Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/248

Cette page n’a pas encore été corrigée
477
478
CHACAL — CHAIM


chers et les ruines ; ils y restent blottis pendant la journée et ne sortent habituellement que la nuit, bien que leur pupille, ne soit pas spécialement conformée pour la vision nocturne. « Les bandes de chacals se cachent par centaines dans les ruines de Baalbek. » On les voit aussi « traverser en courant les ravins désolés de la mer Morte, et se réfugier dans les grottes d’ermites à Jéricho ». Tristram, The natural History of the Bible, Londres, 1889, p. 111.

2° Le chacal pousse des cris sauvages. — Tous les voyageurs ont parlé de ces cris, qui ont mérité aux chacals le nom de 'iyyim, « hurleurs ; » en arabe : ce fils du hur-Jement. » — « Cet animal n’est guère moins grand qu’un loup, dit un voyageur du xvi" siècle. Et quand il est nuit close, il abboye comme un chien. Il ne va jamais seul, mais en compagnie : jusques à estie quelquefois deux cents en sa trouppe. Parquoy allants en compagnie, font un cri l’un après l’autre, comme fait un chien quand il dit hau, hau. Nous les oyions abboyer toutes les nuicts. » Pierre Belon, Observations de plusieurs singularités et choses mémorables trouvées en Grèce, etc., Paris, 1553, liv. ii, ch. cviii, fol. 162. Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t..m, p. 349. « La nuit était venue, écrit Mgr Mislin, lorsque les chacals vinrent . nous donner le plus désharmonieux concert que j’aie entendu de ma vie. Ces hurlements, qui sortent de toutes les cavernes, de toutes les fentes de rochers, qui ne se font entendre que pendant la nuit et dans les plus affreuses solitudes, produisent une étrange sensation. » Les Saints Lieux, 1858, t. ii, p. 156. Cf. Thomson, The Land and the Book, i, ch. viii, édit. de 1863, p. 93. Job pense à ces hurlements du chacal, quand il dit : « Je ne me lève dans l’assemblée que pour pousser des cris, je suis le frère des chacals et le compagnon des autruches. » Job, xxx, 28, 29. À la vue du châtiment qui frappe son peuple, Michée, i, 8, « pousse des hurlements comme le chacal et des cris comme l’autruche. » Ézéchiel, xiii, 4, compare les faux prophètes aux 'sû'àliin du désert, peut-être à cause de leurs cris discordants et sauvages. . 3° Le chacal est un animal vorace. — Pour donner une idée de l’aridité du sol maudit par le Seigneur, Jérémie, xiv, 6, dit que « les ânes sauvages se tiennent sur les rochers et aspirent l’air comme des lannîm, les yeux sans force, parce qu’il n’y a pas d’herbe ». Quelques auteurs pensent que les tannim sont ici des monstres marins, qui aspirent l’air avec force ; mais il peut être aussi question de chacals, qui Haïrent leur proie de loin. Le chacal est si vorace et « si larron, qu’il vient la nuit jusques aux gens qui dorment, et emporte ce qu’il peult trouver, comme chapeaux, bottes, brides, souliers et autres hardes ». (P. Belon, cité plus haut.) Tous les voyageurs contemporains témoignent dans les mêmes termes de cette voracité. Les chacals de Palestine rendent ainsi à la campagne le service que les chiens rendent à la ville : ils font disparaître la presque totalité des détritus qui traînent sur le sol. David, Ps. lxiii (hébreu), 11, dit de ses ennemis :

On les livrera aux mains du glaive,

Ils seront la proie des chacals.

Ils ne seront pas dévorés vivants, puisque le chacal ne s’attaque pas à l’homme ; mais leurs cadavres, percés par le glaive, resteront gisants à terre et serviront de pâture aux chacals.

