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CHOAGH — GHODCHOD

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CHOACH. C’est ainsi qu’on transcrit quelquefois le mot hébreu mn, Ijiôali, qui désigne le chardon. Voir Chardon.

    1. CHOBAR##

CHOBAR (hébreu : Kebdr ; Septante : Xo6âp), nom d’un cours d’eau, rivière ou canal de la Chaldée, sur les rives duquel les Hébreux furent transplantés par Nabuchodonosor ; c’est là également qu’Ezéchiel eut ses premières visions. Ezech., i, 3 ; iii, "15 ; x, 15. Il ne faut pas le confondre avec le Habor mentionné dans IV Reg., xvii, 6 ; xviii, 11, où furent déportés une partie des captifs d’Israël sous Osée. On a cru longtemps que c’était le Xaêwpa ; ou’Aêôppaç des anciens, le Khabour actuel, affluent gauche de l’Euphrate, à la hauteur de Circésium. Rosenmùller, Scholia in Vet. Test., Ezechiel, t. i, p. 54 ; Keil, Ezechiel, Leipzig, 1868, p. 12 ; Hitzig, Ezechiel, Leipzig, 1847, p. 4 ; Calmet, Commentaire littéral, Ezechiel et Daniel, in-4°, Paris, 1715, p. 2. Mais le nom de Haboras, en assyrien IJa-bur, ne pourrait pas se transcrire Kebar en hébreu ; il exigerait un n (heth) et non un 3 (caph) comme initiale ; de plus ce fleuve arrose la partie septentrionale de la Mésopotamie, tandis que l’expression biblique « la terre des Chaldéens » en indique toujours la partie méridionale. Voir Chaldée. — Saint Jérôme suppose que Chobar peut être un adjectif signifiant « fort, puissant » (voir kabbir, dans Isaïe, xvii, 12 ; xxviii, 2), et désignerait le Tigre ou l’Euphrate. Comment, in Ezech. prophet., t. xxv, col. 18. Mais Kebar en hébreu n’est jamais employé dans le sens de « puissant ». Si l’Euphrate est désigné par le mot « fleuve », Nahar, c’est sans épithète ; enfin le contexte d’Ézéchiel paraît bien indiquer un nom propre : c’est pourquoi les commentateurs n’ont pas généralement suivi saint Jérôme. — Comme la Babylonie ne renferme pas d’autre fleuve que le Tigre et l’Euphrate, le Chobar désigne évidemment soit l’un des bras du bas Euphrate, soit l’un des canaux multiples qui arrosaient la Chaldée et qui portaient également le nom de nahar ou fleuve. On a même supposé qu’il n’était autre que le Nahar Malcha, le canal royal, le principal d’entre eux. Pline dit qu’il fut creusé par un architecte du nom de Chobar ou Gobaris, H. N., 1. vi, c. xxx, édit. Lemaire, Paris, 1828, t. ii, p. 689. Cf. S. Bochart, Phaleg, Francfort, 1681, p. 38-39 ; G. Rawlinson, The flve great monarchies, Londres, 1879, t. iii, p. 56. Cependant aucun texte babylonien ne nous permet de croire que le nom de l’architecte fût jamais donné au canal lui-même : le Chobar, s’appelait en assyrien Kabaru, d’après les découvertes des archéologues américains. Il était situé dans le voisinage de la ville de Nippour « n Babylonie, Palestine Exploration Fund, Quarterly statement, 1898, p. 55. Voir Habor, 30, t. iii, col. 386.

E. Pannier.

CHODCHOD. Hébreu : kadekôd, Is., liv, 12, ol kadkôd, Ezech., xxvii, 16 ; Septante : ïzamq, Is., liv, 12, et %op-/4p, Ezech., xxvii, 16 ; Vulgate : jaspis, Is., liv, 12, et chodchod, Ezech., xxvii, 16.

