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CHASSE


d’Egypte que dans des scènes où des étrangers payent leur tribut annuel au pharaon, Wilkinson, ibid., t. iii, p. 271 ; il est représenté sur le rebord d’une coupe assyrienne. G. Rawlinson, Ancient mon., t. i, p. 528.

2° Oiseaux. — La loi mosaïque permettait la chasse aux oiseaux, Lev., xvii, 13 ; mais par suite des règlements prohibant de manger la chair des oiseaux impurs, Lev., xi, 13-47 ; Deut., xiv, 12-19, il est très probable que les Hébreux ne firent jamais la chasse qu’à un petit nombre d’espèces d’oiseaux. De fait, on ne trouve dans la Bible d’allusions à la chasse aux oiseaux qu’au sujet des suivants : Autruche. Job, xxxix, 13-18. Cf. Rawlinson, Ane. mon., t. i, p. 228. Voir Autruche, t. i, col. 1280, 1289.

— Passereau. Ps. x, 2 (hébreu : xi, 1) ; cxxiii, 7 ; Lev., xiv, 4, 49. — Perdrix. I Reg., xxvi, 20 ; Eccli., xi, 32. Cf. Rawlinson, Ane. mon., t. i, p. 228 ; Fr. Lenormant, Hist. anc, t. v, p. 127.

IL Instruments de chasse. — 1° Chasse des bêtes sauvages. — Les instruments le plus souvent employés pour la chasse des bêtes sauvages étaient l’arc et les (lèches, le piège, la trappe, le filet et probablement le lasso. — L’arc et les flèches étaient usités chez les Hébreux comme chez tous les autres peuples. Gen., xxi, 20 ; xxvii, 3 ; Job, xii, 19 ; Is., vii, 24, etc. Les monuments nous les montrent employés dans la poursuite des animaux les plus féroces, tels que le crocodile, le lion, l’aurochs. Cf. Rawlinson, Anc. mon., t. i, p. 513 ; Wilkinson, Manners and customs, t. ii, p. 79. — Le piège et la trappe ne sont point représentés sur les monuments, mais ils sont très souvent mentionnés dans la Bible. Piège : Ps. lvi, 7 ; cxviii, 61, 110, etc. ; Job, xviii, 9, 10 ; Jer., xvin, 22 ; Eccli., xxvii, 29, 32 ; trappe : Ps. vii, 16 (hébreu, 15) ; ix, 16 (hébreu, 15) ; Job, xviii, 10 ; Is., xxiv, 17, 18, 22 ; xxviii, 13, etc. Le filet est également souvent mentionné dans l’Écriture, Ps. IX, 16 ; xxiv, 15 ; xxx, 5 ; Job, xviii, 8 ; xix, 6 ; Is, , li, 20 ; Ezech., xii, 13 ; xvii, 20 ; Osée, v, 1, etc. ; mais, de plus, il est représenté sur les anciens monuments. Les sculptures égyptiennes nous montrent parfois une vaste étendue de territoire couverte de filets où des animaux de tout genre sont capturés et finalement dépêchés par les traits du chasseur. Wilkinson, Manners and customs, t. ii, p. 80. Sur une sculpture assyrienne, on voit le filet employé d’une manière analogue. Voir fig. 150, t. ii, col. 447. — Le lasso n’est probablement mentionné que dans I Cor., vii, 35 ; mais il figure maintes fois sur les monuments assyriens et égyptiens. En Egypte, on s’en servait pour s’emparer de la gazelle et de l’aurochs. Wilkinson, Manners and customs, t. ii, p. 87 ; en Assyrie, on voit l’âne sauvage pris au lasso. Rawlinson, Anc. mon., t. i, p. 517. — Dans la chasse à V hippopotame, le livre de Job, XL, 17-20, fait mention d’engins moins usités : l’épée, le javelot, la lance, la fronde, la massue et le dard. — On voit par les monuments des Égyptiens et des Assyriens qu’ils se servaient du cheval et du chien dans leurs parties de chasse. La Bible n’a qu’une seule allusion à l’emploi du cheval dans la poursuite du gibier. Elle se trouve dans Job, xxxix, 18, et a rapport à l’autruche, c’est-à-dire à un animal que les Hébreux regardaient comme impur, Lev., xi, 16 ; Deut., xiv, 15, et qui n’existait qu’en dehors de la Palestine.

