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CÈNE


in-f », Lyon, 1681, p. 856-858 ; Maldonat, Cotnm. in quatuor evangelistas, in-fo, Pont-à-JIousson, 1596, col. 586-597 et 615 ; Petau, Doctrina temporum, xii, 15 et 16, in-f°, Anvers, 1703, t. ii, p. 240-244 ; Tillemont, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique, in-4°, 1693, t. i, p. 467 ; R. Cornely, Introductio in N. T. libros, 1886, p. 169-273 ; J. Knabenbauer, Conirn. in Evangel. sec. Matthœum, 1893, t. ii, p. 405-418 ; H. J. Coleridge, La vie de notre vie, trad. franc., in-12, Paris, 1876, t. xvi, p. 5 1 ; Le Camus, Vie de N.- SJ-- G., 2e édit., in-8°, t. iii, p. 166 ; Grimm, Einheit dev vier Evangelien, Beilage iii, in-8°, Ratisbonne, 1868, p. 755-788. — Sur toute cette question, on peut voir, outre les ouvrages cités plus haut : Schùrer, De controversiis paschalibus, in-8°, 1869 ; Edw. Robinson, Harmony of the four Gospels, in-8°, Boston, 1845, p. 212-223 ; H. Alf. Alford, The Greek Testament, in-8°, Londres, 1894, 1. 1, p. 261-264 ; Greswell, Dissertation on the Harmony of the Gospels, Oxford, 1837, t. iii, p. 168 ; H. Lutteroth, Le jour de la préparation, lettre sur la chronologie pascale, in-8°, Paris, 1855 ; Wieseler, Chronologische Synopsis der vier Evangelien, Hambourg, 1843, p. 334 ; dans le Thésaurus theologicophilologicus, in-f", Amsterdam, 1702, t. ii, les dissertations de J. Frischmuth, p. 189-194, et de J. Sauberti, p. 194-196 ; et dans le Thésaurus novus theol.-philolog., t. ii, Leyde, 1732, la dissertation de J. Ch. Harenberg, p. 538-549 ; dans Ugolini, Thésaurus antiquitaltim, t. xvii, Codex de Paschate et additamenta ad Codicem, col. dcxx-dccccxliv ; De Ritibus in Cœna Domini, col. mcxxvii-mcxxxiii. — Quant à l’année et au jour du mois où a été célébrée la dernière Cène, selon notre manière de compter, voir Jésus-Christ.

II. Rituel judaïque de la Paque observé dans la Cène.

— Avant de raconter le repas où pour la dernière fois Jésus célébra la Pâque, il convient d’en rappeler les rites symboliques ; car le Seigneur y fit de fréquentes allusions, qui ne peuvent être comprises que des lecteurs initiés aux coutumes des Hébreux. — La grande fête d’Israël n’avait plus alors la simplicité des premiers âges. Vainement y chercherionsnous la famille juive, debout, le bâton à la main, les reins ceints, les sandales aux pieds, mangeant à la hâte l’agneau entouré d’herbes amères et le pain sans levain. Ces anciennes coutumes étaient-elles déjà changées avant la captivité ? Le furent-elles seulement durant le séjour des Juifs à Babylone ? Nous l’ignorons ; mais on ne peut douter que les écoles des scribes, si nombreuses depuis le retour, n’aient exercé sur les rites de la Pâque, comme sur les autres institutions mosaïques, une profonde influence. Sous couleur de recueillir les antiques usages, ils les défigurèrent et en firent des règles inflexibles. C’est à ce formalisme étroit que noils devons de retrouver aujourd’hui encore, dans le Talmud et ses commentaires, une image de la Pâque telle que Jésus l’a célébrée.

Au soir du quatorzième jour de Nisan, les familles se réunissaient pour prendre le repas légal. L’agneau, cuit dans le four, devait conserver une forme dont la signification prophétique est manifeste. Il était attaché à deux branches de grenadier, bois moins sensible que tout autre à l’action de la chaleur, Pesach., vii, 1, dont l’une le traversait tout entier, tandis que l’autre, plus courte, tenait les pieds de devant étendus en croix. S. Justin, Dial. cuni Tryph., 40, t. vi, col. 566. Ces apprêts étaient l’objet de scrupuleuses précautions, car il fallait se garder de briser aucun os, Exod., xii, 46 ; la moindre infraction à cette loi était punie de quarante coups de fouet. Pesachim, vii, 11. — La nuit venue, les convives, dont le nombre allait de dix à vingt ; Josèphe, Bell, jud., VI, ix, 3, s’étendaient sur des lits peu élevés, le bras gauche appuyé sur un coussin, la main droite à portée de saisir les mets. Se coucher pendant le repas était le privilège des hommes libres ; il convenait qu’à l’anniversaire de sa délivrance, Israël parût comme un

