ainsi à déprécier la marchandise, afin de la payer moins cher. De Son côté, le marchand la fait valoir tant qu’il peut. Sous ce rapport, les choses se passaient en Palestine comme en Egypte. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 323-324. Aujourd’hui, voici quels sont les usages suivis dans le petit commerce oriental. « Quand il s’agit d’acheter une marchandise, il est de règle que le prix en soit surfait ; car rien n’a de prix fixe en Orient. Il faut toujours marchander, parfois même très effrontément. Si l’on connaît d’avance et si l’on indique le vrai prix de l’objet, le vendeur ne manque pas de dire : kalîl, « c’est peu ! » Il laisse pourtant la marchandise. Se croit-on trompé par le vendeur, on se retire, et on se dirige vers un second. À chaque pas qu’on fait pour s’éloigner, le premier vendeur abaisse son prix et cherche à vous rappeler. L’offre qu’on fait au marchand doit toujours être assez basse pour qu’on puisse l’élever ensuite, min schânah’, « a cause de vous, » car la patience échappe même aux Orientaux. Les marchands de ce cérémonieux pays ont pour formule favorite : Chudu balâsch’, « Prendsle pour rien, » ce qui naturellement ne doit pas être entendu plus à la lettre que cette locution bien connue : Bètî bêtak, « Ma maison est ta maison. » Socin, Palàstina und Syrien, Leipzig, 1891, p. xliv ; Le Camus, Notre voyage aux pays bibliques, Paris, 1894, t. i, p. 210. — Il est dit à propos des accapareurs : « Celui qui cache le froment est maudit du peuple ; la bénédiction est sur la tête de ceux qui le vendent. » Prov., xi, 26. La tentation d’accroître son gain fait souvent du commerce une source de péchés. « Deux choses m’ont paru difficiles et périlleuses : le marchand se défend difficilement de la négligence (Septante : à™ 71)iï][mE)iE[’aç, « de la faute » ), et l’aubergiste n’échappe pas au péché (Vulgate : au péché de la langue). » Eccli., xxvi, 28. Pour celui qui cherche avant tout à s’enrichir, « de même qu’une cheville est enfoncée entre des pierres assemblées, ainsi le péché est serré entre la vente et l’achat. » Eccli., xxvil, 2. Cet amour du gain entraîna Judas à vendre le divin Maître. Matth., xxvi, 15 ; Marc, xiv, 11 ; Luc, xxii, 4. Aussi l’Église l’appelle-t-elle mercator pessimus, « abominable trafiquant. » II’Noct. du jeudi saint, v répons. Parmi les sentences attribuées au docteur juif Ben-Syra se lit celle-ci : « On ne trouve la loi ni chez les commerçants ni chez les marchands. » Buxtorf, Lexicon chaldaicum, Leipzig, 1869, p. 732. Au jugement même des talmudistes, les dangers que le commerce faisait courir à la conscience n’étaient donc guère écartés. Le rabbi Éléazar n’en disait pas moins : « Il n’y a pas de pire métier que l’agriculture, » et le rabbi Rabh ajoutait : « Toutes les récoltes du monde ne valent pas le commerce. » Jebhamoth, 63, 1. Ces idées ont depuis totalement prévalu chez les Juifs, en dépit de la répugnance que Josèphe, Cont. Apion., i, 12, leur attribuait pour le négoce. Écrivant à des chrétiens, saint Jacques, iv, 13, recommande aux commerçants de penser à leur mort et de ne pas dire avec trop d’assurance : « Aujourd’hui ou demain nous irons dans telle ville, nous y passerons une année, nous y ferons le commerce et nous réaliserons un bénéfice. » Saint Paul écrit aussi aux chrétiens qu’ils doivent « acheter comme ne possédant pas ». I Cor., vii, 30. — L’acquisition de la sagesse ou des biens spirituels est parfois représentée métaphoriquement sous la figure d’un achat. Prov., xvii, 16 ; xxiii, 23 ; Apoc,

m, 18. Les dons divins s’achètent sans argent. Is., LV, i ; Eccli., li, 33 ; Apoc, xxii, 17. Voir L. Herzfeld, Hândelsgesch. der Juden des Alterthums, in-8°, 1894.

