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CÉSARÉE DU BORD DE LA MER


construction monumentale dont elles supportent encore les premières assises, n’eussent servi de prison à saint Paul. Act., xxiii, 35. Dans une des salles de ce palais auraient été subis les fameux interrogatoires où l’Apôtre étonna ses juges par l’énergie de son caractère et la vivacité de sa foi. On comprend que de la terrasse couronnant l’édifice situé sur cette hauteur (év-jvv^ù 5(d|utT ?&>), Ajjrippa mourant put voir le peuple prosterné dans les rues de la ville et demandant au ciel de sauver son roi. Josèphe, Ant. jud., XIX, viii, 2. Vis-à-vis de cet exhaussement de terrain et vers le sud, il s’en trouve un autre

tout temps supporter un château fort. Aujourd’hui elle est encore occupée par le serai, où les représentants de l’autorité turque, derrière des volets bleus, fument tranquillement leurs narghilés au bruit monotone des vagues (fig. 158 et 159). L’aspect du vieux port, entièrement ruiné, est des plus pittoresques. D’énormes blocs de pierre et des dents de rocher, ayant jadis supporté des constructions importantes, dressent encore çà et là leurs têtes superbes au milieu des flots qui les heurtent en lançant au ciel de longs flocons d’écume. D’innombrables colonnes sont couchées dans les eaux transparentes. On dirait même

Le serai de Césarée. Vue du and. D’après une photographie.

couvert par les ruines, d’une vieille église. La partie inférieure de trois absides serai - circulaires est encore debout, et les contreforts de la façade occidentale ont résisté à l’injure du temps. Une crypte de bel appareil s’étendait sous l’édifice, qui mesurait vingt-quatre mètres de long sur neuf de large. L’église détruite que nous voyons peut bien n’avoir été que l’œuvre des croisés, mais ceux-ci l’avaient sûrement bâtie sur un sanctuaire plus ancien, et ce sanctuaire lui-même marquait très probablement la place du fameux temple d’Auguste, qui, d’après Josèphe, était sur un point élevé (iiù y^^ôiyo’j, Bell, jud., i, xxi, 7 ; xoXojvô ; ti ; , Ant. jud., XV, ix, 6) et s’offrait à l’admiration des navigateurs dès qu’ils entraient dans le port. Nous ne faisons pas ici une supposition absolument gratuite. Guillaume de Tyr l’autorise dans un passage où il raconte l’horrible massacre dont se rendirent coupables, en 1101, les soldats de Baudouin. Guill. de Tyr, x, 16, t. CCI, col. 469. Là fut sans doute la cathédrale où, sinon Origène, du moins Eusèbe prêcha. Enfin la troisième éminence est celle qui s’avance dans la mer, formant l’abri méridional du port. Elle a dû de

qu’une partie a été jetée bas par un vaste mouvement de terrain et sous une impulsion uniforme. C’est sans doute la colonnade qu’Hérode avait fait élever sur les quais. Elle rappelle celle dont ce prince avait embelli Samarie. Les fûts y sont à peu près de la même dimension et du même granit gris. Un tremblement de terre a dû renverser tout cela d’un seul coup. Du môle antique il reste à peine les soubassements et en quelques endroits seulement. La partie supérieure, refaite par les croisés, a été presque toute reprise avec de vieux matériaux. Des fûts de colonnes de granit rose et de marbre, provenant des grands édifices de l’ancienne cité, y sont engagés avec assez d’art. Ils forment saillie pour briser les vagues. Quelques pavés de mosaïque, vers l’extrémité occidentale, remontent peut-être au temps d’Hérode. La conformation du rocher sur ce point laisse croire que dès l’origine on dut établir là un château fort, ou une tour dans le genre de l’Antonia à Jérusalem, peut-être cette Drusia dont parle Josèphe, substituée à la tour de Straton. Si cette hypothèse, très vraisemblable d’ailleurs, était fondée, on serait autorisé à croire que là habita le centurion Corneille, et que, sur cette roche où