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COLOSSIENS (ÉPITRE AUX)


mais d’une perfection supérieure à laquelle on prétendait arriver par des pratiques ascétiques. Si d’ailleurs on avait affaire ici à un faussaire, il aurait été bien malhabile d’employer tant d’expressions nouvelles et de laisser de côté toutes celles qu’on rencontrait le plus fréquemment dans les Épîtres de saint Paul..

On insiste et l’on fait remarquer que certains mots sont répétés si souvent, qu’ils constituent une singularité de cette Épître, tels sont fvupi’îw, i, 27 ; iv, 7, 9 ; èvepysta, 1, 19 ; ii, 12, et ses composés ; vjv, vjvî, itX^poOv, i, 9, 25 ; II, 10 ; iv, 12, 17, au lieu de lù.iot. Cette particularité s’explique par le fait, signalé plus haut, que le sujet traité était tout spécial. D’ailleurs saint Paul n’était pas un littérateur, et il ne cherche nullement à varier ses expressions ; ce que l’on peut constater dans ses autres Épîtres. — Quant à la rareté de certaines conjonctions qu’emploie souvent saint Paul, cela provient de ce que, dans cette Épître, l’Apôtre expose plus qu’il ne discute. Ici cependant nous avons la préposition <rjv, employée en composition dans le sens de avec et comme. Cet emploi de <7-jv est particulier à saint Paul : Rom., vi, 4 ; vi, 6, 8 ; vm, 17 ; Gal., ii, 20, et Col., ii, 12, 13, 20 ; iii, 1. En outre, onze mots particuliers à saint Paul, - et qui ne se trouvent que dans les Épîtres : âvaxatvoOv, iii, 10 ; craeîvas, ii, 5 ; ISpato ; , ’l, 23 ; eîv.tj, ii, 18 ; èptSi’Çsiv, iii, 21 ; 9pia|j.g£-JE’.v, II, 15 ; ixavoOv, I, 12 ; ï<x6ty|î, IV, 1 ; mx60{, iii, 5 ; auvai^[AaXtoToc, iv, 10 ; quv6ï7TT£tv, ii, 12 ; çucno’jv, ii, 18, sont dans l’Épltre aux Colossiens. La moitié des mots composés qu’on relève se retrouvent dans les autres Épîtres, et l’on sait que l’Apôtre aime à créer des mots composés. — Quant aux doubles préfixes signalés, le fait est rare et se reproduit de même dans la deuxième Épître aux Corinthiens, v, 2, 4. L’accumulation des synonymes et des génitifs se trouve aussi dans les autres Épîtres. Rom., i, 23 ; il, 5 ; viii, 21 ; I Thess., i, 3. L’adjectif jtï ; est nécessairement employé souvent dans l’Épître aux Colossiens, puisqu’il y est question de la réunion de tous les êtres en Jésus-Christ ; mais saint Paul en fait ailleurs un usage fréquent. Il se trouve 47 fois dans la première Épître aux Corinthiens, 15 fois dans le chapitre x, 14 fois dans le chapitre xm et 18 fois dans le chapitre xv.

2. Style de l’Epître. — On fait ensuite remarquer que cette Épître n’a pas la vive allure des autres écrits de Paul, que le style en est lourd, embarrassé, les constructions traînantes, les phrases fort longues. Ces observations sont exactes, mais elles ne prouvent pas que l’Épître n’a pas été écrite par saint Paul. Dans les Épîtres aux Galates, aux Corinthiens, aux Romains, le style est plus dégagé, plus alerte, plus passionné, pourrait-on dire ; mais c’est parce que l’Apôtre discute, combat directement des adversaires vivants et qu’il connaît ; dans l’Épître aux Colossiens, il n’attaque pas directement des adversaires, qui lui sont inconnus d’ailleurs ; mais il les combat en exposant d’une manière positive la doctrine évangélique, opposée à leurs erreurs. L’allure de l’Épître en devient nécessairement plus calme, plus tranquille. Mais aussi le style est alourdi, traînant, les phrases très longues, les propositions s’enchaînent au moyen de relatifs et de participes dont l’emploi n’est pas toujours régulier. Tout ceci est caractéristique de la manière de saint Paul dans ses expositions doctrinales. Ces constructions embarrassées et ces phrases très longues se retrouvent ailleurs : Rom., i, 1-8 ; ii, 13-16 ; iv, 16-22 ; I Cor., i, 4-8 ; II Cor., i, 3-7, 8-11 ; vi, 1-18 ; viii, 1-6 ; Gal., ii, 1-10 ; Eph., i, 3-7, 23-30. L’allure de l’Épître devient plus dégagée dès que saint Paul (chapitre iii) aborde les questions pratiques. Le même phénomène se reproduit dans les autres lettres pauliniennes et surtout dans l’Épître aux Éphésiens, qui a tant de points de contact avec l’Épître aux Colossiens.

