Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/411

Cette page n’a pas encore été corrigée
795
796
CLAROMONTANUS (CODEX) — CLAUDE


    1. CLAROMONTANUS##

CLAROMONTANUS (CODEX). Ce manuscrit

appartient au groupe des manuscrits bilingues, grécolatins, du Nouveau Testament, dont il a été question déjà t. i, col. 1233, 1769, 1826. Le Claromontanus, qui contient seulement les Épitres paulines, est à la Bibliothèque Nationale de Paris, où il porte le n° 107 du fonds grec, après avoir porté le n° 2245 de la Bibliothèque du Roi. On le désigne dans l’appareil critique des Épitres paulines par la lettre D pour le grec, et d pour le latin. Il est écrit à pleine page, le grec sur la page gauche, le latin sur la page droite, comme dans le Codex Bezse, Je grec et le latin se faisant vis-à-vis verset par verset. Le parchemin, d’une extrême finesse, est partagé en quaternions, et le manuscrit compte 533 feuillets, chaque page 21 lignes ; la dimension de chaque feuillet est de 246 millimètres sur 190. Tant dans le grec que dans le latin, le texte est divisé en stiques ou versets. Mais les mots ne sont pas séparés dans l’intérieur du verset : ni accents, ni esprits, ni ponctuation autre que la ponctuation finale du verset. Les initiales sont saillantes en marge, sans décor et seulement un peu plus grandes que les lettres du texte. Les trois premiers versets de chaque épître sont écrits à l’encre rouge, ainsi que les citations de l’Ancien Testament. L’écriture est onciale : on la date du VIe siècle. Mais le texte a subi maintes corrections, Tischendorf distingue jusqu’à dix mains différentes et de diverses époques, depuis la fin du vie siècle jusqu’à la Renaissance, qui ont surchargé le texte premier et que l’on désigne par les sigles D>>, D", D**’, D"’, D"*, d*", etc. Voyez C. R. Gregory, Prolegomena ad N. T. Tischendorf, Leipzig, 1884, p. 419-422. Le fac-similé ci-joint {fig 287) contient Rom., vii, 4-7.

Le manuscrit renferme les Épitres paulines, il ne présente que quelques rares lacunes accidentes : Rom., i, 1-7 ; le feuillet 6, contenant Rom., i, 27-30, a été rétabli par D b (vie siècle). Les feuillets 162-163 sont palimpsestes, et G. Hermann, en 1821, y a lu un fragment du Phaëlon d’Euripide, écriture du Ve siècle. Le texte de î’Épître aux Hébreux est précédé (fol. 467-468) de la plus ancienne stichométrie des livres de la Bible que nous possédions : c’est un catalogue des livres canoniques, avec l’indication pour chacun du nombre de stiques qu’il compte. One édition spéciale de ce catalogue a été donnée par M. Zahn, Geschichte des Neutestamentliehen Kanons, t. ii, Leipzig, 1890, p. 157-172 ; le texte de Zahn est reproduit par M. Preuschen, Analecta, Fribourg-en-Brisgau, 1893, p. 142-144. Ce catalogue est de grande importance pour l’histoire du canon : M. Zahn pense qu’il n’est pas propre à notre manuscrit, qu’il a été à l’origine rédigé en grec, vraisemblablement dans le cercle de l’Église alexandrine, et enfin qu’il est antérieur à saint Athanase, sans qu’il puisse facilement être plus ancien que le milieu du ni" siècle. Voyez A. Harnack, Geschichte des altchristlichen LiUeratur, . I, Leipzig, 1893, p. 451. Toutefois il convient de noter que l’hypothèse de M. Zahn, conjecturant que ce texte est traduit du grec, n’est pas solidement motivée. Voyez les objections de M. Jùlicher, Theologische Litteraturzeilung, 1891, p. 221.

Le Codex Claromontanus fut légué à la Bibliothèque du Roi par les frères Jacques et Pierre Dupuy, bibliothécaires de ladite bibliothèque, avant la mort du premier (1656) ; il avait été la propriété de leur père, Claude Dupuy. Au xvie siècle, Thédore de Bèze avait utilisé le Claromontanus pour son édition du Nouveau Testament grec de 1582, et il déclare l’avoir trouvé dans le monastère de Clermont, au diocèse de Beauvais, in Claromontano apud Bellovacos cœnobio repertum. D’autre part, le manuscrit oncial qui porte le sigle E dans l’appareil critique des Épitres paulines et qui est un manuscrit grécolatin, copié en Occident au IXe siècle, le Sangervianensis, aujourd’hui à Saint-Pétersbourg Csesareus 20 est une copie immédiate de notre Claromontanus, voyez

