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CHARACA — CHARBON DES BLES


semble moins conforme aux données exégétiques et géographiques. — Il est donc permis de voir un nom propre dans Characa : c’est ainsi que l’ont entendu la Vulgate et la Peschito, qui porte JLs » 9, Karka'. Mais où retrouver cette localité? Assurément il est impossible de l’assimiler à l’ancienne XapïXfiwôï (Qir Mô'àb, Is.., XV, 1), aujourd’hui El-Kërak, située à l’est de la mer Morte, au sud à'Er-Rabbali (Rabbath-Moab). Celle ville moabite était loin du pays de Tob et dans une direction diamétralement opposée à celle que devait suivre Judas Machabée. Il faut évidemment la chercher au milieu d’autres places où étaient bloqués les Juifs, comme Barasa (Bosra), Bosor (Bousr el-Hariri), etc. Voir Bosor 2, 3, t. i, col. 1857, 1858, et Carnion. Quelques auteurs la reconnaissent dans El-Harâk, sur Youadi el-Ghar, au nordouest de Bosra, au sud-ouest de Bousr el-Hariri. Cf. K. Furrer, Zur ostjordanischen Topographie, dans la Zeitschrift des deutschen Palàstina-Vereins, Leipzig, t. xiii, 4890, p. 200. Il nous semble qu’elle correspond aussi bien, et même mieux au point de vue onomastique, à El-Kérak, située au sud-est d’El-Harâk, sur Youadi et-Ta’al ou Ta lit. Voir la carte de Manassé oriental. Placé à l’embranchement de deux ouadis, à une altitude de 683 mètres, cet endroit a dû avoir une certaine importance. Cette identification souffre cependant une difficulté, c’est que la distance qui sépare El-Kérak de Kliîsfîn ( emplacement supposé de Casphin) est loin d'égaler les sept cent cinquante stades (près de 139 kilomètres) indiqués par le texte sacré, II Mach., xii, 17. D’autres savants croient retrouver Characa à Araq-elEmir, à seize kilomètres au sud-ouest d’Ammàm. Cf. R. von Riess, Bibel-Atlas, 2 B édit., Fribourg-enBiisgau, 1887, p. 8. La distance marquée trouve mieux ici son application ; mais, outre que la ressemblance onomastique est moins complète, la marche de Judas Machabée nous paraît aussi moins facile à suivre. — Fautil enfin ne voir ici qu’une contrée, qui aurait tiré son nom d’un « camp » ou d’une « forteresse », ce que semblerait indiquer le texte sacré en disant que Timothée ne fut pas rencontré « dans ces lieux », èit’t twv 'Ô/tuv, II Mach., Xiï, 18? C’est une question difficile à trancher. Nous avons exposé et discuté les éléments du problème : la solution ne repose pas seulement sur l’explication du mot et sur l’assimilation des noms ; elle dépend aussi de la manière dont on établit l’harmonie entre le double récit de I Mach., v, 9-54, et II Mach., xii, 10-31, et dont on comprend l’expédition du héros asmonéen au

pays de Galaad.

A. Legendre.

1. CHARAN (hébreu : Kerân ; Septante : Xappiv), dernier fils de Dison, un des fils de Séir l’Horréen. Gen., xxxvi, 26 ; I Par., i, 41.

2. CHARAN. Le texte de la Vulgate, Tob., xi, 1, dit que lorsque l’ange Raphaël et le jeune Tobie retournèrent à Ninive, ils arrivèrent le onzième jour de leur voyage à Charan, qui est à moitié chemin d’Eebatane à Ninive. Ce nom est altéré ou du moins inconnu. Il ne peut être question de la ville syrienne de Haran (voir Charan 3), qui n'était pas sur la route, et aucun auteur ancien ne mentionne de Charan dans ces parages. Le texte grec ordinaire n’indique aucune ville dans Tob., xi, 1. Un texte grec amplifié (B) porte Katrapewv, au lieu de Charan ( Fritzsche, Exegetisches Handbuch zu den À pokryphen, part. ii, in-8°, Leipzig, 1853, p. 98), leçon également inacceptable. L’ancienne Italique lisait Charam ou Caracha ; le syriaque a Bazri. Il est actuellement impossible de rétablir la véritable leçon. H. Reusch, Das Buch Tobias, in-8°, Fribourg, 1857, p. 103-104 ; C. Gutberlet, Das Buch Tobias, in-8°, Munich, 1877, p. 269.