I. Description. — Le rubis oriental est un corindon hyalin d’un beau rouge cramoisi (fig. 272). C’est un composé d’alumine presque pure, colorée par l’oxyde de fer. Sa pesanteur spécifique est 4, 283 ; sa dureté n’est surpassée que par celle du diamant. Ces qualités, jointes à sa transparence, à son poli et à son velouté, lui donnent le second rang parmi les pierres précieuses. Il vient immédiatement après le diamant, qu’il dépasse parfois dans certaines conditions exceptionnelles. Il supporte parfaitement l’action du feu sans altération, et même sa couleur y gagne en vivacité et en limpidité. Les plus beaux rubis viennent de l’île de Ceylan, de l’Inde et de la Chine. On donne aussi le nom de rubis à des pierres plus communes, moins riches en alumine, d’une moindre valeur, qui sont des variétés du genre spinelle, comme Je rubis oriental est une variété particulière de corindon.

C’est le rubis spinelle, qui tire sur le rouge ponceau, et le rubis balais (altération de Balakschan, nom du lieu qui le fournissait), d’un rouge clair ou rouge groseille. Ch. Barbot, Guide pratique du joaillier, ou Traité des pierres précieuses, 4e édit., in-12, Paris, 1888, p. 306-310. IL Exégèse. — Isaïe, liv, 12, annonçant la reconstruction de la nouvelle Jérusalem en pierres précieuses, dit au nom de Dieu : « Je ferai tes créneaux en kadkod ; » ce que les Septante, suivis par la Vulgate, ont rendu par « jaspe ». Le même mot ne se représente que dans Ezechiel, xxvii, 16, où le prophète nous montre le Syrien exposant sur le marché de Tyr le kadkod avec les perles, la pourpre, le corail, etc. Dans ce dernier passage, les traducteurs grecs, par ignorance sans doule du sens, transcrivent simplement le mot du texte hébreu, mais

272.

Rubis oriental.

en lisant deux resch, ~a~o, au lieu de deux daleth, 1213 : -/op-/ôp. La Vulgate se contente également de transcrire le mot, mais on lisant, comme dans le texte hébreu actuel, deux daleth : chodchod. « Ce que signifie chodchod, je n’ai pu le trouver jusqu’à présent, » dit saint Jérôme, Comment, in Ezechielem, 1. viii, c. xxvii, 16, t. xxv, col. 255. Cependant dans Isaïe, liv, 12, il avait traduit par jaspe ; il est vrai qu’en cela, selon son aveu, il ne fit que suivre les Septante. Comment, in Isaiam, t. xxiv, col. 521. Mais cette traduction est inexacte : le jaspe a son nom bien connu en hébreu. Selon l’opinion dominante des exégètes, le kadkod doit s’entendre du rubis, que la Bible ne mentionnerait nulle part, s’il n’en est pas question ici. Si l’on rapproche kadkod de kîdod, « étincelle, » Job, xli, 11 (de V3, kîd, « jeter des feux » ),

nous sommes amenés à y voir une pierre brillante. De

plus, le mot arabe &j*Sj£, kadzkadzat, désigne le rouge vif. Il est à remarquer que le Targum de Jérusalem rend par « 313-3, kadkedânâ’, le mot red/’efcdeExod., xxviii, 18,

qui signifie « escarboucle », pierre qui par sa couleur rouge a de l’analogie avec le rubis. Symmaque traduit kadkôd ou plutôt karkod (comme il semble avoir lii, et comme portent encore quelques manuscrits) par -/apyijSâvio ;  : ce qui n’est pas la calcédoine, mais bien le carbunculus carchedonius de Pline, H. N., xxxvii, 25. Or ce carbunculus carchedonius, par son nom spécifique, rappelle le kerkend, dont la traduction arabe d’Aristote dit : « Le kerkend ressemble à l’ynqout roujre (rubis oriental), mais il ne soutient pas comme lui l’action du feu. » Ce serait donc le rubis spinelle ou balais. Clément-Mullet, Essai sur la minéralogie arabe, in-8°, Paris, 1868, p. 54. Si l’on ne peut faire la preuve certaine, il y a donc des raisons de croire que le kadkod est le rubis, au moins le rubis spinelle ou balais. À l’époque d’Isaïe et surtout d’Ézéchiel, le rubis oriental, apporté de l’Inde ou de la Chine, pouvait très bien être connu dans la Palestine et la Syrie. On sait que Babylone était le plus ancien et le plus important marché de pierres précieuses. Movers, Die Phônizier, t. ii, part. 3, Bonn, 1856, p. 266. Or il