Grégory, ouvr. cit., p. 423 : le Claromontanus était donc dès le IXe siècle en Occident. Le correcteur D*** du Claromontanus est du commencement du IXe siècle ; il a mis au grec les accents et les esprits, et a revisé tout le texte grec ; mais la renaissance carolingienne a eu ses hellénistes. On a montré qu’il existait une étroite parenté entre VAugiensis et le Bœrnerianus, tous deux dépendant probablement d’un même archétype que l’on pourra appeler X ; on a montré aussi que ce manuscrit X et notre Claromontanus devaient dépendre d’un archétype commun ou Z, que ce manuscrit Z avait pour auteur un Latin et représentait une édition gréco-latine des Épitres paulines, laquelle n’avait pas compris Î’Épître aux Hébreux, conforme en cela au canon que représente l’Ambrosiaster, apparentée à la tradition textuelle latine que représentent et Y Ambrosiaster et Victorinus, conforme en somme à l’état du texte des Épitres paulines en Italie et plus particulièrement à Rome vers le temps du pape Damase ; et qu’enfin cette édition gréco-latine des Épitres paulines ne devait pas être antérieure au commencement du Ve siècle. Voir P. Corssen, Epistularum paulinarum codices grsece et latine script. Augien. Bœmerian. Claromontan. examin. inter se compar. ad communem originem revoc, Kiel, 1887-1889. L’ingénieuse construction de M. Corssen a été vivement attaquée. M. Samuel Berger toutefois incline à l’admettre, pour cette raison que le texte latin qui avait place dans cette édition bilingue « était, autant que nous en pouvons juger, un texte italien », que le Codex Laudianus des Actes des Apôtres, un autre manuscrit bilingue, provient au moins indirectement de Sardaigne. Histoire de la Vulgate, Paris, 1893, p. 115. Quoi qu’il en puisse être, on tient que le texte latin du Codex Claromontanus est un texte de la Bible latine antérieure à saint Jérôme, que ce texte a été adapté au grec qui lui fait vis-à-vis ; quant au grec, il est un remarquable représentant de la tradition textuelle que l’on appelle occidentale. Le Claromontanus a été utilisé par Bèze au xvie siècle, par Jean Morin et par Walton au xviie, collationné par Wetstein en 1715, publié quant au latin par Sabatier en 1751, étudié par Montfaucon et Griesbach au xviii siècle, publié intégralement par Tischendorf en 1852 : Codex Claromontanus slve epistulx Pauli omnes gr. et la.*., ex cod. Paris, celeberrimo nomine Claromontano plerumque diclo, Leipzig, 1852. P. Batiffol.

1. CLAUDE, empereur romain (fig. 288 et fig. 271, col. 708). Tibérius Claudius Drusus Néro Germanicus régna du 24 janvier 41 au 13 octobre 54. Il était fils de Néro Claudius Drusus Germanicus et d’Antonia, fille de Tibérius Claudius Néro et de Livie, qui épousa plus tard Auguste. Il était neveu de Tibère et oncle de Caliguja. Né à Lyon, le 1 er août de l’an 10 avant J.-C, il eut une enfance maladive. Méprisé par toute sa famille, il fut abandonné aux soins des affranchis et des esclaves. La carrière des honneurs lui fut fermée sous Auguste et sous Tibère ; il ne devint consul que sous Caligula. Quand Chéréas eut fait périr ce prince, le timide Claude craignit pour sa vie et se cacha. Un soldat le découvrit derrière une tapisserie, le salua empereur, et la troupe le porta en litière au camp prétorien, où la garde impériale tout entière lui prêta serment de fidélité. Pendant deux jours, il y eut contre lui une violente opposition de la part d’une partie des sénateurs qui voulaient restaurer la république et qui étaient soutenus par la garde urbaine. Mais l’intervention d’Hérode Agrippa 1° amena le sénat à reconnaître Claude. Josèphe, Ant. jud., XIX, i-iv ; Bell, jud., II, XI. En reconnaissance, le nouvel empereur ajouta au territoire qu’Agrippa gouvernait déjà la Judée et la Samarie, en sorte que le royaume d’Hérode le Grand fut reconstitué au profit de son petit-fils, qui prit le titre de roi. Josèphe, Ant. jud., XIX, v, 1 ; viii, 2 ; Bell, jud.,