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COLOMBE — COLONIE


faite. » La colombe est l’image de l’épouse par sa douceur, sa docilité, sa beauté et sa fidélité. Elle vit dans les creux des rochers, loin de tout regard et de toute atteinte, ne songeant qu’à son compagnon. Par deux fois aussi, l’époux dit à l’épouse qu’elle a des « yeux de colombe », et l’épouse fait une fois le même compliment à son époux. Gant., i, 14 ; iv, 1 ; v, -12. « Ce sont surtout des yeux purs, beaux, vifs et chastes, que les Hébreux envisagent ici, car la colombe ne regarde que son conjoint et ne jette les yeux sur aucun autre. » Rosenmùller, Scholia, Salomonis scripla, Leipzig, 1830, t. ii, p. 319. Cf. Elien, Hist. anim., iii, 44. L’épouse recevait les caresses de l’époux comme la colombe reçoit celles des habitants de la maison. — 3. La colombe symbole du Saint-Esprit. Au baptême de Notre - Seigneur, le Saint-Esprit se montre sous l’apparence d’une colombe. Matth., iii, 16 ; Marc, I, 10 ; Luc, iii, 22 ; Joa., i, 32. Les Pères et les commentateurs assignent les raisons pour lesquelles la figure de la colombe a été choisie par le Saint-Esprit en cette circonstance. Le Saint-Esprit apporte aux hommes la délivrance et la paix, et la colombe fut la messagère de la paix quand, après le déluge, elle revint à l’arche avec le rameau d’olivier, La colombe est remarquable par sa simplicité, sa fidélité affectueuse, sa tendresse pour ses petits, sa fécondité, etc., toutes choses qui sont le symbole de l’action surnaturelle de l’Esprit divin. Cf. Fillion, Saint Matthieu, Paris, 1878, p. 78 ; Knabenbauer, Comment, in Evang. sec. Matth., Paris, 1892, t. i, p. 140.

Remarquons enfin que le nom de la colombe a servi de nom d’homme chez les Hébreux, et qu’il a été porté en particulier par le prophète Jonas. — Le rôle assigné à la colombe dans la Sainte Écriture et la parole de Notre-Seigneur recommandant de lui ressembler en simplicité ont porté les premiers chrétiens à se représenter eux-mêmes, dans leurs peintures des catacombes, sous là figure de cet oiseau. Cf. Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, Paris, 1877, p. 186-188.

H. Lesêtre.
    1. COLOMBIER##

COLOMBIER (hébreu : ’ârubbôf, « [lieu] percé de trous ; » non rendu dans les Septante ; la Vulgate traduit par fenestras), lieu où l’on. élève des colombes. Is., lx, 8. Voir col. 850, 3°. Les colombiers ont toujours été nombreux en Orient. Ils sont quelquefois placés dans la partie supérieure de la maison, quelquefois isolés.

    1. COLOMME Jean-Baptiste Sébastien##

COLOMME Jean-Baptiste Sébastien, théologien, né à Pau le 12 avril 1712, mort à Paris en 1788. Il fut supérieur général des Barnabites, et composa un ouvrage intitulé Dictionnaire portatif de l’Écriture Sainte, in-8°, Paris, 1775. Une première édition de cet écrit avait paru sous le titre Notice sur l’Écriture Sainte, in 8°, Paris, 1773. — Voir Quérard, La France littéraire, t. ii,

p. 257.

B. Heurtebize.
    1. COLONIE##

COLONIE (Ko).<ima). La ville de Philippes en Macédoine est qualifiée du titre de « colonie » dans les Actes, xvi, 12. — 1° Les Romains appelaient « colonie » un groupe de citoyens régulièrement organisé et envoyé, en vertu d’une loi ou d’un décret impérial, pour occuper tout ou partie d’une cité conquise ou pour fonder une ville nouvelle sur un territoire appartenant à l’Etat, et par extension cette ville elle - même. En grec, colonie se dit èitoixt’a ; saint Luc, Act., xvi, 12, comme le font parfois, dans les inscriptions, les habitants des colonies situées en pays grec, Bulletin de correspondance hellénique, t. vu (1883), p. 260, a grécisé le mot latin en désignant la colonie de Philippes. Cette ville portait, en effet, le titre de Colonia Julia Philippensis ou de Colonia Augusta Julia Philippi (fig. 320). Eckhel, Doctrinanumorum, t. ii, p. 76 ; Corpus inscript, latin., t. iii, n° » 386, 633. Après la victoire d’Actium, les habitants des villes d’Italie qui avaient embrassé le parti d’Antoine furent dépouillés