peuple affranchi de toute servitude. Le père de famille prenait d’abord une coupe de vin mêlée d’un peu d’eau : « Béni soit le Seigneur, disait-il, qui a créé le fruit de la vigne ! » et chaque convive à son tour buvait à cettecoupe. C’est celle-là sans doute que saint Luc, xxii, 17, nous montre bénie par Jésus au commencement de la Cène. Un bassin plein d’eau et une serviette passaient aussitôt après dans l’assemblée pour purifier toutes les mains ; le lavement des pieds raconté par saint Jean se rattache probablement à ce rite. Les ablutions terminées, on approchait la table au milieu des convives. — Elle était chargée de divers mets : à côté de l’agneau, des herbes amères, telles que le cresson et le persil, souvenir des peines de l’Egypte, Maimonide, De fermento et azymo, vu, 13, dans Crenius, Opuscula, fasc. vii, p. 889 ; puis le pain azyme, mince et sans saveur, comme la pâte que le levain n’eut pas le temps de fermenter lors de la fuite précipitée d’Israël. Un dernier mets symbolique complétait le repas, c’était le charoseth, mélange de divers fruits, de pommes, de figues, de citrons cuits dans le vinaigre ; à l’aide de cannelle et d’autres épices, on lui donnait la teinte des briques : cette couleur et la forme allongée du plat rappelaient le mortier de Pithom et de Ramessès. Maimonide, Pesachim, vii, 11, dans Opuscula, fasc. vii, p. 889 ; Exod., i, 11. Parfois on y ajoutait des viandes préparées et bénies en même temps que l’agneau ; c’était, selon le commandement du Deutéronome, xvi, 2, du chevreau ou du mouton rôti, qui devint plus tard le Hàgîgâh (de hàgag, « fêter. » Voir Chagigah, i, 6 ; Pesaxhim, vi, 3) ; mais le plus souvent on réservait ce sacrifice pour le quinzième de Nisan et les jours suivants. Le maître de la maison, dès que les plats étaient devant lui, prenait les herbes, les trempait dans le charoseth en remerciant Dieu d’avoir créé les biens de la terre, et tous en mangeaient au moins la grosseur d’une olive.

Une seconde coupe était alors versée, et le plus jeune des convives demandait au père de famille l’explication de ces rites. Celui-ci, donnant à sa réponse une forme solennelle, élevait successivement devant tous les yeux les mets du repas, et rappelait quel souvenir s’attachait à chacun : l’agneau immolé pour fléchir le courroux du ciel et l’ange de la mort passant (Pâque signifie « passage », Exod., xii, 27) sur Israël sans le frapper ; le pain d’angoisse mangé dans les terreurs de la fuite, Deut., xvi, 3 ; les herbes, amères comme la servitude dont ils étaient sortis triomphants. « C’est pour ces prodiges, ajoutait-il, qu’il nous faut louer et exalter Celui qui a changé nos larmes en joie, nos ténèbres en lumière ; c’est à lui seul qu’il nous faut chanter : Alléluia ! » Et tous les convives entonnaient le Hallèl ( « louange », nom donné à une suite de psaumes [cxii-cxvii] commençant par haïr lelu-yah, « louez Jéhovah » ; voir IÏallel, t. iii, col. 404) :

Louez, serviteurs de Jéhovah,

Louez le nom de votre Dieu.

Que son nom soit béni

Maintenant et dans l’éternité !

Qu’il soit béni de l’aurore au couchant ! Ps. cxii, 1-3.

Ils le continuaient jusqu’à la fin du psaume suivant, chant de triomphe sur la sortie d’Egypte :

O mer, pourquoi fuis-tu ?

Et toi, Jourdain, pourquoi remonter en arrière ?

Montagnes, pourquoi bondir comme les chevreaux,

Et vous, collines, comme les jeunes brebis ?

Sous le regard du Seigneur, tremble, ô terre,

Sous le regard du Dieu de Jacob ;

Car il change les rochers en fontaines

Et les pierres en sources d’eau vive. Ps. cxiii, 5-8.

Au milieu de ces cantiques on buvait la seconde coupe.

i Le père de famille prenait alors les azymes, les rompait

I avant de les bénir et de les distribuer. Afin que tous se

souvinssent que c’était là un pain de misère, on n’en

1 mangeait qu’un morceau, entouré d’herbes et trempé