Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/428

Cette page n’a pas encore été corrigée
825
828
CŒUR — COGNASSIER


trouble le cœur, Ps. cviii, 22 ; cxlii, 4, qui le broie Ps. l, 19 ; cxlvi ; 3 ; Jer., xxiii, 9, le consume, Ps. xxxviii, 4, le fait fondre, Ps. xxi, 15, et le tue, I Reg., xxv, 37, et la joie qui le fait revivre, Exod., iv, 14 ; I Reg., ii, 1 ; Is., lxv, 14,

Ainsi, dans la Sainte Écriture, le cœur est comme « le centre de tout l’homme, le principe interne, à la fois spirituel et animé, qui fait l’unité concrète de l’homme, et d’où part son activité dynamique et sa détermination morale. Tout ce que le grec ou l’helléniste appellent vo3ç (esprit), Xdyoç (raison), ff-jveîSvjdi ; (conscience), lvy.6 ; (ca ; ur), se trouve renfermé dans r.xpSii, et tout ce qui affecte le corps (bâsâr) ou l’âme (néfés) arrive dans le lêb à être connu clairement ». Frz. Delitzsch, System der biblischen Psychologie, Leipzig, 1861, p. 551. Cette concentration de toute la vie physiologique et spirituelle dans le cœur n’est pas particulière aux écrivains hébreux. Le cœur joue le même rôle dans Homère. Aristote et le stoïcien Chrysippe font également du cœur le siège de la pensée. Delitzsch, ibid : , p. 253. À raison de ces sens divers, les Hébreux ne se servent pas du mot lêb quand il s’agit des animaux. L’expression « cœur de lion », II Reg., xvii, 10, forme une exception justifiée par la nature de la métaphore.

III. Le cœur, centre de la vie morale. — Si l’intelligence et la volonté ont leur siège et, pour ainsi dire, leur principe dans le cœur, c’est le cœur qui est responsable de leur action. Les Livres Saints envisagent encore cœur à ce point de vue.

1° Le cœur siège des désirs. — Le cœur désire ce qui est bon et permis, Ps. xix, 5 ; XX, 3, mais aussi, sous l’influence de la concupiscence native, il désire le mal. Prov., vi, 25 ; Eccli., v, 2 ; Bar., i, 22 ; Matth., v, 28 ; xv, 18. Le cœur qui s’abandonne aux désirs mauvais est appelé « incirconcis ». Jer., iv, 4 ; ix, 26 ; Ezech., xliv, 7 ; Act., vu, 51. La circoncision du cœur, c’est-à-dire la lutte contre la concupiscence, est un devoir imposé au chrétien. Rom., ii, 29. Voir Circoncision, col. 777.

2° Le cœur siège de la conscience. — Le cœur a la connaissance du mal qui est en lui, III Reg., ii, 44, et il reprend le coupable. Job, xxvii, 6 ; I Joa., iii, 20. Celuici revient à son cœur, c’est-à-dire rentre en lui-même, Is., xlvi, 8, et se frappe le cœur en signe de repentir. I Reg., xxiv, 6. Il n’est pas bon de manifester son cœur à tous. Eccli., viii, 22. Il faut le renouveler à l’aide de la grâce divine, Ezech., xviii, 31, et le rendre pur, pour qu’il plaise à Dieu. Ps. xxiii, 4 ; l, 12 ; Prov., xxii, 11 ; Eccli., xxxviii, 10 ; Matth., v, 8. La joie de la conscience est la conséquence de cette pureté. Eccli., xxx, 16 ; xxxvi, 22. Cependant personne ne peut assurer qu’il possède la pureté parfaite. Prov., xx, 9.

3° Les deooirs à remplir « de tout son cœurii. — Cette expression « de tout son cœur » revient souvent dans les Livres Saints. C’est a de tout son cœur » qu’il faut aimer le Seigneur, Deut., vi, 5 ; Marc, xii, 30, etc. ; chercher Dieu, Jer., xxix, 13 ; se convertir, Deut., xxx, 10 ; Joël, il, 12, et croire. Act., viii, 37. Cette manière de parler signifie qu’il faut appliquer à l’accomplissement de ces différents actes toutes les facultés de l’âme comprises dans le mot « cœur », par conséquent l’intelligence, la réflexion, la volonté, les passions et la conscience morale.

