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CENTAUREE


longue aigrette. On la trouve dans les plaines d’Esdrelon, de Génésareth, etc. — 4° Centaurea crocodylium, qu’on rencontre aussi dans la plaine d’Esdrelon, en Galilée, à Banias, est une belle plante annuelle, atteignant parfois plus d’un mètre de hauteur, aux feuilles oblongues, découpées en forme de lyre, aux capitules larges portant des écailles d’un blanc transparent, aux fleurons roses et allongés. — 5° Centaurea solstitialis, répandue dans toute la Palestine, est une herbe bisannuelle, à tige droite, très rameuse, anguleuse, couverte, ainsi que les feuilles, d’un duvet blanc cotonneux ; les feuilles inférieures sont découpées, les supérieures linéaires, entières, et forment une aile sur la tige ; les capitules floraux ont les écailles terminées par une épine de couleur jaune-paille. — 6° Centaurea sinaica, sur les collines des bords de la mer Morte, à Saint-Sabas, etc., est une herbe annuelle recouverte également d’un duvet grisâtre ; aux feuilles découpées en lobes ; aux capitules solitaires, assez gros, jaunâtres, à épines robustes, ciliées ; aux Heurs de couleur carnée, à graine surmontée d’une aigrette brune. — 7° Centaurea procurrens, plante couverte de papilles, à rameaux portant un à trois capitules de grosseur médiocre, ovales, presque glabres ; les feuilles sont linéaires, les inférieures découpées, les supérieures dentées ; les capitules sont formés d’écaillés membraneuses, blanches sur les bords et terminées par cinq à sept épines étalées en éventail. On la trouve dans les plaines de Saron et du pays des Philistins, dans les déserts du sud. — 8° Centaurea hololeuca, croît dans la région des cèdres du Liban. C’est une herbe vivace, grêle, haute d’un pied, blanchâtre ; la tige ne porte qu’un seul capitule ovale conique, tronqué à la base, formé d’écaillés jaunâtres, bordées d’épines étalées en éventail ; les feuilles sont oblongues-lancéolées, presque entières, formant une aile sur la tige ; les fleurs sont jaunes. — 9° Centaurea

136, — Centaurea myrioceptiala,

myriocephala ( fig. 136), dont la tige se subdivise dès la base en nombreux rameaux divariqués, d’égalos longueur et grosseur, aux feuilles radicales en forme de lyre, aux feuilles des rameaux oblongues-lancéolées, aux capitules terminaux petits et portés sur des pédoncules presque sans folioles, aux écailles de l’involucre se terminant en une épine jaunâtre, aux fleurs couleur jaune-paille. On la trouve dans les plaines d’Alep et de Damas, dans le Hauran, le pays de Moab et la Mésopotamie.

M. Gandoger.

II. Exégèse. — 1° Le dardar se trouve deux fois mentionné dans le texte hébreu, associé chaque fois à qôs : dans tien., iii, 18, au sujet de la malédiction portée contre la terre à cause du péché d’Adam : « Le sol produira pour toi Je qôs et le dardar ; » et dans Osée, x, 8, à propos de la destruction des autels idolâtriques d’Israël : « Le qôs et le dardar croîtront sur leurs autels. » Dardar est un nom collectif rendu par tpioovoi dans les Septante, et

tribulus, tribuli, dans la Vulgafe. Tout le monde s’accorde à l’entendre d’une plante épineuse, nuisible à la culture, d’une croissance facile et poussant aussi dans les ruines : ce que les Grecs et les Latins entendaient par Tpt’ëoXoç, tribulus. Les Septante et la Vulgate auraient donc bien rendu notre mot dardar. — Le-cplêolos se présente deux fois dans le Nouveau Testament, Matth., vii, 16, et Hebr., "i, 8. Saint Paul, faisant allusion à Gen., m, 18, emploie comme équivalent du dardar le terme TpfêoXot. Il est à remarquer que le syriaque, dans cette épître, rend ïp ; 20/.o ; par darderê’. — Mais les opinions se divisent quand il s’agit de déterminer ce que les anciens entendaient par le tribulus. Selon les uns, ce serait une plante de la famille des zygophyllées, le Tribulus terrestres ou la Fagonia arabica, Celsius, Hierobotanicon, t. ii, p. 128 ; E. F. K. Rosenmùller, Handbuch der biblischen Alterthumskunde, t. iv, X" partie, p. 194. Mais plus communément on identifie le dardar ou tribulus avec une ou plusieurs espèces de centaurée (les anciens devant comprendre sous un même nom plusieurs des espèces si nombreuses de ce genre, qui infestent les champs des contrées orientales aussi bien que ceux de l’Occident). H. B. Tristram, Tlie natural History of the Bible, p. 425. D’après lbn et Beîlhar, Traité des simples, n° 2106, dans Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque Nationale, t. xxvi, i™ partie, p. 305, la Centaurea calcitrapa, appelée par les Arabes morrâr, est connue des habitants du Diàr Bekr sous le nom de derdcriya. De même, en Palestine, les fellahin appellent dardar la centaurea iberica. Voir Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1892, p. 161.

2° Galgal, qui veut dire « chose roulante », et de là « une roue », a, dans Ps. lxxxiii, 14, et Is., xvii, 13, un sens spécial qui n’a pas été saisi en général. Priant Dieu contre les ennemis de son peuple, le Psalmiste s’exprime ainsi :

Mon Dieu, traite-les comme le galgal,

Comme là paille au souffle du vent.

Dans une image semblable, Isaïe, xvii, 13, annonce que la multitude des ennemis d’Israël

Sera dissipée comme la paille sur les montagnes au souffle du vent, Et comme te galgal par un tourbillon.

Les Septante, dans Ps. lxxxii, 14, traduisent par Tpo-/ov, et dans Is., xvii, 13, par xoviopTÔv rpo-/o-j. La Vulgate a rota dans ce Psaume, et turbo dans Isaïe. Les traducteurs ont donc vu dans ce mot galgal un tourbillon. Mais galgal, étant mis en parallèle avec la paille ou la balle de blé, doit être une chose correspondante, emportée également par le vent, plutôt que le tourbillon lui-même. Et d’ailleurs un tourbillon n’est pas emporté par le vent ; c’est le tourbillon de vent qui emporte la poussière ou la paille qu’il trouve sur son chemin. Le sens de galgal, « chose roulante, » convient admirablement à la tige desséchée de la centaurée à dix mille têtes, Centaurea myriocephala, « espèce insigne dans la flore orientale, dit Boissier, Flora orientalis, t. iii, p. 682, dont les touffes sèches, larges d’un pied ou deux, roulent au vent dans les plaines. » Quand la tige, très ramifiée, a été desséchée par le soleil, elle se détache au ras de terre et est emportée au gré du vent. On voit bondir ces boules d’herbes par centaines dans toutes les directions, avec un bruit de feuilles sèches qui épouvante les chevaux. En automne, ces boules roulantes abondent dans les plaines de la Syrie, dans le Hauran, le pays de Galaad. W. M. Thomson, The Land and the Book, Londres, 1876, p. 563-564. Rien n’exprime mieux la comparaison du prophète :

Dissipée comme la paille sur les montagnes au souffle du vent, Comme Yherbe roulante par un tourbillon.

Le Galgal comprend peut-être aussi plusieurs espèces d’Eryngium, assez abondantes en Palestine. En France,