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CHRYSOPRASE — CHUS


iebo, l’agate : la chrysoprase est bien, en effet, une sorte d’agate ou calcédoine verte. E. Levesque.

CHRYSOSTOME. Voir Jean Chrysostome.

CHUB (hébreu : Kûb), nom de pays ou de peuple qui ne se lit que dans Ézéchiel, xxx, 5. Chub est nommé avec Kus, Put, Lud, les Arabes (ou un mélange de mercenaires égyptiens) et « les fils de la terre de l’alliance », c’est-à-dire les Chananéens ou bien les Juifs réfugiés en Egypte (d’après la Vulgate, « l’Ethiopie, la Libye, les Lydiens, tout le reste des peuples et les fils de la terre de l’alliance » ). Le prophète leur annonce à tous qu’ils périront par le glaive. Chub devait être au milieu des peuples énumérés par Ézéchiel ou au moins dans leur voisinage, mais il est impossible de déterminer avec certitude ce qu’il faut entendre par ce nom. On a émis à ce sujet les hypothèses les plus diverses. — 1° D’après les uns, il s’agit d’une ville, soit Cobé ( Koé^), près de l’océan Indien, Ptolémée, iv, 7, 10, localité qui paraît trop éloignée pour que le prophète en ait parlé ; soit Chobat 0Lu>6âi) en Mauritanie, Ptolémée, iv, 2, 9 ; soit Cobion (Xeiêiov) dans le nome Maréotique, en Egypte. Ptolémée, iv, 5. Ces identifications peuvent s’accorder difficilement avec le texte, qui semble parler d’un peuple ou du pays qu’il habite, non d’une ville. — 2° D’autres supposent qu’il y a une altération dans le texte et qu’au lieu de Kûb il faut lire £ « 6, « les Libyens ». C’est ainsi, disent-ils, qu’ont traduit les Septante. On objecte contre cette hypothèse qu’il n’est pas certain que la version grecque rende Kûb par AîSue ; , parce que c’est peut-être le nom de Put qu’elle traduit ainsi, comme elle l’a fait dans d’autres endroits. Ezech., xxvii, 10 ; xxxviii, 5 ; Jer., xlvi, 9. De plus, dans le texte hébreu, les Libyens ne sont jamais désignés sous le nom de Lub, mais toujours sous celui de Lubîm. II Par., xii, 3 ; xvi, 8 ; Nah., iii, 9, etc. — 3° Un manuscrit hébreu lit 3133, Kenûb, au lieu de 313, Kûb. On a rapproché cette leçon de l’égyptien Keneb (H. Brugsch, Die âgyptische Vôlkertafel, p. 45), qui, dans la tablette statistique de Thothmès III (xviir 3 dynastie), désigne l’ensemble des habitants du pays du sud, nègres et Éthiopiens. — Les anciens interprètes, tels que saint Jérôme, ignoraient ce qu’était Chub ; nous l’ignorons encore.

F. Vigouroux.

CHUN (hébreu : Kûn ; Septante : èx râv êxÀcxT&v [îtqXêwv]), ville d’Adarézer, roi de Soba, prise par David, qui en emporta « beaucoup d’airain, dont Salomon fit la mer d’airain et les colonnes et les vases d’airain ». I Par., xvin, 8. Dans le passage parallèle de II Reg., viii, 8, le texte original porte Bêrôtai, et la Vulgate Bérolh, tandis que les Septante donnent la même traduction. Chun est-il une faute de copiste, ou bien représente- 1- il un autre nom de Béroth, ou enfin désigne- 1- il une ville différente ? Il est impossible de trancher cette question. Voir Béroth 3, t. i, col. 1625. Ceux qui le prennent pour une localité distincte l’assimilent à la Conna de l’Itinéraire d’Antonin (édit. P. Wesseling, Amsterdam, 1735, p. 199), mentionnée entre Héliopolis et Laodicée. Cf. Gesemus, Thésaurus, p. 667. Cette ancienne cité se retrouverait aujourd’hui dans Kouna, au sud-ouest de Ba’albek. Cf. K. Furrer, Die anliken Slâdte und Ortschaflen im Libanongebiete, dans la Zeitschrift des deulschen Palâslina-Vereins, Leipzig, t. viii, 1885, p. 34.

