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CHÉRUBIN — CHEVAL


être Philon, qui donne le premier ce sens à kerûb, a-t-il été tenté par le désir d’assimiler le kerûb hébreu au sphinx égyptien. L’un et l’autre sont symboliques. » Perrot, Histoire de l’art dans l’antiquité, t. ii, p. 497. Le sphinx, composée d’un corps de lion et d’une tête humaine, représentait la force et l’intelligence réunies. On l’a même regardé comme le symbole de la grande divinité de Sais, Neith, mère du soleil et déesse de la sagesse, que les Grecs ont cherché à identifier avec leur Athénè. Il est donc à croire qu’en proposant cette étymologie, Philon a cédé à ses tendances hellénistes. Voir J. R. Bosanquet, The successive visions of the Chérubins,

in-12, Londres, 1871.

H. Lesêtre.
    1. CHÉRUBIN DE SAINTJOSEPH##

CHÉRUBIN DE SAINTJOSEPH (de son nom de

famille Alexandre de Borie), carme déchaussé, né à Martel, aujourd’hui département du Lot, le 5 août 1639, mort à Bordeaux le 4 avril 1725. Profès à l’âge de seize ans, prêtre à vingtdeux ans, il professa de longues années, avec une véritable supériorité, la théologie et la philosophie avec les mathématiques et les sciences naturelles, se procurant pour cela tous les livres nécessaires et utiles et les instruments les plus perfectionnés. Plusieurs fois prieur, définiteur, provincial, visiteur général, il s’appliquait avec tant de zèle au gouvernement des âmes et à l’observance régulière, qu’il paraissait ne pas même regarder les livres, et pendant ce temps-là il apprenait l’hébreu et vaquait à l’étude des Saintes Lettres, des conciles, des Pères et de l’histoire ecclésiastique, comme s’il n’avait pas eu d’autre souci. Il travailla jusqu’au jour de sa mort. On a de lui : Bibliotheca criticas sacrée circa omnes j’ere Sacrorum Librorum difficullales, 4 in-f° ; les deux premiers volumes, Louvain, 1704, et les deux derniers, Bruxelles, 1705 et 1706 ; Summa criticx sacras in qua scholastica methodo exponuntur universa Scriptural Sacrée prolegomena, 9 in-8°, Bordeaux, 1709-1716 ; et vingt autres ouvrages in-4° sur l’Écriture restés manuscrits. — Dans le premier de ces ouvrages, qui est incomplet, l’auteur se proposait de réunir en 12 in-folio tout ce qui avait été dit jusque-là pour la solution des difficultés de l’Écriture ; mais la publication en fut arrêtée au cinquième volume, par les guerres de la succession d’Espagne. Obligé de revenir de Bruxelles à Bordeaux, et n’y trouvant ni caractères hébraïques ni typographes exercés à ce genre de composition, et son âge avancé ne lui permettant plus de se transporter dans un autre pays, il prit le parti de faire de son immense travail un résumé, qu’il publia sous le titre de Summa criticee sacrée. Voir le Journal des savants, années 1705, 1711 ; les Mémoires de Trévoux, années 1710, 1711, 1712, 1713.

F. Benoit.

    1. CHESLON##

CHESLON (hébreu : Kesâlôn ; Septante : XauaXwv, « lieu fertile, » de la racine peu usitée kdsal, dont la signification primitive, d’après Fiirst, est : « être charnu, gros, massif, » ou bien place « forte », montagne « massive », d’après l’analogie d’autres dérivés de la même racine), yille de la tribu de Juda, mentionnée Jos., xv, 10, sur la frontière nord de la tribu de Juda, entre Cariathiarim et Bethsamés. Elle semble y être placée sur le versant septentrional du mont Jarim (Har Ye’àrim, « montagne des forêts » ) : « [La frontière] passe [de la montagne de Séir] vers l’épaule du Har Ye’ârlm du côté nord : c’est Kesâlôn. » — Tout le monde convient que c’est le À’esM.actuel. La forme arabe doit son origine à une forme hébraïque Kaslôn. Voir KampfTmeyer, Alte Namen im heutigen Syrien und Palâstina, dans la Zeitschrift des deutschen Palâstina-Vereins, t. xvi, année 1893, p. 46. Cela prouve que la transcription de la Vulgate (et des Septante) est plus exacte que la prononciation massorétique, à moins qu’on ne préfère admettre (avec KampfTmeyer) deux formes hébraïques différentes.

