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CEPS — CÉRASTE


CEPS (hébreu : sad, Job, un, 27 ; xxxiii, 11, mahepëkét, Jer., xx, 2, 3 ; xxix, 26 ; II Par., xvi, 10 ; maitêmâh, Osée, ix, 7, 8 ; Septante : £û).ov, xw), j|jia ; Vulgate : lignuni, nervus). Les ceps sont un instrument de supplice composé d’au moins deux morceaux de bois échancrés de telle sorte, qu’en les réunissant on peut enfermer et fixer dans une position extrêmement gênante les membres d’un prisonnier. Cet instrument était en bois, d’où son nom de EJÀov en grec et de lignuni en latin. Le mot « ceps » vient lui-même de cippus, « palissade » formée de gros morceaux de bois. En chaldéen, l’instrument se nomme kiftâh, de kâfaf, « courber, » de même qu’en grec on l’appelle aussi

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138. — Supplice des ceps.

x-jçwv, de xOjitw, « courber, » à cause de là position toute contournée que les ceps indigent au patient (fig. 138). Chez les anciens, le ÇoXov était tantôt le carcan, analogue à la cangue chinoise, qui retenait le cou (Aristophane, Nubes, 592), et s’appelait aussi xiîcpwv (Aristophane, Plutus, 476, 606 ; Aristote, Politic, 5, 6, 15) ; tantôt la double pièce de bois qui enserrait les pieds (Hérodote, vi, 75 ; Aristophane, Equit., 367, 394, 705) ; tantôt enfin la machine à cinq trous pour fixer à la fois le cou, les mains et les pieds. Aristophane, Equit., 1049. Ainsi assujetti par l’instrument que retenaient verticalement de solides montants, le malheureux ne pouvait que se coucher ou s’asseoir dans la plus effroyableposition. Les ceps n’apparaissent que tardivement chez les . Israélites. L’auteur de Job est le premier à les mentionner, mais il n’en parle qu’au figuré. Il est seul d’ailleurs à se servir du mot sad. Par deux fois, , Tob, xiii, 27 : xxxm, 11, dit au Seigneur :

Mes pieds sont enclavés dans les ceps, Tu te rends maître de tous mes pas.

Par la maladie dont il est frappé, comme du reste par le seul effet de la condition humaine, Job est aux mains de Dieu comme un prisonnier retenu par les ceps. — À l’époque du roi Asa, ’il existait à Jérusalem une bêt hammahepékét, une « maison des ceps », une prison où cette torture était inlligée. Ce prince y soumit le prophète Hanani. II Par., xvi, 10. — Osée, ix, 7, 8, parle deux fois de maitêmâh. Le sens de ce mot reste discutable. Beaucoup le traduisent par « haine » ou « ruine ». Gesenius, Thésaurus, p. 1327, le rattache à la racine iâtam, « dresser des embûches, » en syriaque : « mettre des entraves, » et il y voit le nom d’un appareil destiné à retenir les pieds. Dans les deux versets consécutifs d’Osée, le parallélisme semble autoriser à prendre le mot d’abord dans le sens de « haine », et ensuite dans celui de « ceps ». Il y aurait clans ce passage un jeu de mots comme on en trouve de temps en temps chez les écrivains hébreux. Osée dit donc : O Israël, prends garde, « à cause de la grandeur de ton iniquité, et parce que grande est la haine » que Dieu te porte ou que tu portes à tes frères. Puis il ajoute : Le faux prophète est « un filet tendu sur tous les chemins, et un maitêmâh (des ceps) dans la maison de Dieu »,

c’est-à-dire il est une cause de ruine pour ceux qui l’écoutent. Les versions traduisent le mot par (j.avîa, anierc tia, insania « folie ». — Jérémie, xx, 2, 3, est mis dans les ceps par Phassur, un des intendants du temple. Plus tard, il dit à Séméias que le Seigneur l’a établi pontife pour mettre les faux prophètes « dans les ceps et dans les chaînes ». Jer., xxix (Septante : xxxvi), 20. Dans ces passages, les Septante traduisent mahepékét. par xaxappâxTT, ç, « égout » ou prison souterraine, et Symmaque, avec plus d’exactitude, par pacravLo-r^piov et arptêXiarripim, « machine à torturer. » — Enfin, à Philippes, saint Paul et Silas sont mis en prison et leurs pieds sont serrés dans les ceps, le Çû), ov. Act., xvi, 24. Dans tous ces passages bibliques, il n’est formellement question que de ceps entravant les pieds. Les engins de torture enserrant les quatre membres et le cou ne paraissent jamais avoir été

en usage parmi les Israélites.

H. Lesêtre.
    1. CÉRASTE##

CÉRASTE (hébreu : sefîfôn ; Vulgate : cérastes. Les Septante traduisent d’après le samaritain : « celui qui se tient en embuscade. » Dans les Targums : le basilic). Le céraste est un ophidien de la famille des vipéridés, le cérastes hasselquistii ou vipera cérastes des naturalistes, le siffon des Arabes. Son nom hébreu signifie probable-. ment « celui qui rampe », d’après le syriaque. Il n’est parlé du céraste que dans la prophétie de Jacob, qui caractérise Dan par ces paroles : « Que Dan soit un nâhâis (serpent) sur le chemin, un sefifôn sur le sentier, qui mord les talons du cheval, et le cavalier tombe en arrière. » Gen., xlix, 17. Ces paroles supposent que les mœurs du céraste étaient parfaitement connues du patriarche. Le nom de céraste ou « serpent à cornes » a été donné à ce reptile parce que chacune de ses paupières est surmontée d’une petite corne pointue (fig. 139). Il a de trente à cinquante centimètres de longueur, est de la même couleur que le sable, quelquefois brun pale ou noirâtre, avec des taches irrégulières. Il se trouve fréquemment dans les déserts du nord de l’Afrique et dans l’Arabie

1-iJ — Le céraste

Pétrée. Son venin est tellement dangereux, qu’il peut faire périr un homme en une demi-heure. On le regarde comme plus redoutable que le cobra. Voir Aspic. Le céraste se nourrit habituellement de gerboises ; mais il s’attaque à toutes sortes d’animaux. Il se cache au fond des creux que laissent dans le sable les pieds des chameaux, par conséquent sur la route même des caravanes, comme le suppose le texte sacré. Il se dissimule dans le sable, ne faisant dépasser que ses petites cornes, continuellement en mouvement pour attirer certaines proies sur lesquelles il se jette inopinément. Le céraste se meut avec une agilité extrême, et non seulement en ligne droite, comme les autres serpenls, mais dans toutes les directions, en avant, en arrière et de côté. Elien, Hist. animal., xv, 13 ; Bochart, Hierozoicon, Leyde, 1792, t. iii, p. 416-420. Il est donc à même de se jeter facilement sur tout ce qui approche de son embuscade. Il inspire une grande frayeur aux chevaux. « J’ai vu le mien, pendant un voyage dans le Sahara, écrit Tristram, tressaillir subitement, se cabrer, tremblant et transpirant de tous ses membres, sans que