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CHRYSOLITHE — CHRYSOPRASE


jonquille ou de citron. Elle contient une grande quantité d’alumine, 0, 47 à 0, 50 ; de silice, 0, 28 à 0, 30 ; de l’acide iluorique, 0, 17 à 0, 20, et du fer, à 0, 4. On trouve cette pierre précieuse à Ceylan, en Arabie, en Egypte. On estimait surtout celles de l’Inde et celles de Tibara, près du Pont-Euxin. Pline, H. N., xxxvii, 42. Ce naturaliste, H. N., xxxvii, 45, énumère plusieurs espèces de chrysolithes : la chrysélectre, jaune d’ambre ; la leucochryse, avec une veine blanche ; la mélichryse, ainsi nommée parce qu’il semble qu’un miel pur passe à travers un or diaphane ; enfin la xanthe tout à fait commune. Dans l’antiquité et au moyen âge on attribuait à la chrysolithe la vertu de chasser les craintes nocturnes et les

S75. — 1. Chrysolithe divine

2. Topaze orientale.

démons, et on la regardait comme excellente pour les maladies d’yeux. F. de Mély.

II. Exégèse. — Le mot hébreu qui correspond dans le texte original au -/pu<7<5X180ç des Septante et au chrysolithus de la Vulgate est tarsis. C’est la dixième pierre du rational ou pectoral du grand prêtre. Exod., xxviii, 20 ; xxxix, 13. Dans la fameuse vision des chérubins, Ezéch., I, 16 ; x, 9, dit que les roues avaient l’aspect du farsîs. Parmi les pierres précieuses qui ornaient les vêtements du roi de Tyr, Ézéch., xxviii, 13, est énuméré le (arsU. Les mains de l’épouse du Cantique, v, 14, sont chargées de bracelets d’or, ornés de tarsiS. Dans une de ses visions, Daniel, x, 6, aperçoit un homme vêtu de liii, les reins ceints d’une ceinture d’or et le corps couleur de tarsis. Aucun des caractères marqués dans ces textes ne nous fait connaître la nature et la couleur de la pierre ainsi nommée. On y a vu généralement la chrysolithe. C’est la traduction habituelle des Septante, quand ils ne transcrivent pas simplement le mot hébreu. La Vulgate rend aussi cette expression par chrysolithus, sauf deux fois où elle met hyacinthus, Cant., v, 14, et visio maris, Ezéch., i, 16. Aquila, Josèphe, Ant. jud., III, vii, 5 ; saint Épiphane, t. xliii, col. 300, voient un xpvo^’Ooç dans le tarsis qui figure parmi les pierres précieuses du rational. Les Targums, Exod., xxviii, 20, traduisent tarsis par nd> diid, kerûm yammâ ; le premier mot n’est peut-être que le grec xpû[i.a, couleur ; d’où le sens de couleur de mer, aiguë- marine.

Le nom hébreu du tarsis paraît en indiquer la provenance : farSii est un nom de pays qui désigne les contrées maritimes situées à l’ouest de la Palestine, probablement l’Espagne. C’est de là que les Phéniciens devaient apporter la pierre de (ai’Sis en Syrie et en Egypte. Or Pline, H. N., xxxvii, 43, mentionne une espèce de chrysolithe qu’on trouve en Espagne. — Quant

au chrysolithe de saint Jean, ce serait plutôt ce que nous appelons maintenant la topaze orientale ou corindon jaune doré. E. Levesque.

CHRYSOPRASE. Grec : -/puofSnpaffoç, avec les variantes ypu(ro7rpa<T<Toç, xP u<J ^ 7t P « ^to ; , ^pucoTcpa<rov ; Vulgate : chrysoprasus. Apoc, xxi, 20.

I. Description. — Cette pierre (fig. 276) tire son nom de sa couleur d’or, tpvaoç, jointe à celle du poireau, Ttpâffov, semblable à la fougère séchée. C’est une prase qui chatoie des rayons d’un vert jaunâtre, comme s’il renfermait des particules ou points d’or. C’est aussi la chrysoptère de l’antiquité. Pline, H. N., xxxvii, 20, la donne comme une sorte de chrysobéril. Plus loin, H. N., xxxvii, 34, il distingue plusieurs espèces de pierres vertes, et il ajoute : « À toutes ces espèces on préfère la

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276. — Chrysoprase.

Chrysoprase, qui, elle aussi, a la couleur du suc de poireau, mais dont la nuance va un peu de la topaze à l’or : la grosseur en est telle, qu’on en fait même des coupes et très souvent des cylindres. » Il faut remarquer qu’en ce dernier endroit, ch. 34, Pline écrit : chrysoprasius, et non plus chrysoprasus comme au ch. 20. Isidore de Séville, Etymolog., XVI, vii, 7 ; xiv, 8, t. lxxxii, 571, 579, suit Pline, même dans la distinction des deux noms, chrysoprasius et chrysoprasus. Mais il semble avoir été le premier à dire, ibid., col. 579, que la chrysoprase brillait dans l’obscurité. Il se pourrait que le vers de Prudence :

Te quoque conspicuum structum interserit, Ardens chrysoprase.

ait été le point de départ de cette croyance, conservée par quelques auteurs. Ou ne serait-ce pas plutôt une confusion avec ce que Pline, H. N., xxxvii, 56, dit de la chrysolampe ? Cf. Isidore de Séville, Etymolog., t. lxxxii, col. 579, note d. En résumé, c’est un silex dont la pesanteur spécifique est de 3, 25 ; elle contient 0, 96 de silice et 0, 01 de nickel : c’est à ce dernier qu’on attribue sa coloration verte. Il ne faut pas la confondre avec le quartz prase, qui est tout à fait différent. F. de Mély.

IL Exégèse. — La chrysoprase est nommée la dixième parmi les pierres de la Jérusalem céleste. Apoc, xxi, 20. La difficulté d’identifier le -/pu<J<5npa<ro ; de saint Jean avec la chrysoprase moderne, vient de ee que celle-ci ne se rencontre maintenant dans l’ancien monde qu’en Silésie, et paraît avoir été inconnue aux anciens. Cependant W. King, Antique Gerns, in-8°, Londres, 1860, p. 59, prétend qu’on trouve quelquefois cette pierre dans les bijoux égyptiens, alternant avec des grains de lapislazuli ; aussi plusieurs interprètes y voient la chrysoprase de saint Jean. Si l’on admet que les pierres précieuses mentionnées par l’apôtre dans les fondements de la Jérusalem céleste ont toutes leur équivalent dans les douze pierres du rational, la chrysoprase correspondrait au