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CADUMIM — CAGE


torrent de Cadumim, qui se dégorgeait dans la mer de ïibériade. » Commentaire littéral sur le livre des Juges, Paris, 1711, p. 83. On ne voit pas, en effet, d’après le texte même, la nécessité de distinguer deux torrents ; l’expression nahal qedûmim semble plutôt n'être mise là, en vertu de la loi du parallélisme synonymique, que pour déterminer le « torrent de Cison ». G. Bickell, Carmina Veteris Testamenti metrice, in-8°, Inspruck, 1882, p. 196-197, regarde les deux derniers mots, torrent de Cison, comme une répétition inutile, brisant l’harmonie du vers, et contraire au mètre poétique adopté dans la pièce. Disons cependant que les versions syriaque et arabe mettent ici deux noms propres, unis par la conjonction et. De même on lit dans certains manuscrits grecs : Ka8T|osîn, K « 8ïi ! ji.etv, K<x8t][ju’u., Ka8ï](jiei(j-. Cf. R. Holmes et J. Parsons, Vêtus Testant, grœcum cum variis lectionibus, Oxford, 1810-1827, t. n (sans pagination). La plupart des commentateurs prennent qedûmim pour un nom commun, mais diffèrent dans la signification qu’il s’agit de lui donner. On lui attribue, en effet, les quatre sens dont est susceptible la racine, qddam. — 1° Les

M. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., Paris, 1889, t. iii, p. 292, traduit le verset en question :

Le torrent de Cison a roulé leurs [cadavres], Le torrent des combats, le torrent de Cison.

A. Legendre.

CADUS. Voir Cad.

CAGE, loge portative où l’on garde des animaux, en particulier des oiseaux. — 1° Il est question dans Jérémie, v, 27, d’un objet appelé kelûb, que les Septante traduisent par irayi' ; , mot qui signifie ordinairement « filet », et la Vulgate, par decipula, « piège, trébuchet. » Le texte dit formellement que ce kelûb est « plein d’oiseaux » ; c’est pourquoi on traduit ordinairement le mot hébreu par « cage ». Le kelûb, d’après le contexte, n’est pas toutefois une cage ordinaire ; c’est un engin de chasse dont on se sert pour prendre des oiseaux libres au moyen d’oiseaux captifs qui servent d’appeau. Ceux-ci sont enfermés dans une cage disposée de telle façon, qu’une petite porte tombe mécaniquement lorsqu’un oiseau y

9. — Oiseaux aquatiques pris vivants au filet et mis en cage. — Le texte porte au-dessus de chaque partie de la scène : Prise au filet des oiseaux — surintendant des filets — mise en cage ». Sauiet el-Meitin. vi « dynastie. D’après Lepsius, Denlimdkr,

Abth. ii, pi. 105

tins rattachent ce masculin pluriel à mp, qédém, « antiquité, » et font ainsi du Cison « le torrent ancien ». C’est ainsi que l’ont compris les Septante, en traduisant par Xeijiippou ; àp-/aiL(i>v. Telle est l’opinion de Gesenius, Thésaurus, p. 1194. Mais que signifie cette appellation ? Il est difficile de le savoir. La paraphrase chaldaïque l’explique en disant que c’est « la rivière où, depuis les temps anciens [milleqodâmm), des miracles furent faits en faveur d’Israël ». On répond à bon droit que l'Écriture ne mentionne aucune victoire des Israélites près du Cison avant Débora. J. Fûrst, Hebràisclies Handivôrterbuch, 1876, t. ii, p. 296, en cherche la raison dans les combats dont fut le théâtre la plaine arrosée par le Cison, qui de tout temps a été le grand champ de bataille de la Palestine. Mais, s’il s’agit ici des rencontres des nations païennes, Égyptiens, Assyriens, Chananéens, l'Écriture n’a point coutume de célébrer leurs guerres dans ses cantiques, quand le peuple de Dieu n’y est mêlé d’aucune façon. Il n’est pas plus juste de voir dans le « torrent ancien » « un torrent perpétuel ou qui coule toujours ». Rosenmùller, Scholia in Vet. Test., Judices, Leipzig, 1835, p. 143. — 2° Quelques-uns, empruntant â n--p, qiddêm, le sens de « prévenir », rendent l’expression nahal qedûmîm par « torrent des prévenus », ou surpris, c’est-à-dire subitement engloutis par les eaux. C’est une opinion que Rosenmùller, loc. cit., regarde à juste litre comme forcée. — 3° D’autres rapprochent qedûm de ditb, qàdtm, « orient, » et pensent que le

Cison, dont le cours va de l’est à l’ouest, serait ainsi appelé « torrent oriental ». Cf. F. de Hummelauer, Commentarius in libros Judicum et Ruth, in-8°, Paris, 1888, p. 126. — 4° Plusieurs enfin, s’appuyant sur une autre signification de qiddêm, prennent qedûmim dans le sens de « rencontres hostiles » ou combats. C’est ainsi que

pénètre de l’extérieur, attiré par le prisonnier. L’Ecclésiastique, XI, 32 (30), parle aussi de cet instrument, qu’on employait spécialement pour prendre des perdrix. « Comme la perdrix chasseresse dans la cage, dit l’auteur sacré, tel est le cœur du superbe, lorsque, comme un espion, il médite la chute d’autrui. » (Texte grec.) Cf. Aristote, Hist. animal., ix, 8. La cage à piège est ici appelée xapTocXXoç, mot qui signifie proprement « un panier ou une corbeille d’osier », ce qui semble indiquer qu’on fabriquait le kelûb avec de l’osier. Cf. Amos, viii, 1-2, où kelûb désigne un panier (d’osier). — Cet engin de chasse portait le même nom chez les Syriens : la Peschito, Eccli., xi, 32, rend xâptaXXoç par JL od^ S, klûbio' ; il passa chez les Grecs, qui en conservèrent jusqu’au nom, sous les formes xXtuëô' ; , xXoygoç et xXo6ôî. Oppien, Ixent., m, 14. Voir Bochart, Opéra, Hierozoicon, édit. Leusden, 1692, t. ii, p. 662 ; t. iii, p. 90 ; du Cange, Glossarium médise et infimee grœcitatis, Lyon, 1688, t. i, col. 668, 669. — Saint Jean, dans l’Apocalypse, xviii, 2, désigne aussi par un mot vague la cage des oiseaux, quand il parle de la çuXaxr) nx-no ; opvÉou àxa6âpTou, custodia omnis volucris immundx, « la prison de tous les oiseaux impurs. » — Sans nommer la cage, le livre de Job, XL, 21 (hébreu, 29), fait allusion aux oiseaux captifs. Dieu demande à Job, en décrivant le crocodile :

Joueras - tu avec lui comme avec un passereau,

Et l’attacheras-tu pour [l’amusement] de tes filles ?

Ce dernier vers semble indiquer qu’on liait les oiseaux captifs avec un fil ; mais il est à croire qu’on avait aussi des cages pour les conserver, parce qu’ils ont été de tout temps un jouet pour les enfants et les femmes. Passer delicise mese puellx, dit Catulle. On n’a pas trouvé cependant d’oiseaux d’agrément, en cage, figurés dans les scènes domestiques que nous ont conservées les monu-