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CHÊNE — CHÉRUBIN

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Lien rendu’êlôn par 8p3ç, « chêne ; » mais au lieu de voir un nom propre dans Moréh, ils mettent v^y, ), ^ ; , « élevé, » l’épithète habituelle du chêne chez les poètes anciens. Celsius, Hierobotanicon, t. i, p. 65. Voir Moréh.

— 3° La chênaie de Mambré, ou le bois de chêne, près d’Hébron (car l’expression est toujours employée au pluriel, ’êlônê Mamrê), lieu où séjourna Abraham, Gen., xin, 18 ; xiv, 13, où il dressa un autel au Seigneur, Gen., Xin, 18, et où Dieu lui apparut à l’entrée de sa tente. Gen., xviii, 1. Il ne s’agit donc pas d’un arbre en particulier ; mais les Septante ayant traduit par ôp-Gç, « chêne, » au singulier, on fut amené à regarder comme l’arbre d’Abraham le plus beau des arbres de cet endroit. Et on l’appela tantôt chêne, tantôt térébinthe, soit qu’on confondit ces deux espèces d’arbre, soit qu’en réalité des types de l’une et de l’autre espèce aient porté successivement le nom d’arbre d’Abraham. Josèphe, Bell, jud., IV, IX, 7, l’appelle un térébinthe ; mais, Ant.jud., i, x, 4, il dit qu’Abraham habitait près du chêne nommé Ogygès. Eusèbe, Onomasticon, édit. Larsow et Parlhey, 1862, p. 172, en réunissant les deux mots dans la même phrase, donne ce sens confus : « Le chêne de Mambré, situé près d’Hébron ; c’est le térébinthe que l’on montre encore aujourd’hui à l’endroit où campait Abraham. » Saint Jérôme reproduit ce passage avec la même confusion, et ajoute qu’on voyait encore ce chêne à l’époque de son enfance et du règne de Constance : ce qui semble indiquer qu’il n’existait plus au temps où il écrivait ; et du reste il nous montre sainte Paule, t. xxiii, col. 886, visitant « les vestige du chêne d’Abraham ». À l’époque de Constantin, des superstitions étaient pratiquées par les païens auprès de ce chêne ; l’empereur fit renverser l’autel et les idoles et ériger une basilique chrétienne. Socrate, H. E., i, xviii, t. 67, col. 124. Après saint Jérôme, les pèlerins continuèrent de vénérer le chêne de Mambré : il faut donc qu’un nouvel arbre ait reçu ce nom. C’est ce que signale Brocard, Descript. Terrse Sanclx, édit. Laurent, 1864, t. ix, p. 81, en disant que c’est un rejeton né de ses racines. Celui que la tradition populaire regarde maintenant comme le chêne d’Abraham (ùg. 242) est un bel arbre de 30 mètres de haut et de 8 mètres 45 de tour ; « de son tronc vigoureux s’élancent trois grands bras qui se subdivisent en de puissants rameaux. À midi, il couvre de son ombre un terrain dont l’étendue de l’est à l’ouest est de trente-deux pas, et de trente du nord au sud. » Guérin, La Judée, t. m j p. 267. Il est dans l’oued Sebta, à l’ouestnord -ouest d’Hébron ; mais il ne paraît pas que ce soit là l’emplacement de la vallée de Mambré ; elle se trouve plutôt au Haram Ramet el-Khalil. Cf. Guérin, La Judée, p. 279, et voir Mambré. — La Vulgate, aux trois endroits cités, traduit’êlônê par convallis, « vallée, » suivant en cela lesTargums. — 4° Le chêne de Sichem, appelé’êlôn mussâb, « chêne du poste militaire, » selon quelques exégètes, ou plutôt « chêne de la stèle », appelé ainsi de quelque stèle ou pierre debout placée au pied de cet arbre. Est-il fait allusion à la « grande pierre que Josué érigea en témoignage pour le peuple » ?Jos., xxiv, 26-27. La difficulté est qu’il est question d’un’allâh, « téré"binthe, » et non d’un chêne. À moins d’admettre une faute de copiste pour’âllon, nS « pour p’iN, il faut reconnaître deux endroits différents. C’est près de ce chêne que les hommes de Sichem firent roi Abimélech. Jud., ix, 6. — 5° Le « chêne des enchanteurs », ’êlôn me’onànim, autre chêne près de Sichem, qui donnait son nom à un chemin d’où Gaal, un des chefs de la cité, vit venir les troupes. d’Abimélech. Jud., ix, 37. La Vulgate supprime le mot me’onânîm ; les Septante l’unissent au mot’ëlon pour en faire un seul nom propre : ’LLù>v[jlo<(ovev£iu.. — 6° Le « chêne en Saananim », ’éïon be-Sa’ânannîm, Jos., xix, 33, ou’êlôn be-Sa’ânnayhn, Jud., iv, 11, localité près de Cédés. Dans le premier passage, la Vulgate traduit « Élon en Saananim » ; dans le second, « jusqu’à la

vallée qui s’appelie Sennim. » Voir Élon. — 7° Le « chêne de Thabor », ’élon tâbôr, I Sam., x, 3, endroit par où Saiil doit passer après qu’on lui aura annoncé que les ânesses de son père sont retrouvées. Il ne s’agit pas évidemment de la montagne du Thabor, mais d’une localité près de Béthel. Voir Thabor 2. E. Levesque.

