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CHÉRUBIN


2° Les chérubins de l’arche et du Temple sont des figures symboliques. Us représentent les gardiens invisibles du sanctuaire. « Ils étendaient leurs ailes sur l’arche. Sans doute ils servent à symboliser la présence de Dieu, à indiquer un lieu réservé, où il n’était pas permis d’atteindre. En ce sens, ce sont encore des gardiens. Mais nous ne les trouvons plus aux portes, comme les gardiens placés par l’Éternel à l’entrée d’Éden… Dans ces êtres ou ces symboles, que la parole de Dieu nous décrit d’une manière très voilée, l’aile est le caractère essentiel et dominant. Il n’est pas moins certain que leur fonction est de garder ce qu’il y a de plus saint et de plus véné divin », un « jardin divin », c’est-à-dire la demeure de celui qui se dit et se croit un dieu. ꝟ. 2, 13. Il est comparé au chérubin mimsah, non pas d’  « onction », mais d’s extension », qui étend ses ailes pour couvrir et protéger ses trésors, comme les chérubins de l’arche et du sanctuaire étendent les leurs pour couvrir et défendre la majesté invisible du Seigneur. De sa montagne sainte à lui, sur laquelle il plane comme les chérubins sur la montagne de Sion, Dieu l’arrachera honteusement. Voir Rosenmûller, Scholia, Ezechiel, Leipzig, 1810, t. ii, p. 326-329 ; Gesenius, Thésaurus, p. 825 ; Bàhr, Symbolik des mosaischen Cultus, Heidelberg, 1837, t. i, p. 341-346. Saint

j.MÀiLZonz

dans le palais de Sargon. D’après Place, NLnive et l’Assyrie, t. iii, pi. SI.

rable. Il est donc permis de croire que les Assyriens, en donnant des ailes aux figures qui gardaient les portes des demeures royales, observaient une tradition antique et respectable, dont peut-être ils avaient perdu le sens, mais qui s’était perpétuée jusqu’à eux depuis les premiers âges du monde. » Feer, Les ruines de Ninive, p. 76. — Dans sa lamentation sur le roi de Tyr, Ézéchiel semble consacrer ce symbole. Il dit, en effet, de ce roi, orgueilleux de sa puissance et de ses richesses : « Tu es kerûb mimsaJf hassôkêk, un chérubin qui s’étend et qui protège, je t’ai placé sur la montagne sainte de Dieu, et tu marches au milieu des pierres de feu… Mais, à cause de l’étendue de ton commerce, ton cœur a été rempli d’iniquité et tu as péché ; c’est pourquoi je t’arracherai honteusement de la montagne divine et te perdrai, chérubin protecteur, du milieu des pierres de feu. » Ezech., xxviii, 14, 16. Ces pierres de feu sont les pierres scintillantes qui constituent le trésor et l’ornement du roi. y. 13. La montagne sainte de Dieu est Tyr, que le prophète appelle un « séjour

Thomas, Summa theologica, 1* 2 æ, en, 4, ad 6, dit aussi, au sujet des chérubins de l’arche : « Dieu, qui est au-dessus de tout, est incompréhensible à toute créature. C’est pourquoi ou ne mettait aucune image pour représenter son invisibilité, mais on plaçait comme une figure de son trône, (les chérubins) d’une nature incompréhensible, qui est au-dessous de Dieu comme le trône au-dessous de celui qui est assis. »

3° Le symbolisme des taureaux ailés, dont Ézéchiel fait la description, est plus compliqué. Cependant « rien de plus clair que l’intention et l’idée-mère de cette création. L’art a voulu réunir dans un seul être les plus hautes puissances de la nature et de la vie. Le taureau, le lion et l’aigle, ce sont les types divers de la force physique, qui n’a pas partout le même caractère et qui ne se manifeste pas de la même manière. Patiente et tenace dans le taureau, qui traîne la charrue et transporte les plus lourds fardeaux, elle est impétueuse et violente chez le lion, et dans l’aigle, à la redoutable vigueur du bec et