IV. L’action de Dieu sur le cœur. — Dieu a créé en particulier tous les cœurs des hommes, Ps. xxxii, 15 ; il les voit, I Reg., xvi, 7 ; III Reg., viii, 39 ; I Par., xxviii, 9, les connaît, Ps. cxxxviii, 23 ; Ezech., xi, 5 ; Act., i, 24 ; les sonde et les scrute, Ps. vii, 10 ; Jer., xvii, 10 ; Hebr., iv, 12 ; Apoc., ii, 23 ; les éprouve. Ps. xvi, 3 ; I Par., xxix, 17. Il les a dans sa main, Prov., xxi, 1, 2 ; les incline, Ps. cxviii, 36 ; les dirige, II Thess., iii, 5 ; les affermit par sa grâce. Hebr., xiii, 9. Il est dit aussi que Dieu change les cœurs, 1 Reg., x, 9, 26 ; Job, xii, 24, et même qu’il les endurcit. Exod., iv, 21 ; Is., lxiii, 17. Cette action

de Dieu ne doit pas s’entendre dans un sens inconciliable avec la liberté de l’homme. L’action divine se contente alors d’exécuter des effets voulus parla volonté de l’homme ou mérités par des infidélités antérieures. Enfin le cœur est appelé à devenir l’habitation même de Jésus-Christ. Ephes., iii, 17.

V. Le cœur de Dieu. — Par analogie, la Sainte Écriture attribue parfois un cœur à Dieu lui-même. Ce cœur est sage, Job, ix, 4, et sujet à la douleur. Gen., vi, 6. Il s’incline vers l’homme. Job, vii, 17. L’homme « selon le cœur de Dieu » est celui qui plaît à Dieu par l’usage qu’il fait de ses dons. I Reg., xiii, 14 ; Jer., iii, 15. Notre-Seigneur se présente lui-même à nous comme « humble de cœur ». Matth., xi, 29. Il n’y a pas de raison pour donner au mot « cœur », dans ce passage, un sens plus restreint que dans le reste de la Sainte Écriture. L’humilité du cœur de Jésus-Christ se rapporte donc à la fois à ses pensées, à ses volontés, à ses affections, en un mot

à tous les actes de son âme.

H. Lesêtre.

COGNASSIER. — I. Description. — Cet arbre (fig. 305) de la famille des pomacées est très voisin du

[[File: [Image à insérer] |300px]]
305. — Cognassier.

poirier ; seulement sa tige est moins élevée avec des rameaux tortueux ; son fruit aromatique, pendant à l’extrémité des branches, renferme un plus grand nombre de graines, dont le tégument est riche en mucilage. Le cydonia wulgaris est originaire de l’Asie occidentale.

F. Hy.

IL Exégèse. — O. Celsius, Hierobotanicon, t. i, p. 254267, E. F. K. Rosenmûller, Handbuch der biblischen Alterthumskunde, t. iv, p. 308-312, identifient le tappual } avec le coing. Le tappuah se présente trois fois comme arbre, Cant., ii, 3 ; viii, 5 ; Joël, i, 12 ; trois fois comme fruit, Cant., ii, 5 ; vii, 9 (Vulgate, 8) ; Prov. xxv, 11, et aussi comme nom de deux villes de Palestine, Jos., xii, 17 ; xv, 34 ; xvi, 8 ; xvii, 8, etc. Sans doute le coing est parfumé, comme l’est le tappuah d’après Cant., ii, 5 ; vii, 9 ; sans doute, il peut être appelé poétiquement un fruit doré, Prov., xxv, 11 ; mais le parfum et la couleur dorée conviennent également et mieux à d’autres fruits ; et l’opinion qui voit ici le coing n’a pour elle aucune des versions anciennes, qui toutes traduisent simplement par pomme. L’arabe a encore le même nom, taffâh, pour désigner ce fruit. Le Talmud de Babylone, Suc. 31, a, qui appelle tappuah la pomme, a un nom particulier pour le coing, pâriS. Enfin le coing n’est pas en telle estime dans l’Orient, qu’il puisse entrer dans des comparaisons comme celles du Cantique ou du livre des Proverbes. E. Levesque.