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CHAIRE — CHALANNÉ


des vendeurs de colombes dans le Temple de Jérusalem.

— 2. Dans Matth., xxiii, 6 ; Marc, xii, 39 ; Luc, xi, 43 ; xx, 46, il s’agit des places d’honneur dans les synagogues, c’est-à-dire des sièges particuliers réservés aux anciens et aux personnages de marque près du coffré où l’on conservait un exemplaire de la loi de Moïse. — 3. Notre-Seigneur, en saint Matthieu, xxiii, 2-3, dit au peuple : « Les scribes et les pharisiens sont assis sur la chaire de Moïse ; gardez donc et faites tout ce qu’ils vous disent de faire ; mais n’imitez pas leurs exemples, car ils disent et ne font pas. » Dans ce passage, la cathedra de Moïse est le symbole de son autorité. Les scribes et lés docteurs étaient les successeurs de Moïse dans l’enseignement et l’explication de la Loi, et chez les Juifs, à cette époque, on avait coutume de dire de celui qui succédait à un docteur de la loi qu’il « était assis sur son siège », yav isD3. _1 : y. Voir Vitringa, De synagoga veteri, Franekère, 1696, p. 271. Les rabbis, qui enseignaient la Loi, la lisaient d’abord debout, et l’expliquaient ensuite assis. Celui qui succédait à un maître après sa mort héritait de son siège comme de son autorité. C’est surtout à cause de ces paroles de Notre -Seigneur que la chaire est devenue dans l’Église chrétienne la marque et le symbole de l’autorité. Saint Pierre, d’après la tradition, enseigna sur une cathedra dans la maison du sénateur Pudens. Elle est conservée au fond de l’abside de l’église Saint-Pierre au Vatican (fig. 171). Sa forme est celle des chaises curules des anciens Romains ; elle est en bois de chêne et d’acacia, avec des ornements en ivoire sur lesquels sont représentés les fabuleux travaux d’Hercule et diverses autres scènes. — Voir Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, 2e édit., 1877, art. Chaire, p.’159-162 ; H. Kraus, Real-Encyklopàdie der christlichen Alterthûmer, 2 in-8°, Fribourg, 1882-1886, t. ii, p. 153-161 ; P. Allard, Rome souterraine, in-8°, Paris, 1874, p. 536-550.

F. Vigouroux.

CHAISE. Voir Siège.

    1. CHAIX Charles Pierre##

CHAIX Charles Pierre, théologien calviniste, né à Genève en janvier 1701, mort à la Haye en 1785. Il fut reçu pasteur de cette ville en 1728. Dans ses ouvrages, il eut souvent recours aux écrits de Thomas Stackouse. Nous avons de Ch. Chaix : Le sens littéral de l’Écriture Sainte, 3 in-8°, la Haye, 1738 ; La Sainte Bible avec un commentaire littéral composé de notes choisies et tirées de divers auteurs anglais, 6 in-8°, la Haye, 1742-1777.

— Voir Quérard, La France littéraire, t. ii, p. 112.

B. Heurtebize.
    1. CHALAL##

CHALAL (hébreu : Kelâl ; Septante : Xx).-^X), un des fils ou descendants de Phahath-Moab. Au retour de la captivité de Babylone, il renvoya la femme qu’il avait épousée contre la loi. 1 Esdr., x, 30.

CHALANÉ. Amos, vi, 2. Voir Chalanne.

    1. CHALANNÉ##

CHALANNÉ (hébreu : Kalnéh, Gen., x, 10 ; Amos, VI, 2 ; Kalnô, Is., x, 10 ; Septante : XaÀâvw], Gen., x, 10 ; XsXivï], Is., x, 9 ; omis dans Amos ; Vulgate : Chalanne, Gen., x, 10 ; Chalane, Amos, vi, 2 ; Calano, Is., x, 9). On croit généralement que Kalnéh et Kalnô désignent non pas deux localités, mais une seule. On voit du reste que les divergences dans l’hébreu sont beaucoup moins considérables que dans les Septante et dans la Vulgate : tout se réduit à la désinence du mot, qui est n (hé) dans la première série et ^ (vav) dans la seconde. Or la confusion entre ces deux lettres est aisée, et partant fréquente dans la transcription du texte hébreu.

