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CEDRATIER — CEDRE


Égyptiens. E. Bonavia, The antiquity of the citron tree in Egypt, dans le Babylonian and Oriental Record, t. vi, p. 207. On sait d’ailleurs combien certaines espèces de citrons et de cédrats se ressemblent et combien il est difficile de les distinguer. Il n’y a donc rien d’invraisembable à ce que le cédratier fût connu de Moïse en Egypte. Aussi plusieurs exégètes identifient le cédratier, les uns avec le hddâi ; les autres avec le tappuafi.

1° Moïse, au nom de Dieu, prescrivant la manière dont les Hébreux devront célébrer la fête des Tabernacles, leur.<dit, Lev., xxiii, 40 : « Au premier jour de la fête vous prendrez des fruits de l’arbre hâdàr, des frondes de palmier, des rameaux d’arbre’âbôt et de saules de torrent, et vous vous réjouirez devant Jéhovah votre Dieu. » Les Septante traduisent fer’i’es hâdàr par y.apTiôv ii’JXoy wpxîov, et la Vulgate a également fructus arboris pulchèrrimse. Ils ont vu un terme général dans’es hâdàr, un bel arbre, un arbre d’ornement, comme dans’es’âbôt un arbre au feuillage épais. Au contraire, le Targum d’Onkélos voit dans’es hâdàr l’arbre aux cédrats, ’étrôgîn, comme dans’es’âbôt le myrte. Il en est de même du syriaque et de l’arabe. Josèphe, Ant. jud., III, x, 4, racontant une fête des Tabernacles au I er siècle avant J.-C, dit qu’on tenait à la main « un faisceau de branches de myrte et de saule, ainsi que des frondes de palmier et une pomme de perséa, toO L-qkov to-j itjç IlEpcTÉa ; (irîp<rlaç est, dans plusieurs auteurs, mis pour tcep<j : ôoç, l’erse, pomme de Perse (voir notee de Havercamp, dans son édit. de Josèphe, Opéra, 2 in-f°, Amsterdam, 1726, t. i, p. 175), le cédrat ; du reste le passage parallèle, Ant. jud., XIII, xiii, 5, le demande). La coutume de porter des cédrats à la fête des Tabernacles, et d’entendre ainsi le’es hâdàr, est nettement marquée dans le Talmud, tr. Soucca, iii, 5, traduct. M. Schwab, 1883, t. vi, p. 25, et cet usage, antérieur à Josèphe, paraît très ancien : d’où le nom de citron des Juifs donné

11.". — Cédrat sur une monnaie juive.’ïn y2~>m™, ëenat’arba’hasî (en vieux caractères hébreux), « année quatrième. Demi-sicle. » Deux faisceaux de branches ( loulab) entre lesquelles est un cédrat Çètrofj). — il). n’~NS" p’ï, lig’ullat Sîôn, « affranchissement de Siou. » Palmier chargé de dattes. De chaque côté, une corbeille remplie de fruits. — Grand bronze, attribué À Simon Machabée.

au cédrat. D’un autre côté, un des sens de la racine hâdàr, « tuméfier, gonfler, » conviendrait bien à la surface verruqueuse et mamelonnée du cédrat ; et la phrase du Lévitique, xxiii, 40, demanderait à côté du palmier et du saule plutôt des noms de plantes spéciales que dos termes généraux. Cependant il est difficile de croire que le cédratier existait dans le désert du Sinaï : la prescription de Moïse demanderait pourlant qu’il y fût facile à trouver. De plus, Néhémie, interprétant au peuple cette loi concernant la fête des Tabernacles, lui dit : « Allez à la montagne et apportez des branches d’olivier, des rameaux d’olivier sauvage, des rameaux de myrte, des rameaux de palmier et des rameaux d’arbres touffus pour faire des tentes, comme il est écrit. » II Esd., viii, 15. On ne voit pas trace de cédratier, à moins que d™ ne soit

une faute pour --" ; Néhémie paraît interpréter le’es

hâdàr du Lévitique comme un terme générique, arbres

d’ornement, et comprendre sous ce terme, pour la circonstance présente, l’olivier cultivé et l’olivier sauvage. Sans doute dès que les Juifs connurent le cédratier, frappes de la beauté de son fruit et de son feuillage, ils le substituèrent à l’arbre dont ils faisaient usage jusque-là. A l’époque des Machabées, ils représentèrent le cédrat (’étrôg) sur leurs monnaies. On peut voir, en effet, sur plnsieurs de ces monnaies, tantôt deux de ces fruits pendant de chaque côté du loulab, faisceau de branches vertes que les Juifs portaient à la fête des tabernacles, tantôt un fruit seulement entre deux faisceaux (fig. 117). F. W. Madden, Coins of the Jews, 1881, p. 71. Voir Monnaies.