3. CHARAN (Xappdcv). Le livre de Judith, v, 9, et les

Actes, vii, 2, 4, écrivent sous la forme Charan le nom de la ville de Syrie qui est appelée ailleurs Haran. Voir Haran.

    1. CHARANÇON##

CHARANÇON, nom vulgaire donné à la plupart des espèces d’insectes coléoptères qui forment la nombreuse famille des Curculionides ou Rhyncophores. Ce qui les caractérise est surtout ce rostre ou bec plus ou moins allongé, qui leur à fait donner le nom de Rhyncophores ou porte-becs. Ils vivent sur les végétaux de toute espèce ; c’est à l'état de larve qu’un bon nombre d’entre eux sont très nuisibles aux céréales. En particulier le charançon du blé (calandra granaria) (fig. 200), que les Égyptiens nommaient Mkit, cause parfois d'énormes

200. — Charançon du blé. a, grain de blé percé par le charançon pour y déposer son œuf. — 6, larve dans un grain de blé. — c, nymphe. — d, insecte parfait fortement grossi. — e, grandeur naturelle.

dégâts dans les greniers. Ce charançon et nombre d’autres espèces comme le charançon du palmier (voir Calandre, col. 54), du pin, du chêne, du gland, devaient exister autrefois en Palestine, où l’on constate actuellement leur présence. Voir L. Fairmaire, Les Coléoptères, in-12, Paris, 1889, p. 247 ; M. Girard, Traité d’entomologie, 1873, t. i, p. 691. Mais la Bible ne les nomme pas. Le hargol, dans lequel quelques auteurs ont cru le reconnaître, est le nom d’une espèce de sauterelle. Il en faut dire autant de V’arbéh, autre espèce de sauterelle nommée dans le même verset du Lévitique, xi, 22. Les versions ont traduit ce dernier mot par <jpo0-/o ; , bruchus, qui est le nom d’une sauterelle, Théophraste, Frag., xiv, 4, par conséquent d’un orthoptère, tandis que le mot français correspondant, « bruche, » désigne un coléoptère d’une tribu voisine des charançons proprement dits

ou curculionides.

H. Lesêtre.
    1. CHARBON DES BLÉS##

CHARBON DES BLÉS, appelé aussi Nielle. Hébreu : siddâfon, Deut., xxviiii, 22 ; III Reg., viii, 37 ; II Par., vi, 28 ; Amos, iv, 9 ; Agg., ii, 17 ; Septante : àvc|ioç60p ! oi, Deut., xxviii, 22 ; II Par., vi, 28 ; è^nuptaiio ; , III Reg., vin, 37 ; Ttûpiouiç, Amos, iv, 9 ; « copia, Agg., ii, 17 ; Vulgate : aer corruptus, Deut., xxviii, 22 ; III Reg., viii, 37 ; serugo, II Par., vi, 28 ; ventus urens, Amos, iv, 9 ; Agg., Il, 18. — On trouve une fois dans l’hébreu sedêfâh, IV Reg., xix, 26 : Septante : iraTïjpa ; Vulgate : arefacta est ; et dans le passage parallèle, Is., xxxvii, 27, sedêmdh, avec un d, mem, mis par erreur pour un s, phé ; Septante : ayptaaziç ; Vulgate : exarcuit. Cf. le participe sedûfôf, Gen., xii, 6, 23, 27 ; Septante : àveu.ôj ûopoi ; Vulgate : percussx uredine, vento urente percussx.

I. Description. — Champignon entophyte, de la famille des Ustilaginées, vivant sur diverses graminées des cultures (blé, avoine, orge, etc.) et même sur plusieurs autres sauvages. Les espèces, assez nombreuses, se rangent dans