2° Chasse des oiseaux. — L’arc et les flèches étaient sans doute employés pour la chasse aux oiseaux, Ps. x, 2, 3, cf. Rawlinson, Anc. mon., t. i, p.’228 ; Lenormant, Hist. anc, t. v, p. 332 ; mais c’est surtout avec des pièges et des filets de toute dimension qu’on leur faisait la guerre. Eccle., IX, 12 ; Prov., i, 17 ; vii, 23 ; Ps. cxxiii, 7 ; Jer., v, 26, 27 ; Amos, iii, 5 ; Osée, VU, 12, etc. Pour se faire une idée exacte de ces divers pièges et filets, on n’a qu’à étudier ceux dont les monuments d’Egypte nous ont laissé tant de représentations. Wilkinson, Manners and customs, t. ii, p. 102, 103, 110. — Un autre engin qui était très probablement employé par les Hébreux, quoiqu’il ne soit

pas mentionné dans la Bible, est un projectile que les Bédouins de nos jours manient avec non moins de dextérité que les anciens Égyptiens. Il était fait de bois pesant, aplati, et n’offrait qu’un minimum de résistance â l’air dans la direction où il était projeté, de sorte qu’un bras vigoureux et exercé pouvait le lancer à une distance considérable, bien que d’ailleurs on s’efforçât toujours de s’approcher des oiseaux le plus possible, à l’abri des buissons ou des roseaux. Il est souvent représenté sur les monuments d’Egypte, Wilkinson, Manners and customs, t. ii, p. 104, 107, 108, et rappelle le boumërang d’Australie. Cf. Maspero, Histoire ancienne des peuples de. l’Orient, t. i, 1895, p. 59 ; J. Lubboek, L’homme préhistorique, in-8°, Paris, 1888, p. 402-403. — Dans l’Ecclésiastique, xi, 31-33, on trouve une allusion à un autre moyen de faire la chasse aux oiseaux. Il consistait à se servir d’animaux comme appeaux. Cette méthode est aussi souvent représentée sur les monuments égyptiens. Wilkinson, Manners and customs, t. ii, p. 104, 107, 108.

III. MÉTAPHORES EMPRUNTÉES À LA CHASSE. — L’exer cice de la chasse et la pratique de la guerre présentent de nombreux traits de ressemblance. Dans l’une et l’autre, on poursuit une proie avec ardeur et acharnement, ou on la capture au moyen de stratagèmes analogues. Plusieurs engins sont communs à la chasse et à la guerre, et dans l’une et l’autre ori court souvent des dangers sérieux. Les impressions diverses qu’éprouve le gibier traqué par le chasseur sont également éprouvées par l’homme innocent ou désarmé fuyant devant un ennemi mortel. Ces analogies expliquent comment toutes les langues, et l’hébreu en particulier, abondent en métaphores empruntées à la poursuite du gibier ou des animaux sauvages.

1° Métaphores tirées des chasseurs. — Souvent ils sont pris comme type d’ennemis dangereux et acharnés, Ps. ix (hébreu, x), 9, 10 ; xxx, 5 (hébreu, xxxi, 4) ; Mich., vii, 2, etc. ; la mort elle-même, le plus formidable ennemi de l’homme, est assimilée au chasseur qui a fini par atteindre sa proie, et qui ne lui permet en aucune façon de s’échapper. Ps. xvii (hébreu, xviii), 5, 6 ; exiv, 3. Ailleurs les impies sont représentés sous l’image d’oiseleurs patiemment aux aguets pour surprendre leurs victimes. Jer., v, 26 ; Ps. cxviii, 61, 110. Dans le prophète Jérémie, xvi, 16, nous trouvons les guerriers nombreux, puissants et acharnés de l’Assyrie désignés sous le nom de chasseurs et d’oiseleurs envoyés par Jéhovah pour punir le peuple d’Israël. Cf. Ezech., xix, 3-8. Si l’on traduit Ézéchiel, xxxii, 30, comme fait la Vulgate : « là sont tous les princes de l’aquilon et tous les chasseurs, » on voit que les guerriers qui accompagnaient leurs princes dans une expédition militaire sont assimilés à des chasseurs de profession chargés d’accompagner leur maître à la chasse.

2° Métaphores tirées des animaux qui poursuivent leur proie. — Ils forment un second genre de chasseurs, qui fournit une nouvelle source de métaphores. Suivant Isaïe, lvi, 9, et Jérémie, xii, 9, les Gentils sont des bêtes féroces que Jéhovah invite à faire la chasse à son peuple rebelle. Cf. aussi Is., v, 29 ; Jer., L, 17. De même, Cyrus est représenté comme un oiseau de proie, Is., xlvi, 11, et Nabuchodonosor comme un aigle puissant. Jer., xlviii, 40 ; Ezech., xvii, 3, 12. Le riche qui traite le pauvre sans merci est semblable au lion qui dévore un âne sauvage, Eccli., xiii, 23 ; les ravages causés parmi le peuple de Dieu par les faux prophètes et les mauvais princes font assimiler les premiers à des lions ravissants, les seconds à des loups dévorants. Ezech., xxii, 25, 27.

3° Métaphores empruntées aux animaux poursuivis par le chasseur. — Ces métaphores sont aussi nombreuses qu’intéressantes. Semblable au cerf poursuivi par le chasseur et se précipitant altéré vers le ruisseau d’eau vive, le Psalmiste fuyant devant ses ennemis soupire vivement après les consolations divines. Ps. xli, 2 (hébreu, xlii, 1). Comme le passereau, le juste n’a, humainement parlant,