A. Legendre.

1. CHUS (hébreu : Kûi ; Septante : Xoj ;  ; souvent transcrit Cousch par les auteurs modernes), nom du premier fils de Cham. Toute son histoire se résume dans les paroles suivantes de la Genèse, x, 6-8 : « Chus, fils de Cham, eut pour fils Saba (hébreu : Sebâ"), Hévila, Sabatha, Regma, Sabatacha. Les fils de Regma furent Saba (hébreu : ëebâ’) et Dadan. Chus engendra aussi Nemrod. » Cf. I Par., i, 8-10. Toutefois le mot KûS ne désigne pas seulement le premier-né de Cham ; c’est

encore le nom donné à la race issue de lui et aux régions qu’elle habita. Que nous disent du peuple et du pays de Cousch les monuments tant sacrés que profanes, et en premier lieu la Bible ? La Bible place d’abord le pays de Cousch à l’est de la Palestine. L’auteur de la Genèse, ii, 13, affirme, en effet, que le Gihon, un des quatre fleuves du paradis terrestre, entoure tout le pays de Kùs ; or il n’est pas douteux que l’on ne doive placer à l’est de la Palestine le berceau de l’humanité. De plus, Nemrod est Couschite, comme on l’a vu, et c’est lui qui fonda le royaume de Bàbylone. Gen., x, 8-10. De l’est, le pays de Cousch se porte vers le sud. Quand Moïse erre dans les terres de Madian, il épouse une fille d’un prêtre madianite qui est nommée , Couschite, Exod., ii, et Num., xii, 1. Le second livre des Paralipomènes, xxi, 16, nous dit à son tour que les Couschites sont limitrophes des Arabes. Enfin, dans les parties les plus récentes de ! a Bible, le pays de Cousch et les Couschites sont constamment placés au sud de l’Egypte, IV Reg., xix, 9 ; Is., xviii, 1 ; xx, 3, 5 ; xxxvii, 9, etc. On peut donc affirmer que, dans la géographie biblique, le pays de Cousch a compris successivement les diverses régions que traversèrent au cours des siècles les descendants du premierné de Cham, c’est-à-dire les peuples issus de ses cinq fils : Saba, Hévila, Sabatha, Regma et Sabatacha. (Voir ces mots.)

Cependant il n’est pas absolument certain que le mot Couschite (hébreu : KûU), dans la Bible elle-même, ait gardé jusqu’à la fin la signification précise de descendant de Cousch, fils de Cham. Quand Jérémie nous dit, xm, 23 : « Si un Éthiopien (Kûsî) peut changer sa peau, » il est bien évident qu’il fait allusion à la couleur brune, foncée, sinon noire, des peuples que l’on connaissait alors sous ce nom dans la partie sud de l’Egypte ; mais il est impossible de savoir si cette expression de Couschite est appliquée ici par le prophète à de véritables fils de Cousch, ou aux populations de couleur, quelle que fût leur origine, fixées dans le pays appelé pays de Cousch, du nom de ses anciens habitants : les noirs, en effet, ne sont pas nécessairement des Couschites, comme on l’a cru trop souvent.

Les traducteurs grecs de l’Ancien Testament et toutes les versions faites sur les Septante, notre Vulgate elle-même qui en a subi l’influence, ont contribué dans une certaine mesure à répandre cette erreur, en identifiant perpétuellement les Couschites de la Bible avec les peuples que l’antiquité grecque ou latine a nommés Éthiopiens, c’est-à-dire bruns ou noirs, selon le sens de ce mot, On remarque, en effet, que si Kùs en hébreu désigne la personne du fils de Cham, les Septante transcrivent exactement Xoiic, Gen., x, 6-8 ; I Par., i, 8-10 ; mais si le mot Kùs signifie la race, le pays de ce nom, elle traduit toujours par AîSi’oJ/, AÎOioitîa, « Éthiopien, Ethiopie. » On est assuré par le fait que, dans le langage des Septante, A ! 810’}/ et À ! 8107tîa se confondent avec la race ou le pays de Kùs du texte hébreu. On ne saurait en dire autant des auteurs profanes, grecs ou latins, qui ont appliqué la dénomination d’Éthiopiens d’abord et tout naturellement aux populations de couleur foncée, selon le sens du mot, puis ensuite à une multitude de peuples dont on ignorait l’histoire ou les origines, à peu près comme aujourd’hui nous appelons Indiens une multitude de races absolument étrangères aux habitants des Indes. (Voir Ethiopie.)

Les monuments égyptiens et assyriens ont au contraire gardé fidèlement le souvenir des fils de Cousch. Et d’abord ils connaissent par leur véritable nom les Couschites d’Afrique. En égyptien, le mot même de Kes a été conservé. Voir Pierret, Dictionnaire d’archéologie égyptienne, Paris, 1875, art. Ethiopie ; Maspero, Histoire ancienne, Paris, 1886, p. 105, note 2 ; p. 115 ; p. 194, note 2 ; Ebers, Aegypten und die Bûcher ilose’s, Leipzig, 1868, p. 57-63. Et ce qui prouve bien que ce n’est pas là une