H Lesêtre

COMMUNAUTÉ DE BIENS dans l’Église primitive de Jérusalem. Voir Ananie 6, t. i, col. 541.

COMMUNION SACRAMENTELLE. Voir Eucha ristie.

CONCILE DE JÉRUSALEM. On appelle ainsi l’assemblée que tinrent les Apôtres à Jérusalem, en l’an 51 ou 52, pour trancher le différend qui s’était élevé à Antioche entre les convertis ju’daïsants et les convertis de la gentilité, les premiers voulant soumettre les seconds aux observances de la loi mosaïque. Act., xv, 1-2 ; Gal., il, 11-14. Paul et Barnabe furent députés à Jérusalem afin de soumettre la question aux Apôtres. Les pharisiens étaient d’avis qu’on devait imposer à tous la circoncision. Saint Pierre déclara, en faisant allusion à la conversion du centurion Corneille, Act., x, 1-48, que Dieu avait appelé à la foi les incirconcis comme les circoncis, et qu’il ne fallait pas imposer aux gentils le joug de la loi. Saint Jacques le Mineur, évêque de Jérusalem, parla dans le même sens que le chef des Apôtres. Act, xv, 7-21. On rédigea en conséquence une lettre encyclique contenant les résolutions du concile, et adressée aux Églises de Syrie et de Cilicie. Ce décret apostolique affranchissait les chrétiens des observances légales, en ne leur « imposant rien au delà de ce qui était nécessaire ». Act., xv, 28. Il rappelait seulement trois préceptes particuliers dont les circonstances et la situation des nouveaux convertis au milieu des Juifs et des païens rendaient l’obligation indispensable : 1°. l’abstention des viandes offertes aux idoles ; 2° l’abstention du sang et de la viande des animaux étouffés ; 3° de la fornication. Act., xv, 29, cꝟ. 20. Sur les deux premières défenses, voir Chair des animaux, col. 495 et 498. Pour la troisième, voir Fornication. — Le concile défend, en raison du scandale, de manger la chair des animaux qui avaient été offerts en sacrifice aux faux dieux (elSuAJOuTa), parce que c’était participer en quelque sorte à leur culte. Quoique, comme l’explique saint Paul, I Cor., viii, 1, 4, il n’y eût aucun mal en soi à manger la viande de ces animaux, on devait l’éviter pour ne pas faire de mal à l’âme de ses frères. I Cor., viii, 13 ; x, 28. Voir Bacuez, Manuel biblique, 8e édit., t. iv, p. 328.

CONCOMBRE. Hébreu : qiSsu’îm ; Septante : crr/.uos ; Vulgate : cucumeres.

I. Description. — Genre de Cucurbitacées renfermant de nombreuses espèces à tiges scabres, qui se traînent sur le sol ou grimpent autour des arbres à l’aide de vrilles simples. Les fleurs sont solitaires à l’aisselle des feuilles, à sexes séparés, mais réunies sur le même individu. La plupart sont originaires des régions chaudes de l’ancien continent et donnent des fruits comestibles. — Les espèces à racine vivace, qui croissent spontanément en Palestine, ont des baies très petites, à peine de la grosseur d’une prune, et à pulpe amère. Le fruit est couvert d’aiguillons mous dans le Cucumis prophelarum (fig. 327), de la région désertique au voisinage de la mer Rouge ; il est simplement revêtu de poils caducs chez une forme voisine qui habite la Syrie septentrionale, et que Boissier, à l’exemple de Naudin, assimile au Cucumis trigonus, décrit par Roxburg, Flora Indica, Sérampore, 1832, t. iii, p. 722. On a pu même confondre parfois avec ces concombres sauvages, à fruits petits et amers, soit la coloquinte, soit une plante plus caustique encore et répandue au milieu des décombres dans toute la région méditerranéenne, VEcballium elaterium (fig. 328), nommé vulgairement melon d’attrape, parce qu’à la maturité sa baie éclate spontanément ou sous l’action du moindre choc,