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COLOSSES

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désastreuses, puisque cinq ans après elle avait repris sa place parmi les plus belles cités de Phrygie, Pline, H. N., v, 41. Les invasions successives des peuples conquérants sur le chemin desquels elle se trouvait, lui devinrent autrement funestes, et, après avoir été pillée et détruite plusieurs fois, elle finit, au moyen âge, par disparaître entièrement. Ses habitants paraissent s’être réfugiés au pied du mont Cadmus, dans la ville de Chonas (fig. 325), à laquelle ils essayèrent, peut-être, de donner le nom de leur patrie délaissée ; en sorte que la même ville eut désormais deux noms. C’est ainsi que Nicétas, un auteur byzantin, surnommé le Choniate parce qu’il était originaire de Cho tructions modernes ont été apportés des bords du Lycus, et en réalité la ville actuelle ne présente aucun caractère d’antiquité. Elle est assez régulièrement bâtie en amphithéâtre sur la base des derniers contreforts du Cadmus. Avec leurs petites terrasses couvertes de branches d’arbres et tournées toutes vers le nord, ses maisons de pisé apparaissent, de loin, comme un vaste groupement de nids d’hirondelles. Chonas se compose de deux villages distincts, le turc au levant et le chrétien au couchant, celui-ci ayant peut-être servi d’asile spécial aux émigrés de Colosses. Une grande déchirure dans les roches de la montagne donne passage à un petit tor Kffl^Si

Chonas. Vue prise près du ravin qui sépare les deux parties du village. D’après une photographie de M. Henri Camhonrnac.

nas, dit, Histor., vi, 1, t. cxxxix, col. 524, que dé son temps, vers l’an 1200, sa patrie et Colosses n’étaient qu’une même cité. Cette erreur s’est si bien accréditée parmi les habitants du pays, que lorsque, en avril 1894, nous avons voulu visiter le<= ruines de Colosses, notre guide Hélias, malgré nos protestations, nous a conduits directement à Chonas. Par bonheur qu’en passant le Lycus, point de repère fixé par Hérodote, vii, 30, nous avions d’un coup d’œil reconnu le vrai site de Colosses, et force fut bien à Hélias de nous y ramener. Tous les habitants de Chonas, depuis le pappas, curé grec de la petite ville, jusqu’au médecin du pays, nous ont affirmé qu’il n’y avait pas chez eux de ruines importantes. Les restes d’un château au flanc de la montagne, les arasements d’une église consacrée à saint Michel et quelques débris de remparts, visibles çà et là, remontent tout au plus au moyen âge. Pas de vestiges de théâtre ni de cirque. Les fragments de colonnes qu’on retrouve dans les cons rent qui sépare les deux bourgs ! L’eau descendant des neiges étincelantes du Cadmus ressenible aux ruisseaux blanchâtres qu’on trouve dans les Alpes. Je ne sais si elle est potable. Chonas est d’ailleurs pourvu d’une très abondante fontaine, où il fait bon se désaltérer. En réalité, le site de cette localité est très pittoresque, mais n’a rien de commun avec l’ancienne Colosses.

C’est à quatre kilomètres vers le nord, et sur la ri%e gauche du Tchoruk-Tchaï, le Lycus d’Hérodote, qu’il faut chercher la cité de Philémon et d’Épaphras. Là, au confluent de trois ruisseaux dont un venant du nord, l’Ak-Su, roule des eaux pétrifiantes, et les deux autres, descendant des contreforts du Cadmus, vont parallèlement se perdre dans le Lycus, s’élèvent deux collines contiguës, aplaties l’une et l’autre au sommet et disposées de façon que celle du sud a dû, tout naturellement ; servir de large escalier à celle du nord. Au-dessus des blés qu’on y a semés, des colonnes décapitées émergent çà et là. Lee