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CADRAN SOLAIRE


les différentes époques de l’année, par exemple, l’entrée du soleil dans chaque signe du zodiaque. Ce cadran, avec son réseau de rayons et de cercles, était probablement celui que les anciens connaissaient sous le nom de « toile d’araignée », et dont Vitruve attribue l’invention à Eudoxe de Cnide. Le musée du Louvre possède deux anciens cadrans sphériques. Nous reproduisons ici l’un d’entre eux (fig. 7).

2° Les cadrans coniques. — Ils sont formés par la surface concave d’un cône circulaire droit. L’axe du cône doit être parallèle à l’axe du monde, et l’extrémité du style est fixée sur cet axe. Le fragment de cadran trouvé à Oum-el-Aouamid, près de Tyr, par Renan, Mission de Phénicie, 1864, p. 729, faisait partie d’un cadran conique (fig. 8). Les quelques mots qui subsistent de l’inscription : « …ton serviteur, Abdosir, fils d’E…, » nous ap 7. — Cadran sphérlque, trouvé, croit-on, il Athènes. Musée du Louvre.

prennent que l’instrument était consacré à une divinité tyrienne. La construction d’un pareil cadran suppose déjà des connaissances assez avancées sur les propriétés des sections coniques. « Il est fort probable d’après cela, et conformément d’ailleurs à la tradition historique, que les cadrans sphériques ont précédé ceux dont nous nous occupons. » Colonel Laussédat, Comptes rendus de l’Académie dessciences, 25juillet 1870, p. 261-265 ; Mission de Phénicie, p. 741. Néanmoins les anciens pouvaient assez aisément, soit au moyen du calcul, soit par des constructions graphiques, déterminer la figure et les dimensions du segment de section conique qui formait l’horizon du cadran, ainsi que la position et le rayon du segment de cercle qui formaient l’ouverture de la face antérieure du cadran.Wcepcke, Journal asiatique, mars-avril 1863, p. 292-294- ; Mission de Phénicie, p. 731. Voir d’autres cadrans coniques dans Duruy, Histoire des Grecs, 1887, t. i, p. 639-640. Le cadran d’Oum-el-Aouamid a été restauré et complété. Outre les rayons marquant les heures, il portait trois cercles concentriques indiquant la projection de l’ombre aux deux solstices et à l'équinoxe.

3° Le cadran plan, équatorial, horizontal, vertical, etc., suivant la position du plan, n’a été inventé que plus tard. Voir G. Rayet, Les cadrans solaires coniques, dans les Annales de chimie et de physique, 5e série, t. VI, 1875, p. 53-61.

II. Le cadran solaire chez les Hébreux. — Les Hébreux ont connu l’usage du cadran solaire, au moins du

plus simple, le cadran sphérique. Il en est, en effet, question dans les Livres Saints, à propos de la maladie du roi Ézéchias. Is., xxxviii, 8 ; IV Reg., xx, 9-11. Isaïe raconte qu'Ézéchias, gravement malade, demanda au Seigneur la santé. Le prophète fut chargé d’annoncer au roi que quinze années allaient être ajoutées à sa vie. Il lui dit : « Voici pour toi le signe de la part de Jéhovah que Jéhovah accomplira cette parole qu’il a dite : Voici que je ferai rétrograder l’ombre des ma'âlôt, qui était descendue sur les ma' alôf d’Achaz par le soleil, de dix ma'âlôt en arrière ; et le soleil rétrograda de dix ma'âlôt sur les ma'âlôt qu’il avait descendus. » Dans le livre des Rois, quelques détails sont ajoutés au récit de l’entrevue entre le prophète et Ézéchias. « Isaïe dit : Voici pour toi le signe de la part de Jéhovah que Jéhovah accomplira la parole qu’il a dite : L’ombre avancera-t-elle de dix ma'âlôt ou rétrograderat-elle de dix ma'âlôt ? Ézéchias dit : C’est peu de chose pour l’ombre d’avancer de dix ma'âlôt ; que l’ombre ré 8. — Cadran conique phénicien.

La restitution de la partie perdue est Indiquée au moyen

d’un pointillé. — Musée du Louvre.

trograde plutôt de dix ma'âlôt en arrière. Le prophète Isaïe invoqua Jéhovah, et il fit rétrograder l’ombre sur les ma'âlôt, qu’elle avait descendus sur les ma'âlôt d’Achaz, de dix ma'âlôt en arrière. » — Le mot ma'âlôt signifie « montées » ou « degrés ». Il a été entendu dans le sens le plus littéral par les Septante, laversion syriaque, Josèphe, Ant. jud., X, ii, 1, etc. Dans son commentaire sur Isaïe, 1. iii, tom. 4, xxxviii, 4-8, t. lxx, col. 788, saint Cyrille d’Alexandrie semble dire qu’il s’agit de degrés établis d’après certaines règles dans la maison d’Achaz, et sur lesquels on mesurait le cours du soleil d’après la déclinaison de son ombre. Saint Jérôme, In Is., xxxviii, t. xxiv, col. 391-392, après avoir mentionné la traduction de Symmaque, qui parle de « lignes » et d' « horloge », suppose aussi l’ombre descendant le long des degrés de la maison. Il proteste seulement contre ceux qui prétendent montrer dans l’enceinte du temple ces degrés de la maison d’Achaz et d'Ézéchias. C’est en s’appuyaut sur ces traductions et ces interprétations qu’un certain nombre d’auteurs modernes ont imaginé devant le palais d'Ézéchias une sorte d’obélisque dressé sur des marches, et faisant descendre son ombre sur ces marches à mesure que le soleil s’inclinait à l’horizon. Mais, comme nous l’avons vu plus haut, un pareil monument ne constitue qu’un gnomon, marquant le midi vrai, mais incapable d’indiquer avec régularité les heures du jour. D’autre part, une ombre « qui descend » n’est pas nécessairement une ombre qui s’avance de haut en bas. Elle peut être une ombre qui, par un mouvement quelconque, marque la descente ou l’inclinaison du soleil, et mérite à ce titre