— De plus, le contexte semble lui-même conduire à l’identification. La ville mentionnée par Amos paraît être la même que celle de la Genèse. Or Amos et Isaïe offrent une ressemblance frappante : pour effrayer Samarie et Jérusalem, ces deux prophètes mentionnent plusieurs villes autrement fortes et qui ont été prises cependant

j par les Assyriens, parmi lesquelles se trouvent des deux

: côtés Émath et Calneh ou Calno. Puis Amos ajoute : 
: « Êtes-vous meilleurs, c’est-à-dire plus forts, que ces

royaumes ? (et il semble qu’on doit lire le vers suivant ;

: Et vos frontières sont-elles plus étendues que leurs

frontières ?) » texte rendu dans la Vulgate par ces mots : ’et ad optima quseque régna horum. Dans Isaïe, c’est le’roi assyrien Sennachérib qui rappelle à Jérusalem la | chute d’Émath et de Calnô, et il y ajoute une réflexion analogue à la précédente : « Comme ma main a atteint ces royaumes…, et cependant leurs dieux étaient plus

! nombreux que ceux de Samarie et de Jérusalem…, ainsi

ferai-je de Jérusalem et de ses dieux. » — La plupart

! admettent l’identité de Chalanne et de Calno, comme le
! faisait déjà Calmet, Commentaire littéral, Isaïe, 1714, 

| x, 9, p. 125 ; Les XII petits prophètes, 1715, Amos, j vi, 2, p. 240. Schrader-Whitehouse, The Cuneiform | Inscriptions and tlie Old Testament, 1885-1888, t. ii, p. 78 et 143-144 ; Riehm, Handwôrlerbuch des Biblischen Altertums, t. i, p. 214, art. Calne. Néanmoins quelques savants, comme M. Pinches, dans Smith, Dictionary of the Bible, t. i, 2e édit. p. 487, croient que la Chalané d’Amos est la Kullani ou Kulnia de Syrie, mentionnée dans les listes assyriennes de tributs et prise, en 738, par Théglathphalasar III. Cette Kullanu pourrait être la Kullanhu moderne, dont les ruines se trouvent à une dizaine de kilomètres de celles d’Arpad. Schrader, dans KeiUnschriftliche Bibliothek, t. i, p. 212, à l’année 738, et Schrader-Whitehouse, The Cuneiform Inscriptions and the Old Testament, 1885-1882, t. ii, p. 195, lisent ce nom Gullanî. L’argument qu’on peut alléguer en faveur de cette opinion, c’est que quelques-unes des villes qui sont nommées avec Calano, Is., x, 9, et Chalané, Amos, vi, 2, sont des villes syriennes. — Ezéchiel, xxvii, 23, nomme une ville de Kannêh (Vulgate : Chené) qu’ont croit communément être la même que Chalanne. Voir Chené.

D’après la Genèse, x, 10, Chalanne est la quatrième ville de la tétrapole méridionale de la Mésopotamie, dans la terre de Sennaar ; d’après une glose des Septante ajoutée à Isaïe, x, 9, ce serait à Chalanne que fut construite la tour de Babel : nu & 7t’jpYo ; ù>y.oôoi.rfi-r]. Saint Basile, t. xxx, col. 529 ; saint Cyrille, t. lxx, col. 281 ; saint Grégoire de Nazianze, t. xxxvi, col. 586, suivent cette - opinion. Le Talmud place Chalanne à Niffar ; mais c’est sans raison, car les textes cunéiformes désignent toujours cette dernière localité par la forme sémitique Kipuru. Le Targum chaldéen la place à Ctésiphon, dont

: Pline, M. N., vi, 26, fait la capitale de la Chalonitis. Cette

ressemblance des noms’a conduit Eusèbe et saint Jérôme, t. xxv, col. 1059 ; saint Éphrem, 6 in-f°, Rome, 1737, syr. et lat., t. i, p. 154, et plus tard Bochart, Phaleg., 1681, p. 270, à embrasser cette opinion. Mais Isidore de Charax, Geographi grseci minores, édit. Didot, 1855, t. i, p. 250, place la Chalonitis plus au nord, entre le Tigre et la Médie, dont elle est séparée par le Zagros, et lui donne pour capitale Chalach ou la Chalé assyrienne. Vigouroux, La Bible et. les découvertes modernes, 6e édit., 1. 1, p. 350 ; Schrader-Whitehouse, The Cuneiform Inscriptions and the Old Testament, 1885-1888, t. i, p. 78 ; Fr. Delitzsch, Wo lag das Paradies, p. 225.

Les textes cunéiformes mentionnent assez fréquemment une ville dont le nom sémitique est Zari-lab ou Zir-lab, et dont le nom sumérien se lit Kul-unu. Cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. iv, pi. 38, 1. 9, a. M. Oppert, Expédition en Mésopotamie, t. i, p. 269, croit qu’elle correspond à la Zerghoul actuelle, sur la rive orientale du Shat-el-Hai. Voir aussi Boscawen, dans les Transactions of the Society of Biblical Archæology, t. vi, 1878, p. 276-277. Quoi qu’il en soit de cette identification, Kulunu était dans la Babylonie méridionale ou la Chaldée, comme la Chalanne de la Genèse. Sargon, roi d’Assyrie, s’en empara en même temps que d’Ur et d’Arach ; il est