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CLEF — CLÉMENT D’ALEXANDRIE

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David. Il ouvrira, et personne ne fermera ; il fermera, et personne n’ouvrira ». Cf. Is., IX, 6 (hébreu, 5). La maison de David représente ici l’Église et ensuite le ciel, dans lesquels le Bédempteur a seul le droit de faire entrer les âmes par la vertu de sa croix. Il porte cette clef sur son épaule, comme l’insigne du pouvoir qui lui est donné par le Père. Cette clef, sans laquelle on ne peut ni ouvrir ni fermer, rappelle la clef de bois, décrite plus haut, sans laquelle il est impossible de soulever les chevilles mobiles pour faire mouvoir le pêne de la serrure. Saint Jean parle aussi du Sauveur comme de celui « qui a la clef de David ; il ouvre, et personne ne ferme ; il ferme, et personne n’ouvre ». Apoc, iii, 7. Jésus-Christ a encore « les clefs de la porte du tombeau », Apoc, i, 18, parce qu’il est « la résurrection et la vie », Joa., xi, 25, pour sa propre humanité et pour tous ceux qui profitent de sa rédemption. Il transmet à saint Pierre « les clefs du royaume des cieux », Matth.. xvi, 19, et. le constitue ainsi le grand dignitaire de l’Eglise militante, avec le pouvoir d’introduire dans l’Église triomphante les âmes auxquelles il applique les mérites du Rédempteur. Les clefs sont ainsi la marque de son autorité (iig. 292). Cf. Knabenbauer, Evang. secundum Matth., in-8°, Paris, 1893, t. ii, p. 64 ; Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, Paris, 1877, p. 180 ; Pératé, L’archéologie chrétienne, Paris, 1892, p. 282. — Un ange a la clef du puits de l’abîme, Apoc, ix, 1 ; xx, 1, c’est-à-dire le pouvoir de déchaîner certains fléaux. Enfin Notre - Seigneur reproche aux docteurs de la loi d’avoir « pris la clef de la science, de ne pas entrer eux-mêmes et d’empêcher les autres d’entrer », Luc, xi, 52, c’est-à-dire de se réserver l’interprétation des Écritures, mais de ne pas les comprendre eux-mêmes et d’égarer leurs disciples par leur enseignement.

H. Lesêtre.

1. CLEMENT (KVfj|jLY]5), compagnon de saint Paul, qui l’appelle son « collaborateur », uuvepYÔç (Vulgate : adjutor). Phil., iv, 3. La tradition l’identifie avec le pape saint Clément. Origène, In Joa., vi, 36, t. xiv, col. 293 ; Eusèbe, H. E., iii, 4, 15, t. xx, col. 221 ; S. Jérôme, Devïr. ill., 15, t. iii, col. 631 ; S. Épiphane, Hier., xxvii, 6, t. xli, col.372 ; Const. Apost., vii, 46, t. i, col. 1053. Cf. S. Irénée, Hier., m, 3, 3, t. vii, col. 849. Cette identification est à tort contestée par un certain nombre de critiques protestants, qui voudràienten faire un chrétien de l’Église dePhilippes.Voir J. Ellicott, St. Paul’s Epistle to the Philippians, 4e édit., in-8°, Londres, 1875, p. 90. — Saint Clément fut le second ou le troisième successeur dé saint Pierre sur le siège de Rome, et mourut martyr sous l’empereur Trajan. L. Duchesne, Liber pontificalis, 2 in-4°, Paris, 1890-1892, t. j, p. cclx, 123-124 ; cf. p. lxxi, xgi, 118-119. Il écrivit vers 95 une lettre célèbre à l’Église de Corinthe. Elle nous fournit des renseignements précieux sur le Canon des Écritures (col. 144, 167). La seconde Épître publiée sous son nom est en réalité une homélie d’un auteur inconnu de la première partie du IIe siècle. Toute la littérature pseudoclémentine, Homélies, Récognitions, Epitome de Gestis S. Pétri, est une œuvre apocryphe et romanesque. Sur la part que put avoir saint Clément dans la rédaction de l’Épitre aux Hébreux, voir Eusèbe, H. E., VI, 25, t. xx, col. 584-585 ; Canon, col. 172.

2. CLÉMENT D’ALEXANDRIE. On sait peu de chose de la vie de cet écrivain (Eusèbe, H. E., vi, 13, 1, t. xx, col. 546-550), qui florissait dans la seconde moitié du H » siècle, de 191 à 212 ou 220 selon les uns, de 186 à 217 suivant d’autres. Les prénoms de Titus Flavius, qu’on lui donne parfois, semblent provenir d’une confusion avec le martyr saint Clément, parent de Vespasien. Athènes et Alexandrie en Egypte se disputent l’honneur d’avoir donné le jour à Clément. Ses parents étaient païens ; mais lui-même se convertit, jeune encore, à la foi du Christ. Vers 195, il reçut le sacerdoce à Alexandrie et succéda à Pantène dans la direction de la fameuse école des caté chèses de cette ville. Parmi les plus célèbres de ses disciples on compte Origène et saint Alexandre, évêque de Jérusalem. Vers 202, lors de la persécution de Sévère, Clément s’enfuit d’Alexandrie et se retira en Cappadoce. Depuis lors il n’est plus fait mention de lui dans l’histoire que deux fois : la première en 211, date à laquelle saint. Alexandre de Jérusalem lui confia une lettre pour l’Église d’Antioche, qui venait d’élire évêque Asclépiade ; la seconde fois en 215 ou 216, quand le même Alexandre, dans une lettre à Origène (Eusèbe, H. E., vi, 14, t. xx, col. 554), fait allusion à Clément, mais comme s’il était déjà’mort.

