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CIEL


ordonnée des astres. Ainsi on appelle ciel l’espace au-dessus et au-dessous de la voûte ou firmament du ciel. II y a là un fondement de la division du ciel en deux : le ciel atmosphérique et le ciel sidéral, qui ne se trouve nulle part cependant nettement exprimée, sauf peut-être II Cor., xii, 2, où l’on ajoute un troisième ciel, résidence de Dieu et des élus. — 2° Par delà le ciel sidéral, Job, xxii, 12, au delà de la portée de la vue, les Hébreux plaçaient le séjour de Dieu et de ses anges ; et le Nouveau Testament y place aussi le séjour des âmes justes. Voir Ciel 2..

III. Le ciel selon les idées des Hébreux. — Selon les idées populaires, les cieux étaient ces espaces supérieurs, séparés de la terre par une voûte, appelée « firmament du ciel », Gen., i, 14, 15 ; et aussi simplement « les cieux ». Job, ix, 8 ; Ps. xviii, 10 ; Is., xiiv, 24 ; xlv, 12 ; li, 13 ; Jer., x, 12 ; Zach., xii, 1. C’est pourquoi les cieux sont comparés poétiquement à un voile léger, à une tente. Is., xl, 22 ; Ps. civ, 2. Les points où la voûte céleste touche la terre sont les extrémités du ciel, Ps. XIX, 7 ; on y distingue les quatre points cardinaux. Jer., xlix, 36. Voir Cardinaux (points), t. ii, col. 258. L’ensemble de ces points de contact forme un grand cercle, l’horizon. Job, xxii, 14. Toute cette voûte est soutenue par quatre colonnes aux quatre points cardinaux. Job, xxvi, 11. De là partent les quatre vents du ciel. Zach., il, 10 ; vi, 5, etc.

Au-dessus de cette voûte solide, l’imagination populaire plaçait un océan céleste, les eaux supérieures, Gen., i, 7 ; vii, 11 ; Ps. xxix, 3 ; civ, 3 ; cxlviii, 4 ; réservoir des eaux de pluie. Job, xxxviii, 37. C’est par des fenêtres treillissées, Gen., vii, ii, ou des portes, Ps. lxxviii, 23, placées dans cette voûte, que tombait la pluie, Gen., vil, 11 (voir Cataractes du ciel, t. ii, col. 348), et la rosée du ciel. Gen., xxviii, 28. C’est par les portes du ciel que tombe aussi la inanne, le blé des cieux. Ps. i.xxviii (Vulgate, lxxvii), 23, 24 ; cv, 40 ; Sap., xvi, 20. C’est dans le ciel que Dieu a établi la demeure du soleil, Ps. xix, ^, de la lune et des étoiles, Gen., i, 14-19 ; xxii, 17 ; Exôd., xxxii, 13 ; Is., xtn, 10, etc. Le soleil le parcourt d’une extrémité à l’autre, Ps. xix, 7 ; une fois, sur l’ordre de Josué, il s’arrêta en son milieu. Jos., x, 13. Du ciel Dieu envoie la foudre et les éclairs, Job, xxxvii, 3 ; la lumière. Eccli., xxiv, 6.

IV. Locutions hébraïques et comparaisons. — Pour désigner l’univers, l’ensemble des êtres créés, les Hébreux disent : « les cieux et la terre. » Gen., i, 1 ; ii, 1 ; xiv, 19, 22. « Dieu, qui a fait les cieux et la terre, » est une expression qui revient souvent pour exprimer l’idée que Dieu est créateur de toutes choses, Ps. cxxxiii, 3, etc. « Sous les cieux, » Eccl., i, 13 ; ii, 3, etc., « sous tous les cieux, » Gen., vii, 19 ; Deut., ii, 25 ; Job, xxviii, 24, etc., sont comme dans nos langues occidentales l’équivalent de « sur la terre », « sur toute la terre. » De même, « jusr qu’au ciel » est une hyperbole pour désigner une très grande hauteur. Gen., xi, 4 ; Deut., iv, 11 ; Jos., viii, 20 ; Dan., iv, 8, etc. La même locution se prend au sens moral pour marquer un orgueil démesuré. Job, xx, 6 ; Is., xiv, 13-15, etc. « Les cieux et les cieux des cieux » est l’expression consacrée pour désigner les espaces infinis. Deut., x, 14 ; III Reg., viii, 27, etc.

