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COLLYRE — COLOMBE


liste trouvé à Reims ( Espérandieu, Recueil des cachets d’oculistes romains, in-8°, Paris, 1893, rt° 142) :

M CLMARTINI DI ACHO AD LEV

M[arci] Cl[audii] Martini diacho[les] ad leu[coma], « Collyre diacholes (au fiel) de Marcus Claudius Martinus contre le leucoma (ou, en latin, albugo). » Le texte grec de Tobie, xil, 14, pour caractériser la maladie de Tobie, emploie le même mot que le cachet de Reims, ).eOxti)u, a (Vulgate : albugo). L’auteur sacré ajoute que lorsque le fiel du poisson eut été appliqué aux yeux malades de Tobie, xii, 14, il en sortit comme une « membrane d’oeuf ». Marcellus, vin, dans les Medicx artis principes, p. 277, dit que, aussitôt après l’application du collyre, l’œil atteint du leucoma « se dépouille comme d’une écaille », emittit quasi squamam.

III. Le collyre dans le Nouveau Testament. — Le mot « collyre » se lit seulement dans l’Apoca-Denys. » Bulletin iy psej lii, 18. Dieu fait écrire, entre des Antiquaires de au t res choses, par saint Jean, en K^S Jan f age métaphorique, à l’ange de neure 1 église de Laodicee : « Oins aussi

tes yeux avec un collyre, afin que tu voies, » c’est-à-dire : tu es aveuglé sur ton état de tiédeur, guéris-toi de ta cécité pour te rendre compte de ton état. Le texte sacré ne nous fournit aucune explication sur la nature du collyre auquel il fait allusion, mais il s’agit certainement des collyres tels qu’ils étaient en usage aux premiers siècles chez les Grecs et les Romains, qui avaient recueilli et s’étaient approprié les traditions orientales à ce sujet. On confectionnait les collyresavec différents métaux, cuivre, antimoine, fer, plomb ; avec de là terre, comme la terre de Samos, de Chio ; avec les plantes, leurs Heurs, leurs racines, leurs graines, leur suc, le viii, le vinaigre, l’huile ; avec dillérentes essences

317. — Tase à collyre en plomb. Cabinet de France. Aiovuo-t’ou Mxiov a Collyre lycium. de

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318. — Fragments de collyre trouvés à Kelms : MCarci) Clfaudii)

M(artinï) [ad clicaUrices] : Collyre de M. Claudius

Martinus contre les cicatrices de la cornée.

de bois préalablement réduites en charbon pulvérisé ; avec les ossements, la corne, le poil, le sang, la bile, le lait, le fiel de différents animaux, etc. Chez tous les médecins de l’antiquité, le fiel est une des substances les plus fréquemment prescrites contre les maladies d’yeux. Cf. de Villefosse et Thédenat, Cachets d’oculistes, t. i, p. 41.

Les collyres étaient, les uns solides, les autres liquides. On a retrouvé un certain nombre de vases à collyre (fig. 315, 316 et 317). Les médecins oculistes avaient des préparations qui leur étaient propres et sur lesquelles ils

apposaient leurs cachets, dont un certain nombre ont été découverts dans toutes les parties de l’empire romain et particulièrement en Gaule (fig. 318). Il y avait donc partout des oculistes et des collyres, et saint Jean, en parlant comme il le fait dans l’Apocalypse, se servait d’une comparaison facilement intelligible pour ses lecteurs.

Voir dans Medicse arlis principes, in-f°, Paris, 1677, les chapitres consacrés aux collyres et aux maladies des yeux, et Galien, Œuvres, t. xii, édit. Kuhn ; Jugler, De collyriis veterum, in-12, Butzov, 1784 ; C. G. Kuehn, Index medicorum oculariorum inter Grsecos Romanosque, in-4°, Leipzig, 1829-1830 ; H. de Villefosse et H. Thédenat, Cachets d’oculistes romains, in-8°, Paris, 1882 ; Deneffe, Les oculistes gallo-romains au 111e siècle, in-8°, Anvers, 1896. H. Thédenat.

COLOMBE. Hébreu : yônâh ; Septante : « spiarspi ; Vulgate : columba.

I. Histoire naturelle de la colombe. — 1° Ses caractères zoologiques. — On donne le nom de colombes ou de pigeons à des oiseaux de l’Qrdre des gallinacés, et de la famille des colombidés ou pigeons. Cette famille se compose de trois genres : les colombes, les colombars et les colombi-gallines. Ces deux derniers genres ne se rencontrent que dans les pays les plus chauds, et il n’est point question d’eux dans la Bible. Le genre colombe, qui est d’ailleurs le principal des trois, comprend quatre espèces : le ramier, columba palurnbus, qui a le plumage gris-ardoisé, avec des reflets bleuâtres, verts et roses ; il habite de préférence les forêts et établit son nid sur la cime des arbres ; — le colombin ou petit ramier, columba amas,

qui ne diffère du précédent que par sa taille plus petite, et niche surtout dans le creux des arbres ; — le biset, columba livia, qui a le plumage d’un bleu-cendré, se plaît dans les endroits rocailleux et arides, dépose ses œufs dans les fentes des rochers et les trous des bâtiments en ruines ; on le regarde comme la souche des pigeons domestiques ; — enfin la tourterelle, columba turtur. Voir Tourterelle. — Par sa conformation zoologique, la colombe se range entre les passereaux et les gallinacés. Ses formes lourdes et certains caractères anatomiques la rapprochent de ces derniers ; mais elle ressemble aux passereaux par ses mœurs, sa manière de percher et le soin qu’elle prend de ses petits. Les colombes sont remarquables par la douceur de leurs mœurs et la facilité avec laquelle elles se prêtent à la domestication. Dès la IVe ou Ve dynastie, des pigeonniers existent partout en Egypte pour l’élève de ces oiseaux. — La colombe peut enfler son jabot et y accumuler une certaine quantité d’air dont l’expulsion produit le roucoulement. Le mâle et la femelle s’unissent ensemble à peu près indissolublement et paraissent avoir l’un pour l’autre une vive et jalouse affection. Ils partagent en commun l’incubation et l’éducation des petits, ordinairement au nombre de deux, une ou deux fois l’an.

2° Les colombes de Palestine. — Le biset existe en nombre incalculable dans les ravins et dans les régions rocheuses de la Palestine. Il établit sa demeure dans tous

319. — Colombe. ( Columba palumbus.)