de leurs terres par Octave, au profit des vétérans de son armée. Ils furent envoyés dans un certain nombre de villes de Macédoine, notamment à Dyrrachium et à Philippes, qui devinrent alors des colonies. Dion Cassius, Li, 4. Th. Mommsen, Res gestse divi Augusti, 2e édit., in-8% Berlin, 1883, p. 119.

L’institution des colonies date des origines mêmes de Rome. Les Romains confisquaient une partie du territoire des peuples conquis et y établissaient des citoyens romains. Les premières colonies furent donc comme des garnisons permanentes placées sur divers points de l’Italie. Cicéron, De leg. agr., II, xxvii, 73 ; Denys d’Halicarnasse, n, 53 ; VI, 32. À l’époque des Gracques, on commença à établir des colonies pour venir en aide à la plèbe romaine, en donnant des terres aux pauvres. Plutarque, G. Gracchus, 10, 11, 14 ; Appien, Bell, civil., i, 24. Des colonies de ce genre furent fondées jusqu’à l’époque de

320. — Monnaie de la colonie de Philippes. Monnaie de Claude frappée à Philippes de Macédoine. — TI CLAt/DIUS CAESAK. AUG. P M. TEP. IMP. Tête de l’empereur Claude, à gauche. — i$. COL AUG IUL PHILIP. Entre deux cippes, statues de Jules César et d’Auguste, placées sur un piédestal sur lequel on lit DIVUS AUG.

Sylla. Ce dernier, et après lui Pompée, César, Antoine et Octave, fondèrent des colonies pour leurs vétérans. Ces colonies furent établies non pas seulement avec des terres ; du domaine public, comme cela avait lieu auparavant, mais souvent aux dépens des particuliers dont on confisquait les propriétés. Appien, Bell, civ., i, 96 ; Virgile, Eclog., ix, 28 ; Horace, Epist., II, ii, 49.

Les colonies romaines étaient généralement établies dans des villes déjà existantes. Siculus Flaccus, dans les Grùmatici veteres, édit. Lachmann, in-8°, Berlin, 1848, t. i, p. 135 ; Servius, Ad JEneid., i, 12. Il y avait donc dans la colonie deux sortes d’habitants : 1° les colons romains, qui formaient une commune à l’image de Rome, avec des magistrats, un sénat municipal et des comices, et qui continuaient à jouir de leurs droits de citoyens romains, Act., xvi, 21 ; 2° les indigènes, qui n’avaient pas le droit de prendre part au gouvernement de la colonie. Les colonies étaient établies par une loi, qui nommait une commission de trois membres (triumviri colonise deducendae ) ou d’un plus grand nombre de membres, et qui fixait le nombre des colons et le territoire qui leur était assigné. La fondation d’une colonie était entourée de cérémonies particulières. Les agrimensores procédaient à l’arpentage du terrain et à la division des lots selon les règles de la science augurale. Les lots étaient assignés selon la loi du sort. Hygin, De limitibus, p. 113, 199-201, 204. Les colons étaient propriétaires absolus de leur lot, d’après le droit quiritaire. Sous l’empire, on leur permit de les vendre, ce qu’ils ne pouvaient ordinairement faire sous la république. Le magistrat fondateur de la colonie prenait les auspices et traçait l’enceinte de la nouvelle cité avec le soc de la charrue, selon le rite étrusque. Ce rite est représenté sur les monnaies coloniales (fig. 321). Eckhel, Doctrina numorum, t. iv, p. 489 ; Cicéron, De leg. agrar., II, "Xii, 31 ; Servius, Ad JEneid., v, 755. À l’exception de celles de Carthage et de Narbonne, toutes les colonies de l’époque républicaine furent établies en Italie. À partir de César, un grand nombre furent établies dans les pro-