CHENILLE. La Vulgate a rendu par eruca, « chenille », Joël, i, 4 ; ii, 25 ; Am., iv, 9, l’hébreu gdzâtn. Voir Sauterelle.

    1. CHÉRÉAS##

CHÉRÉAS (Septante : Xaipéaq ; Vulgate : Chxréas), gouverneur de la forteresse de Gazara (appelée ordinairement Gazer), qu’assiégea Judas Machabée. II Mach., x, 32-33. Cf. I Mach., v, 8. Il était frère de Timothée, le chef des Ammonites adversaires des Juifs. II Mach., x, 37. Cf. I Mach., v, 6. Chéréas et Timothée furent mis à mort dans une citerne où ils s’étaient cachés après la prise de la forteresse. II Mach., x, 37.

    1. CHÉRUB##

CHÉRUB (hébreu : Kerûb ; Septante : X ; po’jg), localité chaldéenne ou de la partie méridionale de la Mésopotamie, d’où partirent pour suivre Zorobabel en Palestine certaines familles qui se prétendaient d’origine juive, mais sans pouvoir « faire connaître leur maison paternelle et leur race, pour prouver qu’ils étaient véritablement d’Israël ». I Esdr., Il, 59 ; II Esdr., vii, 61. — Les textes cunéiformes n’ont pas encore révélé de localité de ce nom. Quelques interprètes doutent si ce nom doit être isolé du suivant, ou s’y joindre sous la forme Chèrub-Addon ou même Chérub-Addon-Immer. Keil, Chronik, in-8°, Leipzig, 1870, p. 420. Toutefois le texte de II Esdras peut être allégué dans l’hébreu contre la troisième lecture, la Vulgate et les Septante contre la seconde, car ils renferment la conjonction entre les différentes parties de ce mot. On fait valoir à rencontre que la troisième lecture donne trois localités au lieu de cinq, comme lieu de départ des trois familles mentionnées I Esdr., ii, 60. Calmet admet même que ces noms, Chérub, Adon et Émet ; sont des noms de personnes, Commentaire littéral, Esdras, Paris, 1722, p. 16 ; mais c’est à tort, car les familles en question sont nommées au ꝟ. 60.

E. Pannier.
    1. CHÉRUBIN##

CHÉRUBIN (hébreu : kerûb ; Septante : yzpovê ; Vulgate : cherub ; au pluriel : y_epou6f|ji, cherubim, être surhumain ministre de la puissance divine, ou représenté pour rappeler et symboliser cette puissance.

I. Nature et nom. — L’Écriture mentionne : 1° les chérubins du paradis terrestre, 2° les chérubins sculptés sur l’arche d’alliance, 3° dans le sanctuaire, 4° brodés sur les tapisseries du Temple, et 5° décrits dans les visions d’Ézéchiel. On n’a jamais hésité à reconnaîre des anges dans les chérubins du paradis terrestre. Mais les chérubins du sanctuaire et surtout d’Ézéchiel ont toujours paru enveloppés d’un mystère impénétrable. Josèphe, Ant. jud., VIII, iii, 3, écrit à propos des chérubins du Temple : « Personne ne peut ni dire ni conjecturer ce qu’ils étaient. » Saint Grégoire de Nazianze, Orat. xxviii, 19, t. xxxvi, col. 52, parle de même de ceux d’Ézéchiel, et saint Jérôme, In Ezech., i, 4, t. xxv, col. 19, fait cette déclaration, à propos de la vision du prophète : « Toutes les synagogues des Juifs sont muettes au sujet de son interprétation ; ils disent qu’il est au-dessus des forces de l’homme de tenter d’expliquer ce passage et celui qui traite de la construction du Temple, à la fin de cette prophétie. » L’étymologie même du mot kerûb, jusqu’en ces derniers temps, demeurait conjecturale. Pour éviter qu’on ne la tirât du radical chaldépn kârab, « labourer, » et que le kerûb n’éveillât l’idée du veau d’or ou du bœuf Apis, les rabbins talmudistes préféraient lire kerabija’, ce qui signifie « comme un enfant », et permettait d’assimiler le kerûb à un enfant. Buxtorf, Lexicon chaldaicum, Leipzig, 1875, p. 550. D’autres ra^