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COMMERCE


droits sur les routes ou à certains passages que doivent nécessairement franchir les commerçants. C’est pour ce motif que des postes importants de publicains sont établis à Capharnaûm et à Jéricho. Matth., ix, 9 ; Luc, xix, 2. Mais déjà, à cette époque, les Juifs formaient des colonies dans tous les centres commerciaux du monde romain et dans la capitale elle-même. Ils s’y livraient surtout au négoce. C’est à ces Juifs que s’adresseront tout d’abord les Apôtres, et surtout saint Paul, quand ils viendront apporter l’Évangile dans un pays. Cf. Fouard, Saint Pierre, 1893, p. 52-59, 315-318. En parlant des divers voyages de saint Paul, saint Luc mentionne à plusieurs reprises des bateaux qui font le cabotage sur les côtes d’Asie Mineure ou de Syrie, ou lés transports commerciaux à travers la Méditerranée. Act., xx, 15 ; xxi, 3 ; xxvii, 2, 6, 19 ; xxviii, 11. Enfin saint Jean, décrivant la ruine de la grande Babylone, c’est-à-dire de Rome, parle de son commerce dans des termes qui rappellent ceux d’Ézéchiel au sujet de Tyr : « Les marchands de la terre pleureront et se lamenteront sur elle, parce qu’il n’y aura plus personne pour acheter leurs marchandises, marchandises qui sont l’or et l’argent, les pierres précieuses, les perles, le byssus, la pourpre, la soie, le cramoisi, tous les bois de Thya, toutes sortes de vases de pierre précieuse, d’airain, de fer et de marbre, le cinnamome, les essences, les parfums, l’encens, le viii, l’huile, la farine, le froment, les bêtes de somme, les brebis, les chevaux, les chars, les esclaves et les vies d’hommes. » Apoc, xvin, 11-13. Cette énumération renferme une partie des articles d’importation que les marchands du monde entier apportaient à Rome au I er siècle. « Les marchands qui se sont enrichis à vendre ces objets se tiendront loin d’elle… Les pilotes, ceux qui naviguent le long des côtes, les matelots et tous ceux qui travaillent sur. mer se tiennent au loin… Malheur, malheur ! cette grande cité dont les payements enrichissaient tous ceux qui avaient des navires sur la mer, la voilà ruinée en une heure. » Apoc, xviii, 15, 17, 19. Cf. Duruy, Histoire des Romains, Paris, t. iv, 1882, p. 71 ; de Champagny, Les Césars, Paris, 1876, t. iii, p. 163-167.

III. Le petit commerce. — Les Livres Saints mentionnent fréquemment des achats et des ventes portant sur des immeubles, des objets mobiliers, des animaux et des esclaves. — 1° Immeubles. David achète l’aire d’Ornan, II Reg., xxiv, 24. Amri, roi d’Israël, achète à Somer la montagne de Samarie au prix de deux talents d’argent. III Reg., xvi, 24. Le serviteur d’Elisée, Giézi, se proposait d’acheter des plantations d’oliviers, des vignes, des troupeaux et des esclaves, avec l’argent reçu de Naaman à l’insu du prophète. IV Reg., v, 26. La femme forte trouve un champ à sa convenance, l’achète avec le produit de son travail et y plante des vignes. Prov., xxxi, 14. On vendait des chevreaux pour acquérir un champ. Prov., xxvii, 26. Néhémie donne comme preuve de son intégrité qu’il ne s’est pas acheté un champ avec l’argent extorqué au peuple. II Esdr., v, 16. Notre -Seigneur dit, dans une de ses paraboles, que lorsqu’on découvre un trésor dans un champ, on vend tous ses biens pour faire l’acquisition de ce champ. Matth., xiii, 44. Avec l’argent de la trahison de Judas, les princes des prêtres achètent le champ du potier. Matth., xxvii, 7. Ananie et Sapphire ont vendu un champ dont ils dissimulent ensuite le prix. Act., v, 1. L’invité du père de famille a acheté un domaine et s’excuse sous prétexte de l’aller visiter. Luc, xiv, 18. — 2° Maté^ riaux. Du bois et des pierres sont achetés pour la restauration du Temple. IV Reg., xir, 12 ; xxii, 6 ; II Par., xxxiv, 11. Après la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor, ceux qui demeurent dans le pays en sont réduits à payer pour avoir de l’eau et du bois. Lam., v, 4. — 3° Ustensiles. Les Chaldéens achètent des idoles à tous prix. Bar., vi, 24. En Palestine, on achète et on vend des roseaux aromatiques, Is., XLIII, 24 ; des armes, Luc, xxii, 36. Amos, viii, 6, dit que, dans les temps de calamité,

