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CENTAUREE — CENTURION


YEryngium campestre s’appelle vulgairement « chardon à cent têtes » et « chardon roulant ». Il roule en effet au vent d’automne comme la Centaurea myriocephala. C’est, il est vrai, une ombellifère et non une composée, mais à première vue elle a de grands rapports avec les chardons et les centaurées. E. Levesque.

    1. CENTURION##

CENTURION (grec : txaTovTâp)oç ; Vulgate : centurio ), commandant d’une troupe de cent hommes.

I. Centurions dans l’Ancien Testament. — Il y avait, dans l’armée juive, des « chefs de cent hommes » (hébreu : sârê mê’ôt), et les Septante et la Vulgate latine les ont souvent désignés sous le nom de éxaTovTip-/ » ii, et centurio, « centurion, » même dans l’Ancien Testament. Quand Moïse, sur l’ordre de Dieu, organisa les Israélites dans le désert, il "les divisa en troupes de mille hommes, subdivisés en groupes de cent, de cinquante et de dix. Les sârê mê’ôt ou chefs de cent hommes doivent être Choisis parmi les hommes les plus vertueux et juger les affaires de peu d’importance, en réservant les grandes au jugementde Moïse. Exod., xviii, 21, 22, 25, 26 ; Deut., i, 15-17. Ce sont donc des magistrats analogues à nos juges de paix. — Ils sont en même temps des chefs militaires, car dans les Nombres, xxxi, 14, 48, 52, ils conduisent leurs hommes au combat. — Quand Samuel annonce au peuple les malheurs qui suivront l’établissement de la royauté, il prédit au peuple que le roi prendra ses fils pour en faire des chefs de cinquante hommes d’après le texte hébreu, des centurions d’après les Septante et la Vulgate. I Reg., viii, 12. — Saùl, pour détourner ses serviteurs de suivre David, leur fait remarquer que celui-ci ne pourra pas faire d’eux des centurions. I Reg., xxii, 7. — Les centurions figurent comme chefs militaires dans l’armée de David, II Reg., xviii, 1, et le roi les consulte avant de livrer combat. I Par., xiii, 1. Il les consulte aussi sur le dessein qu’il a de bâtir un temple au Seigneur. I Par., xxviii, 1. Les dépouilles prises par eux sur les ennemis avaient été offertes en ex-voto et conservées dans le trésor sacré. I Par., xxvi, 26. Ils offrent aussi de l’or et de l’argent pour le service de la maison de Dieu. I Par., xxix, 0-7. Les centurions servaient à tour de rôle, pendant un mois, en même temps que le contingent auquel ils appartenaient. I Par., xxvii, 1. — Il est encore question des centurions sous le roi Salomon, II Par., i, 2, sous Joas, II Par., xxiii, 1, 9, 14, 20, lorsque le grand prêtre Joïada leur donne pour armes les lances et les boucliers consacrés par le roi David, et sous Amasias. II Par., xxv, 5. — Judas Machabée, quand il organise son armée, institue également des centurions. I Mach., iii, 55.

II. Centurions romains. — Les centurions de l’armée romaine sont souvent mentionnés dans le Nouveau Testament. Un centurion aborde Notre -Seigneur à Capharnaiim pour lui demander la guérison de son serviteur, et mérite de lui cet éloge, qu’il n’a pas trouvé une foi pareille en Israël. Malth., viii, 5-15 ; Luc, vii, 1-11. — Un centurion commande la troupe qui conduit le Sauveur au supplice, et rend témoignage à sa divinité. Matth., xxvii, 54 ; Marc, XV, 39 ; Luc, xxiii, 47. — Le premier gentil converti est le centurion Corneille. Act., x, 1-48. Voir Corneille. — Il est également question de centurions dans le récit de l’arrestation de saint Paul à Jérusalem, Act., xxi, 32 ; un centurion préside à la flagellation de l’Apôtre, xxii, 25-26, d’autres sont chargés de le garder, xxiii, 17 ; xxiv, 23 ; de le conduire à Césarée, xxiii, 23 ; de le mener à Rome, xxvir, 1, 6, 11, 31, 43. Voir Julius.

Les centurions tiraient leur nom du nombre d’hommes auxquels ils commandaient. Nonius, p. 520 M ; Varron, De lingua latina, v, 88. Sous l’empire, il y avait soixante centurions par légion. Aulu-Gelle, xvi, 4, 6. Chaque groupe de deux centuries formait un manipule commandé par le premier des deux centurions, et six centuries une cohorte, commandée par le premier des six centurions, i

Les centurions commençaient par les postes inférieurs et s’élevaient par degrés jusqu’aux premiers, sauf les exceptions faites en faveur de ceux qui se signalaient par des mérites exceptionnels. Les premiers d’entre les centurions étaient appelés à faire partie des conseils de guerre, on les appelait primi ordines ou ordinarii. Tacite, Hist. r n, 89 ; Velleius Paterculus, ii, 112, 6 ; Corpus inscript, latin., t. v, 952 et 8275 ; t. viii, 2532. Le premier des centurions était celui de la première centurie de la première cohorte. On le désignait sous le nom de primus pilus ou primipilus. Corpus inscript, latin., t. v, 4373 ; t. x, 1711. Ce titre était généralement le couronnement de la carrière du centurion. Le primipile avait la garde de l’aigle légionnaire. Valère Maxime, I, 6, 11 ; Tacite, Hist., iii, 22 ; Juvénal, Sat., xiv, v. 97 ; Corpus inscript, latin., t. viii, 2644. Tous les centurions portaient comme insigne de leur

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Centurion romain. Bas-relief du tombeau de Quintus Publius Festus, centurion de la xie légion.

grade le cep de vigne, vitis, dont ils se servaient pour frapper les soldats. Pline, H. N., xiv, 19 ; Juvénal, Sat., vin, 247 ; Tacite, Annal., i, 23. Aussi dans le langage usuel le mot vitis désigne-t-il le centurionat. Juvénal, Sat., xiv, 193 ; Spartien, Hadr., x, 6. Le cep avait la forme d’une canne recourbée en haut. E. Ilùbner, Archseol. Epigr. Mittheilungen, t. v, p. 206, note 11. Les centurions sont aussi les seuls que les monuments de l’époque impériale nous montrent portant des jambières (fig. 137). E. Hûbner, ibid., note 13.

Quand ils avaient terminé leur temps de service, les centurions rentraient la plupart du temps dans la vie privée, et, grâce surtout aux concessions de terrains qui leur étaient faites dans les colonies, ils jouissaient d’une certaine aisance. Les anciens primipiles, prmi ipilares, étaient particulièrement renommés par leurs richesses. Souvent ils entraient dans l’ordre des chevaliers. Corpus inscript, latin., t. viii, 9290 ; t. x, 5064, etc. Exceptionnellement le centurionat était le point de départ d’une carrière plus élevée, c’était principalement pour les jeunes gens de famille que l’empereur autorisait à débuter dans la carrière militaire par le grade de centurion.

Les cohortes auxiliaires avaient également des centurions de rang inférieur aux centurions légionnaires. Les centurions qui figurent dans le Nouveau Testament appartenaient à ces cohortes. Quand elles étaient composées de cavalerie et d’infanterie, les centurions commandaient les cavaliers comme les fantassins. C’est ainsi que deux centurions commandent deux cents fantassins et soixante-dix cavaliers. Act., xxiir, 23. De même Josèphe mentionne un centurion commandant un détachement de cinquante cavaliers. Bell, jud., III, iv, 2.