Ces rapports entre les deux Épîtres sont nombreux, et l’on en a tiré la supposition que l’Épître aux Colossiens dépendait de celle aux Éphésiens et réciproque ment (Holtzmann) ; nous renvoyons à l’article Éphésiens (Épître aux) la discussion de cette question. Signalons seulement ici les points de contact entre les deux Epîtres.

Col., i, 3, 4 = Eph., i, 15-17.

iv, 1. i, 9. i, 21.

1, 22 et suiv. i, 10 ; ii, 16. il, 1, 12 et suiv. iii, 7. m, 1. ni, 2.

m, 3, 5. *

i, 18 ; iii, 8 et suiv. n, 5. ii, 15.

iv, 15 et suiv. m, 9.

iv, 19 ; v. 3, 5. , v, 6. iv, 22 et suiv., 25 et suiv. iv, 29, 31 ; v, 4. iv, 2, 32. iv, 3 et suiv. v, 19 et suiv. v, 22. v, 25. vi, 1. vi, 4.

vi, 5 et suiv. vi, 9.

vi, 18 et suiv. v, 15. iv, 29. vi, 21 et suiv.

Nous verrons plus tard que ces nombreuses ressemblances ne prouvent pas une dépendance réciproque de ces deux lettres, mais seulement qu’elles ont été écrites à la même époque, sous l’empire des mêmes préoccupations et pour combattre les mêmes erreurs.

2° Doctrine de l’Epître. — D’une manière générale, on reproche à l’Épître aux Colossiens d’enseigner des doctrines qui sont ou étrangères à saint Paul ou qui dépassent en les modifiant les doctrines pauliniennes, et, en particulier, de contenir des spéculations métaphysiques, qui appartiennent aux systèmes gnostiques des siècles suivants. C’est d’abord l’enseignement de saint Paul sur Jésus-Christ et les anges qui est attaqué. La préexistence, la divinité, la suprême autorité de Jésus-Christ sur tous les mondes, la classification des anges en hiérarchie organisée, l’application du sang du Christ aux êtres célestes, sont dans l’Épître aux Colossiens particulièrement mises en relief, tandis que, dit-on, la justification par la foi et l’action rédemptrice de Jésus-Christ, placées au premier rang dans les grandes Épîtres, sont ici presque passées sous silence. Que saint Paul n’ait pas répété dans l’Épître aux Colossiens tout ce qu’il avait dit ailleurs, et qu’il ait envisagé Jésus-Christ à un autre point de vue, personne ne devrait s’en étonner ; cependant, en réalité, on retrouve dans l’Épître aux Colossiens les enseignements des autres Épîtres, et dans ces dernières le germe des doctrines qui seront développées dans l’Épître aux Colossiens. Les doctrines fondamentales de saint Paul sur la réconciliation avec Dieu par la mort de Jésus-Christ, sur la mort au péché par l’union avec Jésus-Christ, réalisée dans le baptême, se retrouvent la première dans l’Épître aux Colossiens, I, 14, 20, 21 ; ii, 14, et la seconde, ii, 12 ; iii, 1, 5. En outre, les doctrines spéciales que saint Paul développe ici sur Jésus-Christ et les anges se lisent ailleurs. Dans I Cor., viii, 6, la

I,

3, 4

I,

10

14

I,

16

I,

18 et suiv.

I,

20

I,

21

1 1

23

I,

24

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26

I,

27

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13

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19

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, 6

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, 8 et suiv.

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, 12 et suiv.

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, 14 et suiv.

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, 16 et suiv.

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, 21

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, 22 et suiv.

IV

1’IV,

2 et suiv.

IV

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6

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7 et suiv.