En fait d’ouvrages proprement dits sur l’Écriture Sainte, on connaît de Clément d’Alexandrie : 1° une dissertation aujourd’hui perdue et signalée uniquement par un passage de l’Historia Lausiaca, c. 139 (Migne, Patr. gr., t. xxxiv, col. 1236) : enjyjpanna e’t ; tov itpoç’/ir/iv’Anwç ; 2° les Hypoiyposes, ’Ttiotutcwssiç (Patr. gr., t. IX, col. 729-740) ; 3° les èxXoyil èx tûv 7tpo9 ?)-uxwv (col. 697698). Des Hypotyposes il reste seulement quelques fragments en grec et une partie assez notable d’une version latine de cet ouvrage, sous ce titre : Adumbrationes démentis Alexandrini in Epistolas canonicas. Les vingt-huit fragments grecs ont été recueillis par Th. Zahn, Forschungen zur Geschichte des neutestamentlichen Kanons, Erlangen, 1884, t. iii, p. 64-78. Cf. Ad. Harnack, Geschichte der altchristlichen Litteratur bis Eusebius, Leipzig, 1893, t. i, p. 303-305. Le texte latin des Adumbrationes imprimé dans la plupart des anciennes collections patristiques a été naguère publié d’après les exigences de la critique par Th. Zahn, op. cit., t. iii, p. 79-103, et dans l’ouvrage cité d’Ad. Harnack, p. 306-307, on trouvera de nombreuses variantes à cette édition. Lesextraits peu nombreux qui restent des Hypotyposes permettent cependant de se faire une idée du caractère de, cet ouvrage. Photius, Cod. 109, Patr. gr., t. ciii, col. 382, l’avait décrit de la manière suivante : Ai |ikv ouv ûto-cu7cto<TEt ; ôtaXa[j.êàvoufꝟ. 7tept pY]-côW Ttvwv-ri) ; te 7caXaïaç xal. véaç Ypacpîiç, wv xai xepaXaiwSûç (ï> ; 8rj6sv èi^-piciv te xal Jp(jw)ve£av îroteftas. Définition un peu vague : les hypotyposes ne sont d’aucune façon un commentaire proprement dit de la Bible, ce sont plutôt des scolies sur certains passages choisis. On a longtemps hésité à croire que ; Clément fût l’auteur des ÈxXova’i é-I. tûv TipoçiqTtxûv : l’opinion de Th. Zahn, op. cit., t. iii, p. 127, qui en fait unepartie du livre vm des Slromates, semble aujourd’hui prévaloir. Cf. J. Ab. Araim, De octavo démentis Stroniateorum libro, Rostock, 1894, et G. Krùger, Grundriss der theologischen Wissenschaft, Abth. 93, p. 104. Toutefois d’autres critiques voient dans les èxXo-fai un extrait : des Hypotyposes. Bardenhewer, Patrologie, Fribourgen-Brisgau, 1894, p. 144.

Il ne faut pas restreindre à ces fragments des œuvresbibliques proprement dites de Clément d’Alexandrie toute l’importance qui revient à ses travaux pour l’étude de l’Écriture. Ses trois ouvrages principaux, le Discours aux Grecs, Aôyoç 71poTpe7CTixô ; itpb ; "EXXriva ;  ; le Pédagogue, natSayu-fôç, et surtout les Stromates, STpû|iata, font à la Bible une large place. Nous citeronsentre autres les passages Strom., l, 1, t. viii, col. 697 (cf. Westcott, À gênerai Survey of the Canon of the-New Testament, 6= édit., 1889, p. 344), et Strom., i, 21, t. viii, col. 819-890 (cf. P. de Lagarde, Septuagintastudien, dans les Abhandlungen der Gesellsch. der Wissensch. zu Gottingen, t. xxxvii, année 1891, p. 72 et suiv.). Ces deux passages sont surtout intéressants, le premier pour l’histoire du Canon, le second pour la chronologie biblique. L’ensemble des doctrines de Clément d’Alexandrie sur l’Écriture a été longuement développé dans les amples dissertations des PP. Le Nourry, Apparatus ad bibliothecam maximam veterum Patrum, Paris, 1703, p. 664-680, et Lumper, Historia theologicociilica, Augsbourg, 1785, part, iv, p. 142-187. C’est.