Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/187

Cette page n’a pas encore été corrigée

055

CAVERNE

CÉDAR

356

tation aux animaux. Is., xi, 8 ; Nah., ii, 12, etc. Dans le Cantique, ii, 14, l’époux dit à l’épouse : « Ma colombe, dans les refuges de la pierre (hagvê- hasséla’}, dans les enfoncements de la muraille, montre-moi ton visage. » Plusieurs grottes ou cavernes de Palestine sont encore aujourd’hui fréquentées par les colombes. Entre ïibériade et Tell -Hum, ces animaux ont élu domicile dans les innombrables grottes do l’oued el-Hamâm, « vallée des colombes. » V. Guérin, Description de la Palestine, Galilée, t. i, p. 132.

III. Cavernes servant de prison, de cachette ou de refuge. — Josué fait enfermer dans la caverne de Macéda les cinq rois qui s’y sont réfugiés ; on les en lire pour les mettre à mort, et ensuite on y dépose leurs cadavres. Jos., x, 17-27. On ignore l’emplacement de cette caverne. Isaïe, xlii, 22 (hébreu), annonce au peuple que pour sa punition « il sera enchaîné dans des cavernes ». Les cavernes de Sion seront alors envahies par les ténèbres. Is., xxxii, ik — Jonathas se cache dans des cavernes pour surprendre les Philistins. I Reg., xiv, 11. Abdias, intendant d’Achab, cache cent prophètes dans deux cavernes, pour les soustraire à la colère de Jézabel, et il les y nourrit de pain et d’eau. III Reg., xviii, 4, 13. C’est dans une caverne, dont ensuite il fut impossible de retrouver l’entrée, que Jérémie cacha l’arche d’alliance. II Mach., ii, 5, 6. Au temps d’Anliochus, les Juifs fidèles se retirent dans des cavernes pour célébrer le sabbat et les fêtes. II Mach., vi, 11 ; x, G. Les voleurs n’avaient pas de peine à trouver des cavernes pour y mettre à l’abri leurs personnes et leurs larcins. Le Seigneur se plaint que son temple serve au même usage et soit devenu une « caverne de voleurs ». Jer., vii, 11 ; Matth., xxi, 13 ; Marc, xi, 17 ; Luc, xix, 46. — Les cavernes deviennent surtout des refuges contre les ennemis. Les Hébreux y cherchent une protection contre les Madianites qui les oppriment, Jud., vi, 2, et ensuite contre les Philistins. I Reg., xiii, 6. Pour échapper aux persécutions de Saùl, David se réfugie successivement dans la caverne d’Odollam, I Reg., xxii, 1 ; I Par., xi, 15 ; II Reg., xxiii, 13, puis dans d’autres cavernes près d’Engaddi. I Reg., xxiv, 4, 8, 9. C’est encore dans des cavernes que cherchent un abri les méchants, qui croient ainsi échapper à la vengeance du Seigneur, mais que cette vengeance atteindra sûrement. Is., ii, 19 ; Jer., xvi, 16 ; Ez., xxxiii, 27 ; Apoc., vi, 15. Il est possible qu’Amos, ix, 3, fasse allusion aux nombreuses grottes du Carmel, quand il dit des méchants : « S’ils se cachent sur le sommet du Carmel, je les y découvrirai et je les en chasserai. » La justice de Dieu atteint les pécheurs jusque dans les plus profondes retraites souterraines. Jer., xvi, 16. Cf. Josèphe, Bell, jud., VI, ix, 4. Là aussi les serviteurs de Dieu se soustraient aux poursuites de leurs persécuteurs. Hebr., xi, 38.

IV. Les cavernes les plus remarquables de Palestine. — 1° Plusieurs cavernes ou grottes ont servi de séjour à des personnages illustres ou de théâtre à de grands événements rapportés par les Livres Saints. Malheureusement l’authenticité de leurs titres n’est pas toujours indiscutable. Une grotte du mont Thabor, ayant six mètres de long et autant de large, est mentionnée par l’higoumène russe Daniel comme ayant servi de séjour à Melchisédech. Rien absolument ne justifie cette attribution. Liévin, Guide, t. iii, p. 116. La grotte d’Élie au mont Carmel, la grotte de Jérémie au nord de l’entrée des carrières royales ; la grotte de saint Jean, dans laquelle le précurseur aurait mené sa vie pénitente ; la grotte de la Quarantaine, qui aurait fourni un abri à Notre -Seigneur pendant son jeune au désert, doivent leur illustration à j des traditions qui ne sont pas toutes à l’abri de la critique, i A Bethléhem se voient les grottes de la Nativité, des Pas-’, tgurs et du Lait. Voir t. i, col. 1692-1695. L’authenticité ; de la grotte de l’Agonie, au jardin de Gethsémani, est indiscutable. Cette grotte, qui n’a subi aucune transfor- :

