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CARIATHAIM — CARIATH HUSOTH


quelles elle est énumérée dans les différents livres de l’Ecriture : Baalméon (hébreu : Ba’al Me’ôn), Num., xxxii, 38, ou Bethmaon (hébreu : BêtMe’ôn), Jer., xlviii, 23, ou encore Béelméon, Ezech., xxv, 9, aujourd’hui Ma’in, à trois lieues sud-sud-ouest d’Hesbàn (l’antique Hésébon) ; Sarathasar (hébreu : Sérét ha’ssahar), Jos., xiii, 19, probablement Sara, non loin de la mer Morte, au sud de l’ouadi Zerqa Ma’in ; Bethgamul (hébreu : Bêt Gâmûl), Jer., xlviii, 23, Djémaîl, à l’est de Dibon. À ces indications générales Eusèbe et saint Jérôme ajoutent un renseignement précieux, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 108, 269 : ils nous représentent comme existant encore de leur temps un village nommé Coraitha, Kxp’Ahx, entièrement composé de chrétiens, situé à dix milles (15 kilomètres) de Médaba, du côté de l’occident, près d’un endroit appelé Bare ou Baris. Médaba est bien connue sous le nom à peine changé de Mâdeba, au sud d’Hesbàn ; Baris ou Bàré (dans certaines éditions, Baare) doit être la même chose que Baaru, lieu signalé par saint Jérôme, Onomastica, p. 102, au mot Béelméon, comme possédant « des eaux thermales » ; c’est probablement aussi la vallée de Baâpaç, que Josèphe, Bell.jud., VII, VI, 3, place au nord de Machéronte (aujourd’hui M’kaour). Ces derniers détails nous conduisent dans l’ouadi Zerqa Ma’in, vers les eaux chaudes de Callirrhoé. Or, un peu plus bas, au sud d’Attarous (l’ancienne Alaroth), on trouve un site qui, par son nom, Qouréiyàt, et sa position, répond bien à Cariathaïm. L’arabe Cj^.r*, Qouréiyàt ou Qereyât, revient à un pluriel nVTp, Qeriyôt, mis pour le duel, ou c’est un

diminutif formé du mot hébreu. Cf. G. Kampffmeyer, Al ta Namen im heulingen Palâslina und Syrien, dans la Zeilschrift des deutschen Palàslina-Vereins, Leipzig, t. xvi, 1893, p. 03. D’un autre côté, on remarque les deux collines que couvrait l’antique cité et qui rappellent par là même la signification du nom biblique. Les ruines sont étendues, mais sans aucun caractère ; entre elles et l’Arnon, il y a très peu de restes de quelque importance. Cf. H. B. Tristram, The Land of Moab, in-8°, Londres, 1874, p. 275. Cette assimilation est admise parR. J. Schwarz, Das heilige Land, Francfort-sur-le-Main, 1852, p. 181 ; R. von Riess, Bibel-Allas, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1887, p. 17, et beaucoup d’autres. Seetzen, Reisen durch Syrien, etc., édit. Kruse, Berlin, 1854, t. ii, p. 342, connaissait les ruines de Korriat, mais il y voyait plutôt Cariolh de Jer., xlviii, 24, il ; Am., ii, 2. — On a voulu identifier Cariathaïm avec Et-Teim, situé à une demiheure au sud-ouest de Màdeba. Cf. J. L. Burckhardt, Travels in Syria and ihe Holy Land, Londres, 1822, p. 367. Il y a là aussi des ruines antiques qui occupent le sommet de deux collines voisines, séparées seulement par un petit vallon. Les populations arabisées auraient pris Cariath - thaïm pour un nom composé, dont elles n’auraient retenu que la dernière partie. Nous reconnaissons volontiers que cette opinion n’est pas opposée à l’ensemble des données bibliques ; mais elle est contraire au témoignage d’Eusèbe et de saint Jérôme ; et puis la raison onomastique nous paraît tout à fait insuffisante.

L’antiquité de Cariathaïm nous est attestée par la Genèse, xiv, 5 : Chodorlahomor et ses alliés, suivant, à l’est du Jourdain, la route qui devait les conduire dans la vallée de Siddim, frappèrent ses habitants, comme ils avaient battu les Raphaïm à Astarothcarnaïm, comme ils allaient vaincre, plus bas, les Chorréens dans les montagnes de Séir. Les Émim, qui l’occupèrent primitivement, étaient un « peuple grand et fort et d’une si haute taille, qu’on les regardait comme de la race des Énacim, comme des géants ». Deut., ii, 10, 11. Les Moabites leur succédèrent, Num., xxi, 26 ; mais ils furent dépossédés par Séhon, roi des Amorrhéens, qui était maître de la contrée quand les Israélites firent la conquête du pays transjordanien. Deut., ii, 26-30. Rebâtie et possédée par

