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CŒLÉSYRIE — CŒUR


y en avait un considérable, dont les traces ont longtemps subsisté et qui s’est desséché à la suite de l’ouverture de la grande fente par laquelle le Leïtani se rend aujourd’hui à la mer. Le faîte de la plaine se trouve à peu près juste au milieu, vers Baalbek, qui est à 1176 mètres d’altitude ; elle se divise donc en deux versants, dont l’un s’incline au nord-est et l’autre au sud-ouest. De ce faîte partent les deux fleuves qui arrosent la vallée. Le premier est l’Oronte ou Nahr el-Asi, qui naît sur le flanc occidental de l’Anti-Liban, à une faible distance au nord de Baalbek. Ses premières eaux, fournies par la fonte des neiges, sont irrégulières dans leur débit ; les indigènes voient sa vraie source dans un bassin d’eau permanente, à trente-cinq kilomèlres en aval des premiers ravins. En amont de Homs, il forme un vaste lac, appelé

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304. — Carte de la Cœlésyrie.

encore dans le pays « lac de QadèS », en souvenir de la ville célèbre autrefois, dont l’existence nous a été révélée par le déchiffrement des hiéroglyphes égyptiens. Voir Cédés des Héthéens. Après s’être grossi jusque-là des torrents qui descendent des deux chaînes opposées, il continue son cours dans la direction générale du nord ; puis, faisant un coude vers l’ouest, au-dessus d’Antioehe, il vient se jeter dans la Méditerranée. — Le second est le Nahr elLeïtani ou Léontès, qui naît à quelques centaines de mètres des premières eaux torrentielles de l’Oronte, mais dont la vraie source jaillit dans une gorge de l’Ànti-Liban, à vingt-cinq kilomètres environ au sud de Baalbek. Gonflé par les mille fontaines qui du Liban et de l’Anti-Liban lui envoient leurs filets d’eau, ce fleuve, qui roule en moyenne cent quarante-trois mètres cubes à la minute, semblerait devoir continuer son cours dans la direction du sud en longeant la base de l’Anti-Liban. Mais une fissure lui a permis de traverser le Liban et de se diriger vers la Méditerranée, après avoir fait un coude à angle droit du côté de l’occident. À partir du point où il entre dans cette gorge profonde de la chaîne occidentale, la plaine se rétrécit de plus en plus, tandis qu’elle s’ouvre à son extrémité septentrionale. Cf. Elisée Reclus, L’Asie antérieure, Paris, 1884, p. 720, 725. « Le sol de la Beqâ’a est une terre d’un noir rougeâtre très riche en humus ; aussi à l’époque romaine cette contrée étaitelle un véritable grenier d’abondance. Aujour d’hui encore sa ferlilité est la même ; mais, à cause de l’incurie et de la mauvaise administration du gouvernement turc, une très petite partie seulement est cultivée convenablement. Grâce aux nombreux cours d’eau qui la sillonnent, cette plaine a le grand avantage d’être admirablement arrosée ; elle est même marécageuse dans quelques endroits. Là où le sol est travaillé à l’européenne, … elle donne de magnifiques et abondantes récoltes ; le blé, le maïs, le coton, les fèves, les lentilles, la vigne, viennent admirablement dans ces alluvions profondes. .. Cette vallée, très chaude en été, est cependant souvent froide en hiver et au printemps, à cause de sa grande élévation au-dessus de la mer. Elle est encore refroidie par les plus hautes cimes du Liban et de l’Anti-Liban, qui restent couvertes de neiges épaisses pendant une grande partie de l’année. » Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, dans le Tour du monde, t. xliv, p. 394. — La plaine est coupée par la route et le nouveau chemin de fer de Beyrouth à Damas : une autre route carrossable va de Schtôra à Baalbek. Celte dernière ville est bien la merveille de la Cœlésyrie. Voir Baalbek, t. i, col. 13261336. — Cf. Robinson, Biblical Reçearches in Palestine, 3 in-8°, Londres, ’1841, t. iii, second appendice par Eli Smith, p. 440 ; Physical Geograp/iy of the Holy Land, in-8°, Londres, 1865, p. 316.

III. Histoire. — L’histoire de la Cœlésyrie se rattache naturellement à celle de la Syrie ; il nous suffit d’indiquer ici les principaux points qui touchent plus directement l’histoire sainte. Successivement gouvernée, au moment de la conquête macédonienne, par Parménion, Andromaque et Memnon (Quinte Curce, iv, 5, 8), cette province fut plus tard une pomme de discorde entre les Lagides et les Séleucides, tour à tour attaquée, prise et reprise par les uns et par les autres. Sous Antiochus III le Grand, pendant ses guerres avec Ptolémée IV Philopator et son fils, les habitants eurent beaucoup à souffrir. Josèphe, Ant. jud., XII, iii, 3. Le roi de Syrie, ayant ensuite fait paix et alliance avec Ptolémée V Épiphane, lui donna sa fille Cléopâtre en mariage, avec la Cœlésyrie, la Samarie, la Judée et la Phénicie comme dot. Ant. jud., XII, iv, 1. Sous Séleucus IV Philopator, la première et la dernière de ces contrées avaient pour gouverneur Apollonius, fils de Tharsée. II Mach., iii, 5. Voir Apollonius 4, t. i, col. 777. Nous trouvons ensuite, sous le règne d’Antiochus IV Épiphane, à la tête de la même province, Ptolémée, surnommé Macer, à qui Philippe, gouverneur syrien de la Judée, demanda du secoure contre Judas Machabée, dont les exploits allaient toujours croissants. II Mach., viii, 8. Accusé plus tard auprès d’Antiochus V Eupator d’être favorable aux Juifs, il fut remplacé par Lysias. II Mach., x, 11-13. Alexandre I er Balas confia le même pouvoir à un autre Apollonius, surnommé « le Daén » par Josèphe, Ant. jud., XIII, ix, 3 ; mais celui-ci l’abandonna pour se ranger du côté de Démétrius II Nicator. I Mach., x, 69. Voir Apollonius 1, 1. 1, col. 776. — Après avoir conclu à Scythopolis (Beisân) un traité d’alliance avec Cléopâtre, mère de Ptolémée Lathyre, Alexandre Jannée, débarrassé de la crainte que lui inspirait ce dernier, conduisit ses troupes en Cœlésyrie, et commença le siège de Gadara, qui dura dix mois. Ant. jud., XIII, xiii, 2, 3. — En l’année 87 avant J.-C, Antiochus XII surnommé Dionysus réussit à s’emparer de Damas, où il prit le titre de roi ; après sa mort, les habitants offrirent le gouvernement de la province à Arétas, roi des Arabes, par haine de leur puissant voisin, Ptolémée, fils de Mennée, tétrarque de Chalcis. Ant. jud., XIII, xv, 2 ; Bell. jud., i, iv, 8. Enfin, convertie en province romaine par Pompée, la Cœlésyrie fut remise entre les mains de Sauras. Ant. jud., XIV, iv, 5.

A. Legendre.

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CŒUR. Hébreu : lêb ou lébdb ; Septante : xapSia ; Vulgate : cor ; chaldéen : lêb, Dan., vii, 28, et bâl, Dan., VI, 15. Considéré à quelques points de vue particuliers,