Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/243

Cette page n’a pas encore été corrigée

467

CETHIM

468

Hérodote, v, 113 ; Théopompe, fragm. lil, Fragmenta historié, grxc, édit. Mùller, t. i, p. 295 ; Strabon, xvi, 6, 3 ; Phitarque, Solon, 26 ; Pausanias, vii, 5, 2. Hérodote, vu, 90, en parlant de Chypre, dit que les peuplades qui habitent cette île sont originaires les unes de diverses villes grecques, les autres de Phénicie et les autres d’Ethiopie, et il invoque sur ce point le témoignage des Cypriotes eux-mêmes. Servius, dans son commentaire de Virgile, parle de la venue à Chypre des trois frères Épivios, Astérius et Yon, et appelle un de leurs fils Cetes. Servius, Ad Virgil. Eclog., x, 8. La même tradition se retrouve dans le scholiaste de Denys le Périégète, au vers 509. Parmi les populations d’origine grecque, les unes sont venues postérieurement à la conquête phénicienne, les autres ont probablement précédé les Phéniciens. « Que l’on fasse remonter la première immigration à des Grecs d’Europe ou bien à des éléments de même race attardés en Asie, dit M. Heuzey, l’ensemble de ces traditions n’en forme pas moins un témoignage historique dont on a trop diminué la valeur. » Catalogue des figurines antiques de terre cuite du musée du Louvre, in-12, Paris, 1882, t. i, p. 115. Le même auteur ajoute que les traditions grecques admettaient la première occupation de l’Ile par une population asiatique. Le nom légendaire qui personnifie ces Asiatiques était celui du roi Cinyras, célèbre par ses merveilleuses inventions. Théopompe, fragm. 111, Fragmenta hist. grœc, édit. Mùller, t. i, p. 295 ; Homère, Iliad., xi, 20 ; Pline, H. N., vii, 57, 4. Mais cette population asiatique elle-même qu’était-elle ? Cinyras est, d’après les traditions grecques, fils d’Apollon, Smyrne est une de ses tilles. Pindare, Pyth., Il, 26 ; Tacite et Apollodore le font venir de Cilicie. Tacite, loc. cit. ; Apollodore, iii, 14, 3. D’après d’autres traditions, il promet d’assister Agamemnon au siège de Troie, et est puni par Apollon parce qu’il manque à sa parole. Homère, Iliad., xi, 20, et les notes d’Eustathe à ce passage. Par suite de la difficulté où l’on est de tirer au clair ces légendes de provenances diverses, des hypothèses dénature opposée ont été émises par les historiens sur les origines des populations grecques de File. Les uns, comme E. Meyer, Geschichte des Allerthums, 2 in-8°, Stuttgart, 1885-1893, t. ii, § 79, p. 125, pensent que ces populations vinrent d’Occident. D’autres, au contraire, comme E. Curtius et A. Holm, croient qu’elles vinrent d’Asie Mineure. Ce sont les populations qui portent chez les Grecs le nom d’Ioniens, de Cariens ou de Lëlèges ; à’Iouna ou Iaouna chez les Perses, d’Ouni chez les Égyptiens, de Yavan dans la Bible, qui du littoral de l’Asie Mineure se répandirent sur les îles. E. Curtius, Ionier von der ionischen Wanderwng, in-8°, 1855, p. 6 ; Id., Histoire grecque, trad. franc., 1880, t. i, p. 53-59 ; A. Holm, Griechische Geschichte, Berlin, 1886, t. i, ch. vii, . note 12, p. 93 ; trad. angl. revue par l’auteur, 1894, p. 74. Comme ces Grecs étaient établis au milieu de colonies de Phéniciens, on put appliquer souvent aux héros fondateurs de villes et à ceux qui les accompagnaient le nom de Phéniciens. De là est née la confusion qu’on constate dans les légendes grecques. E. Curtius, Histoire grecque, trad. franc., t. i, p. 57 ; E. Renan, Histoire générale des langues sémitiques, ¥ édit., 1864, t. i, p. 44-49.

Parmi les découvertes récentes qui démontrent l’importance et l’antiquité de la population préhellénique, c’est-à-dire des descendants de.Tavan établis dans l’île de Chypre, il faut signaler celle des inscriptions et du dialecte cypriotes. « À côté des inscriptions grecques et phéniciennes, les voyageurs, dit M. Heuzey, ont signalé sur les monuments et les monnaies l’existence d’une écriture d’un type particulier. Ces traits compliqués, analogues à ceux des écritures cunéiformes et de certaines letlres de l’alphabet lycien, conservaient sans doute quelques restes de l’ancienne langue cypriote, que les orientalistes supposaient volontiers être un idiome asiatique. Un savant anglais, M. G. Smith, est parvenu à

établir le premier, par l’étude des inscriptions bilingues, que cette langue n’était autre chose qu’un dialecte grec d’une forme antique et rude, ce qui ne permet pas de douter que le fond de la population ne fût aussi en grande partie et très anciennement de race grecque. » Heuzey, Catalogue des figurines antiques de terre cuite du musét du Louvre, t. i, p. 113. Cet alphabet paraît originaire d’Asie Mineure et semble avoir précédé de plusieurs siècles celui de l’alphabet phénicien. On a retrouvé dans les ruines d’Hissarlik de courtes inscriptions écrites avec les mêmes caractères et. certainement de beaucoup antérieures aux plus anciennes inscriptions cypriotes connues. G. Perrot, Histoire de l’art dans l’antiquité, t. iii, 1885, p. 496 ; H. Sehliemann, Ilios, trad. franc., 1885, p. 901-917. Un exemple montrera la nature des caractères et du dialecte cypriotes. C’est une inscription bilingue en phénicien et en cypriote. Le texte phénicien est ainsi conçu :

i fv tfW^m www » f

Au jour xvi du mois de faalot, en l’année xvil… du roi Melekyaton, roi de Cition et d’Idalion : c’est ici la statue qu’a donnée Absasam, fils de [Pala]s, à son seigneur Rescf Eléhitès ; vœu qu’il avait fait, parce qu’il a entendu sa voix. Qu’il le bénisse.

La seconde partie de l’inscription, à parlir des mots c’est ici, etc., est traduite en dialecte cypriote ; en voici le texte :

a-ti-ri-a-se o-nu to-ne-to

ke-ne a-pa-sa-ino-se o sa ma-fo-se to-i a-po-lo-ni to-i

a-la-hi-o-ta-i in tu--/_a-i’A(v)S’jîià ; o ïiv j’Sw xsv’A4*i<7<Jû(j19 ; à —i [A3cFo ; TCÎH’AftÔAOlVl TCOt’A'/.z.tïi’.0Ll.’Iv T’J/ït

Philippe Berger, Histoire de l’écriture, 1891, p. 86 ; Comptes rendus de l’Académie des inscriptions, 1887, p. 187 -201. « Il est très curieux, dit M. Heuzey, de voir ces