Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/354

Cette page n’a pas encore été corrigée

« 85

CHEVEUX

G86

des Égyptiens, qui se rasaient ordinairement la tête. (Voir t. i, fig. 383, col. 1289.) Toutes les règles qui sont données par la loi mosaïque, relativement aux cas où les cheveux doivent être coupés et à la manière dont ils doivent l’être, supposent qu’habituellement les Hébreux portaient les cheveux longs.

1° Chevelure des prêtres. — Dieu avait imposé aux prêtres des règles strictes sur la façon dont devait être arrangée leur chevelure. La loi leur interdit de tondre en rond les coins de leur tête. Lev., xix, 27. Ils ne doivent ni se raser la tête ni laisser croître indéfiniment leurs « heveux, mais les couper simplement. Lev., xxi, 5 ; Ezech., xliv, 20. Par ces prescriptions, Dieu veut distinguer ses prêtres de ceux des dieux des nations. Lev., xix, 27 ; Deut., xiv, 1. « Il ne veut pas, dit saint Jérôme, qu’ils soient rasés à la manière des prêtres d’Isis et de Sérapis, jni qu’ils laissent croître leur chevelure à la façon des

ment pour les prêtres égyptiens, Hérodote, ii, 36, et pour d’autres prêtres orientaux. Voir Barbier, t. i, col. 1457. 2° Chevelure des nazaréens. — Parmi les observances auxquelles se soumettait celui qui faisait vœu de nazaréat était en premier lieu celle de laisser pousser ses cheveux sans les couper. Num., vi, 5 ; Jud., xiii, 5 ; xvi, 17 ; I Reg., i, 11. Si quelqu’un meurt auprès d’un nazaréen, celui-ci est souillé et rase sa tête au jour de la purification, c’est-à-dire au septième jour. Num., vi, 9. Lorsque le temps du nazaréat est terminé, le nazaréen rase aussi sa tête à l’entrée du tabernacle et met ses cheveux sous le feu du sacrifice des victimes pacifiques. Num., vi, 18-19. Parmi ceux qui firent ce vœu figure au premier rang Samson. La force extraordinaire de ce juge était attachée à la longueur de ses cheveux. Jud., xvi, 17. Il la perdit quand Dalila, qui lui avait arraché son secret, les lui eut coupés. Dès qu’ils furent repoussés, Samson recouvra sa

[[File: [Image à insérer] |300px]]
252. — Tête de roi hyksos. Fragment d’une statue de la villa Ludovisi, à Epme.

larbares et des soldats, mais qu’ils aient une tenue convenable aux prêtres. » In Ezech., xiii, 17, t. xxv, col. 437. Les prêtres égyptiens avaient, en effet, comme tous leurs .compatriotes, la tête rasée, et même en dehors de l’Egypte les prêtres d’Isis adoptaient la même tenue. H. Helbig, Wandgemâlde Campaniens, in-4°, Leipzig, 1868, n M 1111 et 1112. La défense de couper les coins de la chevelure est faite dans un dessein semblable. C’est pour empêcher l’usage de superstitions habituelles à certains peuples voisins, comme était, par exemple, l’habitude qu’avaient certains Arabes d’offrir au dieu Orotal les cheveux plantés entre les tempes et les oreilles. Hérodote, iii, 8. Toutefois, comme il est remarqué à l’article Barbe, il est difficile de savoir exactement la signification du mot « coin », pê’âh, dans le passage d’Ezéchiel cité plus haut. Cf. t. i, col. 1452. Il est plus difficile encore de savoir si, dans Jérémie, ix, 26 (hébreu, 25) ; xxv, 23 ; xlix, 32, le prophète, en parlant des Arabes, les désigne par la coupe de leurs cheveux. Tandis que les Septante traduisent les mots qesûsé pê’âh par : « celui qui est rasé autour de sa face, » Tiâvxa Trepixe : p6[j.svov nrà xoctcc updffwTiov aùrou, et la Vulgate par : « ceux dont l’extrémité des cheveux est coupée, » abscissi extrema coma, un certain nombre d’interprètes appliquent le mot « extrémité » à la terre et traduisent : « ceux qui sont aux extrémités du désert. » Gesenius, Thésaurus, p. 1087.

Dans certains cas, il était prescrit aux prêtres de se raser entièrement le corps. C’était alors une partie de la cérémonie de la purification. Au moment de leur consécration les lévites devaient avoir la tête rasée, comme tout le reste du corps. Num., viii, 7. Cet usage existait égale force, renversa les colonnes de la salle où les Philistins faisaient un festin, en tua un grand nombre et périt lui-même sous les décombres. Jud., xvi, 22. Voir Samson. — Saint Paul fit également le vœu du nazaréat à Éphèse, et la période durant laquelle le fer ne devait pas toucher à ses cheveux expira pendant son séjour à Cenchrées. Il se fit couper les cheveux dans cette ville, avant de se rembarquer pour l’Orient. Act., xviii, 18. C’est bien à lui, en effet, que se rapporte le participe et non à Aquilas, comme l’ont cru à tort certains interprètes. C. Fouard, Saint Paul, in-8°, Paris, 1892, p. 268-269..

3° Chevelure du peuple. — Dans la vie ordinaire, les Juifs portaient les cheveux assez longs. Nous voyons, en effet, le prophète Habacuc enlevé par les cheveux. Dan., xiv, 35 ; et parmi les supplices infligés aux sept Machabées est indiqué celui qui consiste à arracher à l’un d’eux les cheveux et la peau du crâne. II Mach., vii, 7. C’est avec les cheveux longs que les bas-reliefs égyptiens et assyriens représentent les Juifs. Sur le monument de Sésac à Karnak, les cheveux sont liés par un bandeau qui entoure la tête et qui est noué par derrière. Voir Barbe, t. i, fig. 447, col. 1454. Sur l’obélisque de Nimroud, la tête est couverte d’un bonnet et le bas des cheveux est roulé, à quatre rangs de frisures. Voir Barbe, t. i, fig. 448, col. 1454. Sur le monument de Ninive où sont figurés des Juifs rendant hommage à Sennachérib, la tête de ce « x-ci est nue et sans bandeau et leurs cheveux sont bouclés. Voir Barbe, t. i, fig, 449, col. 1455.

On admirait chez les jeunes gens une chevelure abondante. Celle d’Absalom, qu’il coupait chaque année, dit le texte sacré, pesait deux cents sicles du poids royal. II Reg.,