E. Levesque.

2. CIEL, séjour de Dieu, des anges et des élus.

I. Le ciel demeure de Dieu. — On peut ramenef à trois catégories les différents passages qui contiennent l’enseignement de la Bible sur le premier point, la demeure personnelle de Dieu. — 1. D’abord, fl’une façon générale, le ciel est tellement son propre séjour, qu’il sert à marquer sa divinité. On l’appelle « Celui qui habite dans les cieux », Ps. ii, 4 ; ou encore le « Père céleste, le Père qui est aux cieux ». Matth., vi, 1 et 9 ; vii, 11 ; x, 32-33, etc. Celte dernière formule est celle qu’emploie d’ordinaire Jésus-Christ pour désigner Dieu le Père. En

général, le ciel, considéré comme demeure personnelle de Dieu, nous est présenté comme un palais, Ps. x, 5 ; xvii, 10 ; ou un sanctuaire, Mich., i, 2 ; ou un trône qui sert à la Divinité. Is., vi, 1 ; Matth., v, 34 ; Apoc, iv, 2. — 2. C’est presque toujours au ciel que les relations de Dieu avec l’homme ont leur point de départ. C’est de là, entre autres, qu’on entend la voix du Père, quand il veut lui-même annoncer au monde la filiation divine de JésusChrist. Matth., iii, 17 ; cf. Luc, ix, 35. C’est de là aussi que descendent le Fils et le Saint-Esprit : le premier, pour s’incarner dans le sein de la Vierge Marie, Joa., vi, 38, 41, etc. ; le second, pour se manifester au baptême du Christ sous la forme d’une colombe. Matth., iii, 16. — 3. Enfin le ciel, qui était dès l’origine la demeure du Fils de Dieu, considéré comme tel, est devenu en outre, après l’incarnation et l’ascension, le séjour de Jésus-Christ considéré comme homme. Marc, xvi, 19 ; Act., i, 11. C’est de là qu’il descendra, à la fin des siècles, pour juger le monde. I Thess., iv, 15.

— Notons bien que ce langage, en ce qui concerne du moins la Divinité proprement dite, ne doit pas être pris dans un sens trop exclusif ou trop littéral. La Bible enseigne nettement, et plus d’une fois, l’existence de cet attribut divin qu’on appelle 1 immensité. Loin d’être circonscrit ou limité par une demeure locale proprement dite, Dieu coexiste à tous les points de l’espace. « Ni le ciel, ni les cieux des cieux ne peuvent te contenir, à plusforte raison le temple que j’ai bâti. » III Reg., viii, 27 ; cf. II Par., ii, 6 ; vi, 18 ; ls., lxvi, 1. Lors donc que la Bible parle d’un séjour spécial de la Divinité, ce n’est pas pour exclure son omniprésence ni son immensité, c’est simplement pour s’accommoder à la faiblesse humaine qui a besoin de localiser toutes choses, et aussi pour nous apprendre que Dieu manifeste davantage au ciel sa puissance et son amour. Plus sa gloire se révèle quelque part avec éclat, plus sa présence y est accusée. Or le ciel est le théâtre par excellence des manifestations divines.

II. Le ciel demeure des anges. — Séjour de Dieu, dans le sens qu’on vient d’expliquer, le ciel est aussi la demeure des Anges. Matth., xxii, 30 ; Marc, xii, 25 ; Gal., i, 8. Saint Paul, parlant de la Jérusalem céleste, mentionne les milliers d’anges qui s’y trouvent. Hebr., xii, 22. L’ange Raphaël, dans son entretien avec Tobie, se donne comme « un des sept qui se tiennent devant le Seigneur ». Tob., xii, 15. La fonction des anges au ciel est de rendre gloire à Dieu. Apoc, v, 11, 12 ; cf. Is., vi, 3. Ils servent comme d’assistants à son trône, toujours prêts à exécuter ses ordres. Dan., vii, 10. Même quand ils remplissent une mission divine auprès des hommes > ils contemplent « la face du Père qui est aux cieux ». Matth., xviii, 10. Le ciel des anges n’est donc pas le ciel sidéral, comme quelques-uns l’ont prétendu. Kurtz, Bibel und Astronomie, 3e édit., 1853, p. 173. On ne peut invoquer aucun passage de la Bible pour soutenir cette opinion étrange, qui loge les anges dans les étoiles fixes.

III. Le ciel demeure des bienheureux. — Le ciel, d’après la Bible, est-il aussi le séjour des bienheureux ? La réponse affirmative n’est pas douteuse. Mais elle n’est pas donnée avec la même netteté, tant s’en faut, par l’Ancien et le Nouveau Testament. Les justes de l’ancienne loi étant obligés, après leur mort, d’attendre la venue du Messie pour aller au ciel, il n’est pas étonnant que la révélation juive ait été très sobre sur le lieu de leur éternelle destinée. C’est donc à bon droit qu’il faut distinguer ici la doctrine des deux Testaments.

1° Ancien Testament. — Il nous enseigne clairement la survivance de l’âme après la mort. Voir Ame. Mais il n’est pas si explicite, surtout à l’origine, quand il s’agit de marquer le sort qui est réservé dans l’autre vie à l’âme séparée. La révélation biblique a été progressive sur ce point, comme sur bien d’autres. L’eschatologie de l’Ancien Testament ne met en relief qu’une chose, au point