on se vend soi-même en échange de chaussures et de déchets de blé. — 4° Objets de luxe. On fait le commerce de tissus et de ceintures, Prov., xxxi, 24 ; Marc, xv, 48 ; de perles, Matth., xiii, 46 ; d’aromates, Matth., xxv, 9 ; Marc, xiv, 5 ; xvi, 1. — 5° Vivres. Les Hébreux au désert reçoivent l’ordre d’acheter à prix d’argent leur pain et leur eau aux Iduméens et aux Amorrhéens. Deut., ii, 6, 28. Pendant le siège de Samarie, on payait une tête d’âne quatre-vingts pièces d’argent, et cinq pièces d’argent le quart d’un cab de fiente de colombes. IV Reg., vi, 25. Il est aussi question de vente et d’achat d’huile, IV Reg., iv, 7 ; Matth., xxv, 9, 10 ; de pain, Marc, vi, 37 ; Joa., vi, 5 ; de vivres en général. Deut., xiv, 26 ; Matth., xiv, 15 ; Marc, vi, 36 ; Luc, ix, 13 ; Joa., iv, 8 ; xiii, 29.

— 6° Animaux. L’achat et la vente des animaux se faisaient surtout en vue des sacrifices. Lev., v, 15 ; I Esdr., vu, 17 ; Bar., i, 10. Au temps de Notre -Seigneur, ce commerce s’était installé sacrilègement jusque dans le Temple. Joa., ii, 14 ; Matth., xxi, 12 ; Marc, xi, 15. On achetait aussi des animaux pour l’élevage, II Reg., xii, 3 ; le labourage, Luc, xiv, 19, ou l’alimentation. Exod., xxi, 35 ; Job, XL, 25. — 7° Esclaves. Exod., xxi, 2, 7 ; Lev., xxii, 11 ; Deut., xxviii, 68 ; Esth., vii, 4 ; Matth., xviii, 25. Voir Esclave. — 8° Argent : Sur le commerce de l’argent, voir Changeur.

IV. Législation commerciale. — La loi mosaïque avait posé certaines règles qui devaient présider aux relations commerciales. Tout d’abord, le septième commandement rappelait les exigences de la loi naturelle à cet égard. Exod., xx, 15. Le Seigneur condamnait sévèrement la balance et les poids falsifiés. Lev., xix, 36 ; Prov., xi, 1 ; xx, 23 ; Eccli., xlii, 4 ; Mich., vi, 11. — D’autres prescriptions plus particulières régissaient en certains cas l’achat et la vente. À l’année du jubilé, qui revenait tous les cinquante ans, tous les biens fonciers qu’une famille Israélite avait aliénés lui faisaient retour. Vendre un champ, c’était donc en vendre seulement l’usufruit, et le prix était proportionnel au nombre des années qui restaient à courir jusqu’au prochain jubilé. Lev., xxv, 10-16. — Quand un champ était mis en vente, le plus proche parent de l’ancien possesseur du champ avait toujours le droit de préemption. Si celui-ci renonçait à son droit, il déliait sa chaussure et la donnait au parent plus éloigné ou à l’Israélite auquel il cédait son privilège, pour marquer que le nouvel acquéreur pouvait marcher dans le champ comme dans sa propriété. D’ailleurs l’affaire se traitait devant un certain nombre de témoins. Lev., xxv, 23-28 ; Ruth, iv, 1-9. C’est dans ces conditions que Jérémie achète à Hanaméel, son cousin germain, un champ situé à Anathoth. Jer., xxxii, 7-10, 25, 44. — Celui qui vendait une maison située dans l’enceinte d’une ville pouvait la racheter pendant tout le cours d’une année. Passé ce temps, la vente était définitive, et le jubilé n’avait pas d’action sur elle. Les maisons des villages sans enceinte et les maisons des lévites, même situées dans les villes, devaient être achetées dans les mêmes conditions que les champs, avec rachat toujours possible et retour au propriétaire primitif à l’époque du jubilé. Lev., xxv, 29-33. — Le commerce était rangé au nombre des œuvres serviles défendues le jour du sabbat, parce qu’il nécessitait des transports incompatibles avec l’observation de la loi du repos. II Esdr., x, 31. Néhémie eut à intervenir avec autorité pour faire cesser les abus qui se commettaient sous ce rapport à Jérusalem par des marchands de toutes sortes, et spécialement par des Tyriens, vendeurs de poissons et d’autres denrées. II Esdr., xiii, 15-21. — Le droit de vendre et d’acheter appartient naturellement à tout homme. Aussi, dans la Sainte Écriture, « vendre et acheter » est une expression qui marque le cours ordinaire des relations sociales, ls., xxiv, 2 ; Ezech., vii, 12 ; I Mach., xii, 36 ; xiii, 49 ; Luc, xvii, 28. Parmi les attentats qui signaleront le règne de Satan sur la terre à la fin des temps, saint Jean note la