les enfants de Ruben, Num., xxxii, 37 ; Jos., xiii, 19, la ville fut, vers les temps de la captivité, reprise par les Moabites, dont elle était une des cités importantes, lorsque les prophètes lançaient contre elles les menaces divines : « Malheur à Nabo, disait Jérémie, xlviii, 1, parce qu’elle a été détruite et confuse ; Cariathaïm a été prise, » et plus loin, xlviii, 21-23 : « Le jugement est venu sur la plaine, sur Hélon…, sur Dibon, sur Nabo, sur Beth-Diblathaïm, sur Cariathaïm. » Enfin Ézéchiel, xxv, 9, nous montrant comment Dieu va « ouvrir le flanc de Moab », pour laisser passer l’ennemi, compte Cariathaïm parmi les villes qui sont « l’ornement de la terre ». Son nom se retrouve sur la stèle de Mésa (ligne 10), qui se vante de l’avoir rebâtie. Cf. Héron de Villefosse, Notice des monuments provenant de la Palestine et conservés au musée du. Louvre, Paris, 1879, p. 1, 3 ; F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., Paris, 1889, t. iv, p. 61. — Quelques auteurs identifient Cariathaïm de Moab avec Qiryat - Husôt, mentionnée par le texte hébreu dans l’histoire de Balaam. Num., xxii, 39. Voir

Cariath Husoth.

A. Legendre.

2. CARIATHAÏM (hébreu : Qiryâtaim ; Septante : f, K2pia9ïï[j.), ville de la tribu de Nephtliali, donnée aux Lévites, fils de Gerson. I Par., vi, 76. Elle n’est pas mentionnée dans la liste des possessions appartenant à la tribu, Jos., xix, 32-39. Dans l’énumération parallèle des cités lévitiques, Jos., xxi, 32, elle est appelée Carthan (hébreu : Qartàn, forme du duel comme Qiryâtaim). Elle est complètement inconnue. Voir Carthan.

A. Legendre.
    1. CARIATHARBE##

CARIATHARBE (hébreu : Qiryaf’Arba’, « ville d’Arba ; » Septante : 7t6).i ; ’ApSox, ttoàiç’Apyoë), nom primitif de la ville qui fut plus tard appelée Hébron. Tous les passages de l’Ecriture où est nommée Cariatharbé, à l’exception de II Esdr., xi, 25, l’identifient expressément avec Hébron, Gen., xxiii, 2 ; xxxv, 27 (dans ces deux endroits, la Vulgate ne l’appelle pas Cariatharbé, mais civilas Arbee, « la ville d’Arbé » ) ; Jos., xiv, 15 ; xv, 13, 54 ; xx, 7 ; xxi, 11 ; Jud., i, 10. Le nom d’Hébron ne supplanta pas complètement sa première appellation, puisque, après la captivité, Néhémie, II Esdr., xi, 25 (hébreu : Qiryat hà-’arba’), l’appelle simplement Cariatharbé. J. Maundeville, vers 1322, entendit encore appeler cette ville Karicarba par les Sarrasins, et Arbotha parles Juifs. Early Travels, Londres, p. 161. Voir Hébron et Arbé 1 et 2.

    1. CARIATHBAAL##

CARIATHBAAL (hébreu : Qiryat Ba’al, « ville de Baal, » probablement ainsi appelée parce que le dieu Baal y recevait un culte spécial ; Septante : KapiiB BioO.), nom ancien de la ville nommée ordinairement Carialhiarim. Dans les deux passages où elle est mentionnée. Jos., xv, 60 ; xviii, 14, il est dit expressément que c’est la même ville que Cariathiarim. Elle est aussi appelée, par abréviation, Baala, Jos., xv, 9, 10 ; I Par., xiii, 6 (hébreu), et Baalé de Juda, H Reg., vi, 2 (hébreu. Dans ce dernier passage, les Septante et la Vulgate ont traduit par « chefs ou hommes de Juda », au lieu de conserver le nom de ! a ville). Voir Cariathiarim et Baala 1.

    1. CARIATH HUSOTH##

CARIATH HUSOTH (hébreu : Qiryat husôt), ville moabite, Num., xxii, 39, dont le nom a été traduit par les Septante : rSi.u : iizi’j’i.tmv, et par la Vulgate par : urbs qux in extremis regni ejus (Balac) fmibus erat. Le mot è-a’jXei ; est celui par lequel les traducteurs grecs rendent ordinairement rv.-ï-, l}îisèrôt, <i village ; » ils ont donc lu cette expression au lieu de m™, husôt. Saint Jérôme a pris ce dernier terme dans le sens de « frontière, extrémité ». On explique ordinairement Qiryat husôt comme signifiant « ville des rues » (c’est-à-dire sans doute « ayant de belles rues ou des rues nombreuses » ), parce que hûs a, entre autres significations, celle de « rue ». Le Targuin