mation depuis l’époque de Notre -Seigneur, mesure uno dizaine de mètres de long sur sept ou huit de large. Elle reçoit le jour par une ouverture pratiquée dans la voûte. Les Franciscains en ont la garde, et ils y célèbrent le saint sacrifice depuis l’année 1393. La grotte renferme actuellement trois autels. Liévin, Guide, t. i, p. 329. Sous le rocher du Calvaire se trouve une autre petite grotte, appelée grotte d’Adam par suite d’une légende sans fondement. Voir Calvaire.

2° D’autres cavernes de Palestine sont des merveilles naturelles. Lartet, Essai sur la géologie de la Palestine, Paris, 1869, p. 185, signale sur le littoral de la mer Morte, le long du Djebel Ousdom, une grotte creusée dans la couche de sel. La galerie se prolonge horizontalement assez avant dans la montagne, et aboutit à un vaste puits naturel par où tombent les eaux pluviales, qui ont produit peu à peu cette excavation. — À une dizaine de kilomètres à l’est de Bethléhem se trouve la grotte de saint Chariton, ou ïïloghâret Khareiloun, qui doit son nom à un anachorète du IIIe siècle. « Celte excavation est remarquable par son étendue, l’immensité de plusieurs de ses salles et la multiplicité des souterrains… La longueur de ce labyrinthe naturel est très considérable. De tous les côtés se trouvent des diverticulum et des cavités inférieures dans lesquelles les guides ordinaires n’osent pas s’aventurer, retenus par une terreur superstitieuse ou par la crainte de s’égarer… Le sol, ainsi que cela se voit dans la plupart des grottes analogues, est formé par une terre d’un noir rougeàtre, renfermant des acides de fer et un peu de matière organique. » Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, dans le Tour du monde, t. xlii, p. 145. La caverne, qui a deux cent vingt mètres de long, forme sept salles situées à des niveaux différents et communiquant par d’étroites galeries. On n’y a trouvé que des débris de vases insignifiants. L’accès de cette caverne est très difficile, et il n’est pas certain qu’elle soit la même que celle d’Odollam, dans laquelle Saül se trouva en même temps que David et dont l’entrée devait être aisée. Voir Odollam 2. Liévin, Guide, t. ii, p. 78-81 ; V. Guérin, Judée, t. iii, p. 134.

— Au sud-ouest du lac de Tibériade, les cavernes d’Arbèle forment trois étages superposés dans le liane de la montagne. L’entrée principale conduit dans une vaste salle qui a quarante mètres de long, autant de large et vingt mètres de haut. Ces cavernes ont été fortifiées par Josèphe, au temps de la guerre contre les Romains. On y a pratiqué alors des escaliers intérieurs, pour communiquer d’un étage à l’autre, des galeries et des citernes. On a ajouté des murs de soulènement et mis ce réduit naturel à même de protéger efficacement ses défenseurs. Josèphe, Vita, 37. Au temps d’Hérode le Grand, ces cavernes avaient déjà servi de repaires à des brigands, que le roi fît réduire par le feu. Bell, jud., i, xvi, I. Voir Arbéle, 1. 1, col. 886. — Près de Nazareth, la petite montagne volcanique sur laquelle était bâtie Endor renferme beaucoup de cavernes. De l’une d’elles sort la source qui donne son nom au pays, Aïn-Dor. V. Guérin, Galilée, t. i,

p. 118.

H. Lesêtre.

2. CAVERNE DOUBLE (Spelunca duplex), Gen., xxm, 9, près d’Hébron. Elle fut achetée par Abraham pour y ensevelir Sara, sa femme. Le texte hébreu l’appelle Makpêldh. Voir Macpélah.

CÉCITÉ. Voir Aveugle.

CÉDAR. Hébreu : Qêdâr ; Septante : Krfiiç. Quelques auteurs rattachent ce mot à l’arabe qadar, « être puissant ; » cf. Frz. Delilzsch, Hoheslied, in-S°, Leipzig, 1875, p. 26 ; d’après l’hébreu, il signifie « être noir », ou plutôt « hàlé », c’est-à-dire brûlé par le soleil. Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 1195. — Nom du second fils d’Ismaël et d’une tribu arabe à laquelle il donna naissance.