Le Keslâ actuel est ainsi décrit par Conder, dans le Survey of Western Palestine, Memoirs, t. iii, p. 23 : « Un


petit village en pierres dans une position très visible sur le sommet d’une hauteur raboteuse, avec une profonde vallée du côté nord. Il y a une source vers l’est et deux autres dans une vallée vers le midi. Les broussailles qui couvrent la montagne correspondent parfaitement à l’ancien nom de Yearim. » Sur la grande carte du Palestine Exploration Fund l’élévation est marquée à 2 082 pieds anglais (791 mètres). La profonde vallée vers le nord est VOuâdi el-Himâr, « vallée de l’âne, » venant A’Abôu-Gosch au nord-est, où il porte le nom SOuâdi el-Gadh ; « vallée du marais. » Près de Kesià il se dirige directement vers l’ouest, mais peu après il reprend sa direction sud-ouest sous le nom d’Ouâdî el-Gourâb, « vallée du corbeau ; » plus loin encore il est appelé Ouàdi el-Moutlaq, « vallée de l’affranchi ; » et c’est sous ce nom qu’il débouche dans la large vallée de VOuâdi es-Sourâr, « vallée des cailloux, » vis-à-vis de’Aïn Chenis (Bethsamés). — La source à l’est du village est’Aïn’el-Qasab, « fontaine des roseaux ; » celles du midi s’appellent’Aïn Keslâ et’Ain el-’Arab, « fontaine des Bédouins. » L’Ouâdi el-’Arab, au-dessous de la source, a une riche végétation de broussailles et d’arbrisseaux qui lui donnent un aspect charmant, mais sauvage. Je ne sais si la végétation actuelle correspond mieux au nom de Har Ye’àrim. qu’au nom précédent de Sè’ir. Le premier semble plutôt désigner une forêt d’arbres plus élevés ; sê’îr, « hirsute, hispide, » ferait plutôt penser à des broussailles. Néanmoins le texte nous oblige d’identifier le Har Ye’àrim avec la montagne de Keslâ, quoique le nom ait pu comprendre encore d’autres hauteurs à l’est de YOùâdi elGourâb. Le mont Séir semble être la montagne plus élevée qui, au sud de Saris et au nord-est de Keslâ, s’élève à 2347 pieds anglais (892 mètres). La frontière, d’après le texte de Josué, passait d’ici à Keslâ sur le Har Ye’àrim du côté nord. Nous comprenons ces mots dans ce sens : que la frontière traversait l’ouadi en allant du côté nord vers le midi. Mais si l’on voulait y lire qu’en traversant la vallée elle gagnait le versant nord de la montagne de Keslâ, on aurait aussi un sens admissible. Du reste, la frontière au midi de Keslâ ne devait pas s’éloigner beaucoup de VOuâdi el-Gourâb, car elle n’avait qu’à le suivre pour « descendre » tout droit « à Bethsamés ».

Cheslon n’a pas d’histoire. Après l’avoir nommé une seule fois dans la description de la frontière de Juda, l’Écriture n’en fait plus mention. L’histoire profane garde le même silence. Le nom néanmoins s’est conservé à travers les siècles depuis Josiié, et les forêts qui ont donné leur nom à la montagne, peut-être longtemps avant Josué, y ont laissé des traces encore reconnaissables.

J. P. van Kasteren.

CHETHIB. On transcrit souvent ainsi le mot hébreu 2>H3, ketib, qui signifie « ce qui est écrit », et indique une leçon jugée défectueuse par les Massorètes, mais conservée dans le texte, parce qu’ils l’ont trouvée « écrite ». La lecture qu’on doit lui substituer d’après eux est indiquée en marge dans le qerî, « ce qu’il faut lire ».

    1. CHEVAL##

CHEVAL (hébreu : sus ; — paras, mot qui désigne à la fois le cavalier et le cheval, comme du reste eques en latin ; A. Gelle, Noct. attic, xviii, 5 ; Macrobe, Saturnal. , vi, 9 ; — rékéS ; — qal, « léger, rapide », employé poétiquement une seule fois, Is., xxx, 16 ; — sûsâh, Cant., i, 9, et rammâk, Esth., viii, 10, la jument. Septante : îWoç ; Vulgate : equus). Le cheval (fig. 248) est un mammifère pachyderme de l’ordre des Jumentés et de la famille des Solipèdes ou Équidés. Les solipèdes sont ainsi nommés parce qu’ils n’ont qu’un seul doigt et un seul sabot à chaque pied. Le cheval se distingue des autres animaux de la même famille, âne, hémione, zèbre, par sa taille, la couleur uniforme de sa robe, sa queue garnie de poils dès la base, la beauté de ses formes et son intelligence, surtout quand il est convenablement traité. Il vit une trentaine d’années ; mais dans sa vieillesse il perd ses

H. — 22