2° On a voulu aussi identifier le cédrat avec le tappûah. Mais tous les caractères du fruit ou de l’arbre tappûah auxquels l’Écriture Sainte fait allusion, Cant., Il, 3, 5 ; vii, 9 ; viii, 5 ; Prov., xxv, 11, ne conviennent pas parfaitement au cédrat et au cédratier. En particulier, le cédrat n’a pas au goût cette douceur vantée qu’a le tappûah ; on ne mange du cédrat que la partie blanche de l’écorce, et encore fautil lui faire subir une préparation : le reste est acide. Aussi le cédrat est-il entré très tardivement dans l’alimentation. Les Grecs et les Pomains s’en sont servi longtemps uniquement pour ses propriétés médicales et comme plante d’ornement. Les caractères du tappûah conviennent mieux à la pomme ou à l’abricot. De plus, deux villes du pays de Ghanaan, Jos., xii, 17 ; xvi, 8, tirant leur nom de l’abondance de tappûafy, supposent son existence ou son introduction dans la contrée à une époque très reculée, ce qui ne paraît pas se vérifier pour le cédratier. Cf. V. Loret, Le cédratier dans l’antiquité, in-8°, Paris, 1891. E. Levesque.

CÈDRE. Hébreu : ’éréz ; Septante : y.éSpo ;  ; Vulgate : cedrus.

I. Description. — Arbre de la famille des conifères, tribu des abiétinées, remarquable par son élévation, sa forme pyramidale et son port majestueux (fig. 118). Il peut s’élever jusqu’à plus de trente mètres, sur un tronc de treize à.quatorze mètres de pourtour. Sur sa tige droite partent par étages irréguliers des branches puissantes, divisées en un grand nombre de rameaux déployés horizontalement en éventail. Les feuilles, aciculaires, de couleur verte ou glauques argentées, solitaires et éparses sur les pousses terminales, fasciculées sur les rameaux latéraux, sont persistantes. Les fleurs, les unes mâles, les autres femelles, sont disposées en chatons. Les fruits sont des cônes elliptiques, obtus, dressés, de huit à dix centimètres de long sur cinq à six de large, formés d’écaillés très serrées, portant à la base deux graines à amande huileuse (fig. 119). On distingue trois espèces de Cedrus ou plutôt trois variétés d’une même espèce : le Cedrus Libani, qui habite les montagnes de Syrie ; le Cedrus Atlantica, variété à feuilles ordinairement plus courtes, d’un glauque argenté, et à cônes plus petits, qui croit dans les montagnes de l’Atlas, en Afrique ; le Cedrus Deodara (Dêiadârou, « bois des dieux » ), variété à la tige plus élevée (soixante-quinze mètres), aux branches plus flexibles et pendantes, aux feuilles de couleur souvent cendrée, originaire de l’Himalaya, qu’on rencontre au Thibet, au Nepaul. — Le plus célèbre est le Cedrus Libani. Mais des vastes forêts de cèdres, autrefois la gloire du Liban (Diodore de Sicile, xix, 58), il ne reste plus guère que quelques bois. Le plus renommé est au pied du Dahrel-Kodib, non loin de la source du Nahr Qadischa, à 1 921 mètres d’altitude. C’est un groupe de trois cent cinquante à quatre cents arbres, dont une dizaine seulement marquent une très haute antiquité. Depuis Eauwolf, qui les compta en 1574, et en trouva vingt-six fort anciens, on peut, par le récit de nombreux voyageurs, suivre à travers plus de trois siècles la lente décroissance du nombre de ces patriarches du monde végétal. Loiseleur-Beslongchamps, Histoire du cèdre du Liban, dans An-