4° Les « sù'âlim » de Samson. — Le livre des Juges, xv, i, 5, raconte que, pour se venger des Philistins, Samson « s’en alla, prit trois cents Sû'dlim, les lia deux à deux par la queue et attacha des torches entre eux. Quand il les eut allumées, il chassa les animaux pour qu’ils courussent çà et là. Ceux-ci s'élancèrent aussitôt dans les moissons des Philistins ». Les animaux en question sont certainement des chacals, et non des renards. Ces der niers, relativement peu nombreux et vivant isolés, n’auraient pu être pris qu’avec beaucoup de temps et de difficultés. Il n’est pas impossible, au contraire, de prendre au piège trois cents chacals en une nuit ou deux, surtout quand on disposait, comme Samson, de beaucoup de compagnons. Rosenmûller, Scholia, Judices, Leipzig, 1835, p. 327, convient que Samson et ses compagnons n’eurent aucune peine à se saisir de trois cents chacals. C’est au piège qu’on les prit, comme le marque expressément le verbe lâkad, « prendre au piège, » qu’emploie le texte hébreu des Juges. Une pareille chasse n’offrait aucune difficulté, dans une région où pullulaient ces animaux. Du reste, « il n’est pas nécessaire d’admettre que les trois cents furent pris à la fois, ni ensuite lâchés à la même place. Après les avoir pris, Samson dut plutôt les lâcher à différents endroits, de manière à produire cent cinquante foyers d’incendie, et à causer le plus de dommage possible aux moissons encore sur pied des Philistins. » Tristram, The nat. hist., p. 87. Il s’agissait pour Samson de châtier ses ennemis, en brûlant leurs moissons de la riche plaine de Séphéla, et en préparant pour eux la famine. « L’idée d’attacher des chacals deux à deux par la queue était certainement un moyen très efficace d’obtenir le résultat cherché, comme le témoignera quiconque a tenté l’expérience. Un animal isolé, portant un brandon, l'éteindra rapidement. Deux, au contraire, sont entravés dans leur marche et, de plus, ne peuvent trouver de terrier assez large pour y pénétrer ensemble. Us sont donc forcés de continuer à courir furieux à travers champs, mettant le feu aux gerbes et aux épis non encore coupés, ainsi qu’aux vignes et aux oliviers. D’autre part, les Philistins étaient dans l’impossibilité de saisir les auteurs du méfait. Les torches consistaient indubitablement en brandons de pins résineux du. pays, lesquels une fois allumés ne s'éteignent que difficilement. » Van Lennep, Bible Lands, Londres, 1875, t. i, p. 280. Herder remarque, sur ce trait de la vie de Samson, que 1' « histoire des trois cents chacals et des tisons allumés sous leurs queues est tout à fait dans son caractère ; et le ridicule dont on a cherché à la couvrir ne vaut pas la peine d'être réfuté ». Histoire de la poésie des Hébreux, trad. Carlowitz, Paris, 1851, p. 439. Cf. Vigûuroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. iii, p. 352. L’acte accompli par Samson est loin d'être sans exemple. Ovide parle de renards à la queue desquels on attachait des torches allumées, et qu’on faisait courir dans le cirque, à Rome, pour la fête des Cerealia. Ils périssaient ainsi par le feu, en souvenir d’un renard qui aurait incendié des moissons à Casséole. Fast., iv, 681, 704-713. Annibal lâchait à travers la campagne des bœufs ayant aux cornes des torches enflammées. Tite-Live, xxii, 16. On rapporte aussi qu’en Perse, d’après un ancien usage, les rois et d’autres chefs mettaient le feu à un paquet de broussailles sèches et l’attachaient à des animaux sauvages qu’ils relâchaient ensuite. Ceux-ci cherchaient naturellement un refuge dans les forêts, que l’incendie ne tardait pas à envahir. Rosenmûller, Das alte und neue Morgenland, Leipzig, 1818, t. iii, p. 50, 185.

H. Lesêtre.
    1. CHAFIR##

CHAFIR (hébreu : sdfîr), nom de lieu, Mien., i, 11, que la Vulgate a traduit par pulchra (habitatio). L’Onomasticon d’Eusèbe l’a rendu par Saphir. Voir Saphir.

    1. CHAGIS Moïse ben Jacob##

CHAGIS Moïse ben Jacob, né à Jérusalem dans la seconde moitié du xviie siècle, séjourna dans diverses villes d’Europe, Venise, Amsterdam, etc., et, en 1738, se retira près de Sidon, où il mourut quelques années après, à l'âge de quatre-vingt-dix ans environ. On a de lui un commentaire exégétique, cabalistique et homilétique sur Daniel, intitulé Fêrûrê pat haqqémal), « Morceaux de pain de pure farine, » in-f°, Wandsbeck, 1727.

E. Levesque,

CHAÏM. Voir Chayim.